Chapitre 25

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Je regarde Coraline verser ses plus grosses larmes depuis cinq minutes, répétant que ses parents seront fières d'elle. Clémence se moque gentiment d'elle, lui rappelant que sa réaction est disproportionnée. Je leur dis que je vais m'isoler dans la chambre, pour appeler mes parents, prétextant être trop impatiente pour leur dire. J'emprunte le couloir et ferme derrière moi la porte. À vrai dire, j'avais besoin de rester seule, ne pensent qu'à l'entrevue que j'ai eu avec Nick. Je ne pense ni à mes résultats, ni à mes parents, seulement à sa voix inhabituellement rauque et cassée. Pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne me parler, surtout pour me complimenter comme il l'a fait. Il connaît les femmes, et sait comment s'y prendre avec elles. Je contourne le lit pour m'asseoir sur le rebord. Je prends ma tête entre mes mains, cherchant à chasser son visage, son corps, sa voix, de mon esprit. La porte s'ouvre lentement, et se referme. Je me retourne un peu, et me lève violemment en voyant Nick, les yeux braqués sur moi. Je recule d'un pas, lui montrant que je veux garder une distance entre nous. Il m'analyse, puis se ravise de parler. Je le détaille à mon tour. J'ai peine à voir qu'il semble touché par quelque chose, lisant la tristesse, et même le désespoir dans ses prunelles.

"Félicitations.
-Pour?
-Les examens. Tu as eu les meilleurs notes.
-Ah! oui, merci.
-De rien.

J'esquisse un léger sourire, ne sachant quoi faire, ni quoi dire. Je baisse le regard, mal à l'aise.

-Sinon...
-Il faut qu'on parle, Ella.
-Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment, ni le bon endroit.
-Alors allons ailleurs.
-Peter a dû te dire que je ne voulais plus rien avoir à faire avec toi.
-Je m'en fous de ce que Peter me transmets.
-C'est ton problème.
-Écoute, je veux parler. J'ai besoin de parler avec toi.
-Laisse-moi, ça ne rime à rien tout cela. Tu le sais.
-Non, je ne te laisserai pas. Et non, je ne sais pas.
-Tu cherche à sauver ta réputation, c'est tout! Tu t'en moque royalement de moi! Arrête de faire semblant, au moins maintenant.
-Je ne fais pas semblant, Ella!
-Fais ta vie sans moi! Ça ne t'a pas suffit de me faire du mal, il faut que tu m'en fasse plus encore?
-Je t'en pris, viens avec moi, on va aller parler de tout cela ailleurs.
-Non! Je ne veux plus t'entendre! Ni toi! Ni tes mensonges! Ni tes fausses excuses!

La porte s'ouvre d'un seul coup, me faisant sursauter, et faisant se retourner Nick. Clémence et Coraline se présentent à nous.

-C'est quoi ce raffut? demande Clémence.
-On parle.
-On vous entend du séjour, informe Coraline.
-C'est quoi le problème?
-Il veut que je le suive, pour qu'on puisse discuter.
-Et où est le problème? Suis le.
-Je ne veux pas l'entendre déblatérer tout un tas de débilité juste pour pouvoir finir ce qu'il a commencé.
-Tu viendrais avec moi pour parler plus au calme, tu saurais ce que je veux te dire. Tu dis n'importe quoi, Ella.

Coraline lui fait signe de se taire, alors que Clémence s'avance vers moi. Elle pose ses mains sur mes épaules et me regarde droit dans les yeux.

-Vas avec lui. Je crois qu'il a des choses à te dire. Ne fuis pas, arrête de partir dès que tu souffre. Bats toi, pour la première fois de ta vie, bats toi même si tu as mal. Et tais-toi. Par pitié, tais-toi, tais-toi et suis le."

Je regarde Nick nous observer le regard désespéré. Je lance un coup d'oeil à Clémence et hoche finalement légèrement la tête, en signe de résignation.

¤¤¤¤¤

Nick m'ouvre la porte de chez lui, et je rentre sans le regarder. Je vais directement m'installe sur le canapé, croisant les bras. Il arrive après un moment et me dévisage. Il reste debout, sans bouger. Je le regarde, fronçant les sourcils.

"Tu m'as fait venir pour quoi, si tu ne me parle pas?
-Tu veux boire quelque chose?
-Non. Merci quand même.

Un silence prend possession de la pièce. Je n'aurais pas dû venir, mais pourtant, une partie de moi est heureuse d'être ici. Et par pitié, qu'il arrête de me regarder comme il le fait! J'ai l'impression d'être quelque chose de non humain.

-Je crois que je te dois des explications.
-Je suis ici pour ça.

Il s'avance et vient s'asseoir sur la table basse, face à moi.

-J'ai parié, oui. J'ai parié que j'arriverai à te mettre dans mon lit, c'est vrai. C'était quand tu était venue avec Peter au studio, la première fois. Je ne te connaissais pas. Alors je m'en foutais un peu. Mais le problème, c'est que plus le temps passais, plus je te trouvais incroyable. Je culpabilisais, d'avoir fait ce pari. Je l'ai même oublié. C'est Clémence qui me l'a rappelé, lorsque tu es partie.
-Je n'étais qu'une distraction pour toi, un pari que tu voulais impérativement gagner.
-Au début. Mais dès que nous avons parlé sur ce balcon, j'ai su que ce pari idiot était mal.
-Et les sentiments? Ils n'étaient pas important? Surtout après tout ce que je t'ai raconté sur mon passé?
-J'y ai pensé sans cesse. Je te le promets. Tiens, lis ça à voix haute.

Il sort de sa poche une feuille pliée en quatre. Je la prend et la déplie.

-Quand j'la vois c'est l'amour passionel
Quand j'ai touche c'est la passion charnelle
Et j'le dis bien fort "il n'y a qu'elle"
Ses cheveux au parfum de cannelle
Toujours en retard
J'évite de rentrer trop tard
Lors des disputes j'esquive son regard
D'après elle j'suis qu'un gros connard
Tout ce que j'veux c'est goûter à ses lèvres charnues
Je pose parfois maladroitement mes mains sur son corps nu
J'dois pas succomber mais souvent j'me sens nul
Et le pire, c'est qu'elle aimerait m'égorger à mains nues
J'l'ai trop souvent blessé
Trop souvent j'l'ai délaissé
Elle pensait que j'm'amusais
La vérité c'est qu'j'étais terrifié
J'avais peur de mes sentiments
Elle prenait toujours des gants
Même pour me dire qu'j'étais méchant
Pourtant j'me passe pas d'son parfum enivrant
On s'cachait comme de jeunes ados
On riait jusqu'à avoir mal aux abdo
Les jours de pluie j'observais le ruissellement de l'eau
Qui illuminait et rougissait sa peau
Ses cheveux rebelles j'les r'place
En amour j'suis pas un as
Au près d'elle j'n'ai pas ma place
C'est une femme beaucoup trop classe..."

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant