Chapitre 16

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C'est quelque peu attristée et en colère, aussi, que je monte dans ma voiture, en claquant violemment la portière. Il faudra m'expliquer quelle était cette "discussion". Elle avait toutes les caractéristiques d'une dispute. Mais si l'on se dispute sans être ensemble, c'est déjà un gros problème. Et puis, sa réaction était disproportionnée! Je ne lui ai pas dit que je ne voulais absolument pas, je lui ai demandé d'attendre un peu. Si pour lui me laisser du temps est si impossible et problématique, alors pourquoi devrai-je accepter de commencer une histoire avec lui. De toute façon, son comportement de faux badboy ne me plaît absolument pas, ainsi que sa façon de m'ignorer et de revenir peu après qui m'horripile fortement. Je dois me concentrer sur le plus important, et ne pas quitter cet objectif. Je vois enfin le bout du chemin, ce n'est pas pour emprunter une route adjacente dont je ne connais rien, pas même la fin. C'est déçue que je démarre. Je m'engage dans la circulation. Après une trentaine de minutes, dont la moitié passées dans les embouteillages, j'arrive en bas de mon immeuble. Je me gare, et sors. Je fais le tour et ouvre la portière droite arrière pour récupérer mon sac de cours, ainsi que les autres affaires qui ne rentraient pas à l'intérieur. Je calque la portière et verrouillé mon véhicule avant de rentrer dans l'immeuble. En entendant parler dans la cage d'escalier, ainsi que des pas, je relève la tête, et mes yeux tombent sur Peter et Clémence. Moi qui voulais éviter de croiser quelqu'un... Mon amie me fixe, et Peter m'observe attentivement.

"Tu étais où? me demande soudainement Clémence.
-Nul part.
-Nous n'avons pas vu ta voiture hier lorsque nous sommes sortis, ni ce matin en revenant. Et le fait que tu porte les mêmes habits qu'hier me font déduire que tu n'as pas passé la nuit chez toi.
-Je suis en âge de faire ce que bon me semble.
-Ella... Quelque chose ne va pas?
-Tout va parfaitement bien. Tout a toujours été ainsi, et ça le sera encore pour longtemps.

Elle descend les quelques marches restantes, sous le regard interrogatif de Peter. Elle plante son regard terrifiant dans le mien. Il faut savoir une chose sur Clémence: lorsqu'elle veut connaître quelque chose, électricité arrive toujours à ses fins.

-Dis-moi.

Ma vision se trouble. Je sais que je devais passer par là, mais c'est trop récent. Malheureusement, je ne peux retenir les larmes plus longtemps, et fond en sanglots. Elle me prend immédiatement dans ses bras, et une main se pose sur mon épaule, me démontrant du soutien.

-Que c'est-il passé? questionne Peter.
-J'ai passé ma nuit chez Nick. Et...
-Nick! s'exclame Peter.
-La nuit? Chez Nick? Ce sont deux mots qui ne vont pas ensemble.
-Oui...
-Il a essayé de...?
-Non, il a juste voulu m'embrasser.
-Qu'est-ce qui c'est passé?
-Je lui ai dit que je ne pouvais pas, pas maintenant. Alors on s'est disputés, et il m'a dit qu'il valait mieux que je parte de chez lui.
-Alors tu es partie.
-Oui...

Mes sanglots redoublent, lorsque je me rend compte que j'ai baissé trop vite les bras.

-Ne pleure pas Ella. Tu sais que je déteste te voir comme ça.
-Je n'arrive pas à arrêter.
-Je vais aller le voir, nous prévient Peter, avant de sortir de l'immeuble.
-Viens avec moi, on va aller te faire boire un verre d'eau."

J'acquiesce de la tête, tandis qu'elle me prend mes affaires des bras. Nous montons les escaliers, sans grande conviction pour ma part. J'aimerai juste oublier cette histoire. Clémence sait que je ne supporte pas les disputes, puisqu'elles me mettent dans un état de stresse, de réflexion et de culpabilité intense. Elle ouvre la porte de l'appartement, me laissant entrer. Je me dirige instinctivement vers ma chambre, où je m'effondre sur le lit. Clémence revient avec un verre d'eau que je bois d'une traite. Elle s'assoit sur mon lit, et je m'allonge confortablement sur elle. Sa main s'amuse dans ma chevelure, me relaxant.

"Comment te sens-tu?
-J'ai seulement l'impression d'avoir gâché quelque chose. Et tu sais comme je déteste les disputes.
-Oui, je sais. N'y pense plus, repose-toi, et concentre toi sur les examens.
-C'est ce que j'avais prévu de faire.
-Repose-toi, maintenant."

Je ferme les yeux, étant plus paisible. Ma respiration et les battements de mon coeur se stabilisent, me permettant de m'endormir rapidement.

¤¤¤¤¤

C'est avec une migraine terrible que je me réveille. Je me redresse dans mon lit, seule. Je porte mes mains sur mes tempes pour me les masser. Un cachet ne serait pas de refus. Mon regard divague dans la pièce et se pose sur l'horloge. Dix-sept heures quatorze! J'ai perdu une journée entière à dormir. Je me lève, et me dirige vers le séjour. Deux voix se font entendre, et je distingue celle de Clémence, et celle de Peter. Sans faire de bruit, je m'avance, et tend l'oreille.

"Il a mal réagit, lance Clémence.
-C'est vrai. Mais pourquoi elle refuse s'il lui plaît? demande Peter.
-C'est Ella. Elle a toujours voulu tout contrôler, tout gérer, pas d'imprévus. Même lorsque l'on était petites.
-Il faut qu'elle se lâche un peu.
-Je m'inquiète. J'ai peur qu'elle commence à s'attacher à Nick, se confie Clémence.
-Comment veux-tu qu'elle vive sa vie si vous la sur-protégez?
-Personne ne la sur-protége.
-Personne ne s'occupe d'elle. Nick est le seul à s'intéresser à elle. Elle lui a dit.

Il a osé répéter tout ce que je lui ai confié! Quel salop! Énervée de leur conversation, je m'aventure dans le séjour. Ils me regardent tous les deux avant de se jeter un coup d'oeil.

-Ça va mieux?
-Je vais très bien, merci Clémence.
-Tu es sûre?
-Oui. Je m'en fiche complètement de lui.
-Ça ne risque pas de lui faire plaisir, rit Peter.
-Tant pis pour lui.
-Tu vas faire quoi, maintenant?
-Réviser.
-On va te laisser alors, informe Peter.
-Ça ne te dérange pas?
-Non, allez-y. Je ne vais pas vous empêcher de faire votre vie. Et puis je vais très bien.
-D'accord. Repose-toi bien.
-Bonne soirée à vous deux.
-Bonne soirée, Ella, me salue Peter."

Je les regarde partir, puis souffle de soulagement en entendant la porte claquer. Je vais être enfin seule avec moi-même, et je n'aurais personne sur le dos.

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant