Chapitre 9

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Je regarde Clémence et Peter papoter, en se dévorant mutuellement des yeux. Autant j'aime les chandelles, mais la tenir, cela ne m'enchante pas. Mes yeux dérivent sur les personnes encore présentes. Mike parle avec Jean-Marc, Charlène et Céline. Les deux couples ensemble, cela paraît logique. Et puis, ils sont toujours fourrés à quatre ceux-là. Je cherche Cornaline, et la trouve en grande discussion avec Pascal, le garde du corps du groupe. Je n'ai jamais vu mon amie aussi heureuse. Depuis sa rupture l'an passé avec ce dénommé Louis, elle avait plus que perdu espoir, elle avait perdu confiance en elle. Il faut dire qu'elle a toujours été complexé par son poids -que je ne trouve pas être un problème, puisqu'elle est sublime telle qu'elle est-, et que ce Louis s'est avéré être le roi des salops en jouant avec ses faiblesses et des complexes. Je suis heureuse de voir tous mes amis l'être. Mon regard se pose sur Henry et Nick. Ils sont assis sur le canapé blanc de Clémence, mais ne se parlent pas. Nick fixe la table, et Henry pianote sur son portable. Ils ne semblent pas réellement s'amuser, ce qui me chiffonne quelque peu. N'en pouvant plus d'entendre la discussion des tourtereaux à côté de moi, je regarde l'heure sur ma montre. Je suis surprise de voir qu'il est deux heures et demi du matin. Je me tourne vers Clémence, le regard désolé.

"Clémence, je vais y aller, je...
-Déjà!?
-Je suis fatiguée, vraiment, la semaine a été dur.
-Tu comptes prendre ta voiture? me demande Peter.
-Bien sûr que non, j'ai bu, et puis je ne l'ai pas prise. Je vais rentrer à pieds, et si je trouve un transport, je le prendrais.
-Seule!? s'égosille Clémence.
-Non, avec un dauphin. Bien sûr, seule!
-C'est dangereux!
-N'oublie pas que je suis entraînée pour me défendre. Je vous laisse, je vais embrasser les autres. À lundi. Au revoir monsieur Black.
-À lundi, me lance Clémence.
-Au revoir, mademoiselle."

Je tourne les talons et rejoins Coraline. Je lui dis au revoir, et me dirige ensuite vers Céline et les autres. Je leur fais à chacun la bise et les salue, leur souhaitant une bonne fin de soirée, et une bonne nuit. Je récupère dans la salle de bains mon sac avec mes vêtements d'aujourd'hui -enfin, d'hier. Je retourne à l'entrée. Je prends mon sac à main, ainsi que mon sac de cours. Je sors de l'appartement, fermant comme je le peux la porte. Je demande l'ascenseur, ne pouvant descendre les escaliers, et étant fatiguée. Je rentre dedans et appuie sur le bouton 0. Une fois au rez-de-chaussée, je sors de l'immeuble. Si mes calculs sont bons, dans vingt minutes je suis chez moi. Je commence mon chemin, ne pensant qu'à mon sommeil proche. Je devrais ralentir sur les fêtes, deux en l'espace d'une semaine, ça fait beaucoup. Et puis les derniers partiels sont dans deux mois, il faut que je me concentre dessus. Un frisson me parcourt le dos, lorsque je sens une présence quelques mètres plus loin derrière moi. Comme mon père m'a appris :"si tu sens que tu es suivie, fais en sorte qu'il te perde de vue, sans paniquer et sans lui faire comprendre que tu sais qu'il est là". Je prends la première rue qui vient à gauche. Je presse légèrement le pas. Cependant, je sens toujours la présence dans mon dos, et elle semble même plus proche. Je traverse la rue, et tourne dans une rue à droite -même si ça ressemble plus à une ruelle vu la largeur étroite de celle-ci. Je me stoppe net, ne voyant pas d'ouverture à la fin de cette rue. Sérieusement? Il a fallu que j'emprunte le seul cul-de-sac de la ville! Je suis bloquée, alors qu'un fou furieur me suis depuis quelques minutes. Je me retourne, le sentant s'approcher. Je n'arrive pas réellement à distinguer qui il est dans l'obscurité. Cependant, je remarque qu'il me dépasse d'une petite tête, qu'il porte une casquette, et qu'il a les mains dans les poches. Le voyant continuer à avancer, je me recule d'un pas.

"Ne m'approchez pas. Je ne sais pas qui vous êtes, ni ce que vous me voulez, mais sachez que je ne vous donnerai pas ce que vous cherchez. Et si vous tentez quoi que soit, je vous le ferai payer. Je sais me battre!

La ruelle se remplit d'un petit silence glaçant et horrifiant. Puis, le rire de l'homme y résonne. Il ose ricaner!

-Je n'en doute pas Ella, mais je ne compte pas me battre avec toi.
-Nick!? Quel crétin! Vous m'avez fait la frayeur de ma vie! Imbécile!
-Vous m'avez fait la frayeur de ma vie, j'ai eu si peur de vos menaces, j'allais appeler à l'aide.
-C'est ça, moquez vous. Mais je sais réellement me battre.
-Je n'en doute pas, je te l'ai dit.
-Et cessez de me tutoyer.
-Et toi, cesse de me vouvoyer.
-Vous m'exaspèrez.
-J'en suis ravi.
-Et que faites-vous ici, à me suivre tel un pervers?
-Je me suis dis qu'il te fallait un garde du corps, pour te raccompagner.
-Ce n'est pas la peine de vous déranger.
-Maintenant que je suis ici, je ne vais pas faire demi-tour. Donne-moi tes sacs.
-Je peux me débrouiller.
-Tu es chargée comme un âne, et en plus tu es quand même bien saoule. Tes talons ne t'aideront pas, je t'ai vu marcher.
-Je n'ai pas le choix...

Je soupire et il vient prendre mon sac d'habits et mon sac de cours.

-Ça pèse une tonne!
-Ce sont mes cours.
-Tu as encore seize ans? ricane t-il.
-Je suis à l'université. Imbécile.

Nous sortons de la ruelle, et prenons le chemin jusqu'à chez moi.

-Tu fais quoi à l'université?
-Dernière année en psychologie. Plus que deux mois, et je serais libre. Du moins, si je réussis l'examen final.
-Tu veux faire quoi comme métier?
-Psychologue.
-Donc tu en connais un rayon sur les pensées de l'homme.
-J'interprète les pensées et les comportements. Je cherche à rendre heureux les gens et les aide à aller mieux.
-Je trouve ça cool."

Je lui souris, trouvant se "compliment" gentil. Il sourit simplement en coin, et se concentre sur mes pas, surveillant sûrement que je ne trébuche pas ou autre. Il peut être intentionné et gentil, lorsqu'il le souhaite.

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant