Chapitre 17

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La tête dans les fiches de révisions, je me concentre pour le dernier examen, qui est demain. C'est le plus important de tous, et le plus complexe: la grande présentation orale finale. Alors je m'entraîne à organiser toutes mes idées, même si je ne connaîtrais mon sujet que deux heures avant mon passage. J'ai donc deux heures pour préparer tout ce que je vais dire durant mon entretien. J'essaie d'apprendre le plus de choses, afin d'en réutiliser le plus possible. Je sursaute lorsque j'entends toquer fortement à ma porte. Qui peut bien venir ici à vingt-deux heure? Je retire mes lunettes de lecture, et me lève, afin d'aller ouvrir. Une fois à l'entrée, je déverrouille la porte, et l'ouvre. Je lâche un cri de surprise, ne m'attendant pas à tomber sur Nick, qui est appuyé, grâce à son bras, contre le mur à côté de ma porte. Il me dévisage des pieds à la tête, et je fais de même. Sans un mot, nous nous regardons. Il porte de simples baskets, comme à son habitude, un jean noir, un sweat-shirt kaki foncé, dont la capuche est mise, par-dessus une casquette noire. Ses yeux marrons ne me lâchent pas.

"Qu'est-ce que tu fais ici?
-Je suis venu te voir.
-Je ne suis pas disponible.

Je referme la porte, commençant à sentir des émotions trop diverses monter en moi. Cependant, Nick n'est pas de cet avis, et le démontre en bloquant la porte avec son pied.

-Ella...
-Laisse-moi!
-Écoute moi, on doit parler, et puis...
-Non! Tu ne comprends pas quoi dans "laisse-moi"!?
-"Laisse".
-Ce n'est pas le moment de faire de l'humour.
-Ella, arrête cinq minutes, et parlons.
-Je ne veux pas!

Dans un moment d'inadvertance, il arrive à se faufiler dans mon appartement, et à fermer la porte derrière lui.

-Il le faut.

Je recule à chaque pas qu'il fait vers moi.

-J'allais aller me coucher, tu tombe mal.

Son regard se perd dans le séjour, et un rictus prend possession de ses lèvres.

-Te coucher, dis-tu? demande t-il en pointant du menton mes cours.
-Me coucher ou réviser, cela revient au même, je suis occupée, tu tombe mal.
-Cela ne prendra pas longtemps. Mais on doit parler.
-Tu avais plus d'un mois pour venir parler! Et il faut que tu viennes aujourd'hui! Je n'y crois pas.
-Je sais, je suis désolé. J'ai longtemps réfléchi, je n'aurais jamaisréagir comme j'ai réagi.
-Tu reconnais tes tords, c'est déjà bien.
-Il paraît que c'est un pas vers le pardon.
-Il paraît. Écoute, je n'aurais pas dû te repousser comme je l'ai fait.
-Je comprend, ne t'en fais pas.
-Bien.

Je croise mes bras sous ma poitrine, attendant -peut-être- une suite à cette conversation. Et dire qu'au début j'étais énervée contre lui, et que je voulais plus entre parler de lui.

-Ne fais pas ça.
-Quoi donc?
-Ça.

Il pointe du doigt ma poitrine, alors je baisse le regard. Mon pauvre caraco ne cache pas grand chose, surtout avec les bras croisés. Immédiatement, je les baisse, et je sens une chaleur me monter aux joues.

-Je ne savais pas que...
-Tu rendrai fou n'importe quel homme.
-Je ne suis pas...
-J'aidéjà te le dire, mais lorsque tu parles, parfois ça gâche le moment.

Il sourit, et se dirige vers le canapé, où j'étais installée quelques minutes auparavant. Il s'assoit, et jette un coup d'oeil aux feuilles.

-Ne t'occupe pas de ça.
-Je sais que demain c'est le grand jour.
-Oui.
-Tu ne stresse pas trop?
-Je suis morte de trouille.

Je le regarde se lever. Il s'approche de moi, et finit par se planter devant moi.

-Je sais que tu en ai capable.
-Et si je ne trouvais pas mes mots? Si j'oubliais tout? Si...
-Si tu ne pensais pas à tout cela. Tu vas y aller, tu vas faire ce que tu as à faire, tu sortira, et quand tu aura les résultats, tu sera heureuse de voir que tu en as fini avec tout cela.
-Vivement que je puisse travailler, les cours et les révisions me fatiguent affreusement.
-Tu devrais aller te coucher, parfois, plus on s'occupe d'une chose, et plus on risque de s'y perdre.
-C'est vrai.
-Je vais te laisser alors. Repose-toi bien.

Je le rattrape par la manche de son haut. Il se retourne, fonçant les sourcils.

-Reste, s'il te plaît.
-Ce n'est pas que je n'en ai pas envie, bien au contraire. Mais, es-tu sûre?
-Oui. Je crois que sinon je n'arriverais pas à dormir.
-Dormir, avec toi? C'est bien ce que tu me propose?
-Oui. Et ne me fait pas changer d'avis.
-Dans le même lit?
-Oui, imbécile.
-Je préfère te voir comme ça, que comme Clémence et Peter t'ont décrit.

Il m'embrasse le front, ce qui a le don de me mettre en confiance, et de me faire sentir en sécurité. Je me dépêche d'aller verrouiller ma porte d'entrée à clé, de remettre de l'ordre dans mon salon, et j'emmène Nick avec moi dans ma chambre. Étant déjà en tenue de nuit, je n'ai pas besoin de me changer. Je lance un regard à Nick, qui semble plus à l'aise que moi, puisqu'il retire avec aisance son jean. Je détourne le regard, ne voulant ni pas paraître perverse, ni lui faire croire des choses que je ne pense pas.

-Tu es le premier garçon qui entre dans cette chambre.
-Tu as emménagé il y a peu, c'est normal. Et en plus tu es seule.
-Merci de me rappeler que ma vie sentimentale est un désastre.
-Mais non, puisque je suis là.
-Elle est peut-être devenue encore plus désastreuse, soudainement.
-Méchante.

Je lâche un ricanement, avant de m'installer sous la couverture. La fatigue me donne horriblement froid. Nick vient à son tour dans le lit, et m'attire contre lui, pour que je me retrouve à moitié allongée sur son torse. Dieu soit loué, il a laissé son tee-shirt. Je m'enfonce encore plus dans ses bras, reniflant son enivrant parfum. Je me sens -pour la première fois depuis des années- en sécurité, protégée et importante avec et pour quelqu'un.

-Tu te rappelles de l'histoire que je t'avais raconté sur mon père?
-Lorsque tu l'avais serré dans tes bras?
-Oui. Tu te rappelles de ce que tu m'as répondu?
-Je t'ai demandé de me serrer comme tu l'avais serré ce jour ci.
-J'ai une requête.
-Dis-moi.
-Prends moi dans tes bras comme je t'ai pris dans les miens ce soir-là.
-Tout ce que tu voudras, ma belle."

Il dépose une nouvelle fois ses lèvres contre mon front, m'arrachant un sourire qu'il ne peut voir, mais qu'il doit sûrement deviner puisqu'il m'en rend un second, et qu'il commence à caresser d'un geste délicat mes cheveux.

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant