Chapitre 12

16 2 0
                                    

En compagnie -toujours- de Nick, je monte les escaliers qui mènent à mon appartement. À Mississauga, j'ai -je dois bien l'avouer- passé une magnifique journée. J'ai beaucoup ris, et parler avec Nick est très enrichissant. Cet homme peut tenir autant une conversation idiote, qu'une conversation profonde. Je lui ai parlé de mes cours, et pour une fois, je me suis sentie écoutée. Il était investi, je l'ai senti et vu. Il semblait réellement intéressé, à me dire ce qu'il ne comprenait pas, et à donner sa vision des choses. Il a de la culture, alors lorsque je parle de littérature européenne, il me comprend. Je n'ai jamais parlé ainsi, ni avec mes parents, ni avec mes amis, ni avec mes camarades à l'université. Je sens soudainement une pointe s'enfoncer dans le creux de mes reins. Je me retourne vivement, surprise. Nick me regarde avant de rire. Je lui tape sur sa main, amusée aussi. Il s'amuse à me planter avec son doigt, et c'est lui le plus âgé des deux. Nous arrivons devant ma porte et je fouille dans mon sac à la recherche de mes clés. J'entends parler, à l'étage du dessus. Je regarde Nick et en un regard, je comprend qu'il a aussi entendu. Nous ne parlons pas et ne bougeons pas. Les voix s'arrêtent et des pas descendent les escaliers. Nous les fixons, curieux de savoir qui était chez Peter. Après de longues secondes interminables, une silhouette familière s'offre à nous.

"Nick? s'interroge t-elle.
-Clémence?

Nick nous regarde une à une, sans un mot.

-Qu'est-ce que vous faites ici?
-J'habite ici. Et toi? Qu'est-ce que tu faisais chez Peter?
-Je...
-Clémence?

Un sourire niait prend possession de ses lèvres. Elle divague là!

-Il m'a invité.
-Oh! j'espère que vous avez passé un bon moment, je l'aime bien, il est gentil et drôle.
-Oui, moi aussi je l'aime bien. Et qu'est-ce que Nick fait avec toi?
-Je l'ai invité.
-Je vais vous laisser alors. J'ai des courses à faire de toute façon.
-Bye, salue Nick.
-À lundi.
lundi, bisous."

Elle descend à grande vitesse les escaliers. Je regarde Nick qui me fixe d'un drôle d'oeil. J'hausse les épaules, ne sachant quoi faire d'autre. Je trouve enfin les clés, ouvre la porte et nous entrons. Je me dirige directement au séjour et dépose mon sac sur le canapé. Nick me rejoint s'installe dans ce dernier. Je retire ma veste et la pose avec mon sac. Je vais à la cuisine nous prendre de quoi s'hydrater: bière pour monsieur, eau plage pour moi. De retour dans la partie salon, je m'assois à côté de Nick, lui tendant se boisson. Il la prend tandis que je replis un peu mes jambes pour retirer mes chaussures. Je m'installe alors plus confortablement et bois une gorgée de mon eau.

"Ils couchent ensemble.

Je manque de recracher tout ce qui se trouve dans ma bouche. Qu'est-ce qu'il dit lui encore?!

-Qui?
-Ton amie et Peter.
-Clémence? Et Peter?
-Qui d'autre?
-En réfléchissant, c'est vrai. À la soirée ils étaient plus que proches, et d'ailleurs, j'ai même cru qu'ils allaient se sauter dessus devant moi!
-Tu vois.
-Mais ils seraient ensemble, tu crois?
-Je ne pense pas.
-Pourquoi?
-Réfléchis, ils se connaissent depuis une semaine.
-J'ai vu Clémence se mettre avec des hommes après trois heures, cela ne me choquerait pas.
-Pas Peter. C'est que pour le sexe.
-On va arrêter de parler de la sexualité d'une de mes meilleures amies, je risque de faire des cauchemars.
-Petite nature.

Je lui lance des éclairs, et lui tape dans les jambes, pour les faire quitter ma table basse.

-Tu n'es pas chez toi, retire tes pieds.
-Je pensais que je devais faire comme chez moi.
-Je ne t'ai pas dit ça.
-Je me permets quand même.
-Imbécile.
-C'est toujours rangé au millimètre près?

Il pointe du menton ma bibliothèque parfaitement bien rangée, ainsi que mes étagères épurées.

-Oui.
-C'est flippant.
-On appelle ça être "maniaque du contrôle". 
-Ta personnalité se retranscrit vraiment dans ton appartement.
-J'ai hâte de voir le tien!
-Tu lance toujours des piques ou il t'arrive de donner des compliments.
-Je sais complimenter.
-J'en doute.
-Je te dis que je sais complimenter!
-Alors complimente moi.
-Je n'ai pas besoin de faire mes preuves.
-Donc tu ne sais pas avoir un mot gentil à l'égard de quelqu'un.
-Si!
-Donne-moi des preuves.

Je le dévisage un long moment, je ne vais pas lui dire que son pantalon de survêtement est beau, c'est faux!

-Tu es plutôt mignon.

Il semble surpri de mon compliment, et cherche dans mes yeux sûrement une lueur de plaisanterie. Mais pourtant il n'y en a pas.

-Tu es sérieuse, c'est ça le pire.
-Je ne dis que la vérité. Comparée à toi, je sais me montrer gentille et sincère.
-Tu pense ce que tu dis?
-Bien sûr.

Il se redresse et pose sa bière sur la table. Il me fixe, quelques secondes, puis se penche vers moi. Voulant garder mes distances, je me recule le plus que je peux. Mon dos rencontre trop vite le canapé, me déstabilisant complètement. Il se retrouve au-dessus de moi, le visage à quelques centimètres du mien. Il regarde étrangement mon cou. Je vois sa main se lever et venir vers moi. Finalement, les bouts de ses doigts caressent ma clavicule un peu dévêtue. J'avale difficilement ma salive. Qu'est-ce qu'il fait? Et pourquoi je réagis comme ça?

-Tu n'imagine pas à quel point ta peau appelle à être touchée et embrassée.
-Nick...

Il se lève, soudainement, créant un vide autour de moi.

-On se verra bientôt. Repose-toi bien."

Il récupère sa casquette et disparaît dans le couloir de l'entrée. J'entends la porte se claquer, et je relâche ma respiration. C'était bizarre. Je me redresse lentement. Je pose mes yeux sur sa bière, à peine entamée. Je viens de passer la journée la plus palpitante, la plus rythmé et la plus étrange de ma vie. Je passe le bout de mes doigts sur ma clavicule, là où Nick m'a caressé. Bizarre...

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant