Je regarde mes amies un instant, qui semble durer plusieurs minutes. Je finis par m'avancer vers elles et m'agenouiller près de Coraline.
"Qu'est-ce que tu as encore fait!?
-On dansait avec Clémence, et puis j'ai senti ma cheville partir. Je me suis retrouvée au sol, je n'ai rien vu venir.
-As-tu mal?
-Bah oui! Sinon je me serais relevée.
-On va t'emmener aux urgences.
-Tu compte me porter avec tes petites bras Ella? Ne dis pas n'importe quoi! Et même si tu t'y mets avec Clémence, vous n'y arriverez pas.
-On peut toujours...
-Je vais la porter, si c'est cela qui dérange.Nous nous retournons toutes les trois dans la direction d'où vient la voix. Mon voisin est à côté de l'homme qui nous a proposé son aide. Un grand homme, qui semble plutôt bien musclé.
-Tu le laisse te porter jusqu'à ma voiture?
-Mais bien sûr! Je ne vais pas rester ici alors que j'ai une cheville en compote!Je laisse le grand homme s'occuper de Coraline, tandis que je me relève.
-Je vous accompagne, me dit Peter.
-Ne vous dérangez pas, c'est votre soirée.
-Et c'est chez moi qu'elle s'est blessée. Et vous êtes alcoolisées, il faut quelqu'un pour conduire.
-Mais...
-Il n'y a pas de "mais", et dépêchons nous, elle a besoin d'anti-douleur.
-Bien..."Nous nous dépêchons de sortir de l'appartement, et le dénommé Pascal prend soin de ne pas descendre trop vite les escaliers pour ne pas tomber. Une fois dans la rue, nous rejoignons ma voiture, et je donne les clés à mon voisin. Je monte du côté passager à l'avant, et laisse Clémence s'occuper de Coraline à l'arrière. La voiture démarre et s'engage dans la circulation torontoise. Nous essayons de rassurer Coraline, qui commence quelque peu à paniquer, pensant qu'on va devoir lui couper le pied. L'alcool ne l'aide pas vraiment à avoir les idées claires. Mon véhicule se gare devant les urgences et Peter aide Coraline à sortir. Il nous dit qu'il nous rejoindra lorsqu'il aura trouvé une place pour se garer. Nous rentrons aux urgences et Clémence s'occupe de prévenir l'accueil, alors que j'emmène Coraline s'asseoir sur un des fauteuils à disposition. Clémence revient et nous attendons que quelqu'un vienne à nous. Heureusement pour nous, les urgences sont calmes et peu remplies ce soir. Après à peine quelques minutes, une infirmière nous rejoint et demande à mon amie de la suivre. Clémence me dit qu'elle y va avec elle, et elles me laissent dans la salle d'attente. Je regarde l'heure sur mon portable et souffle en voyant qu'il est une heure du matin. Je le range dans ma pochette, que je pose sur le fauteuil à côté du mien. Je ferme un instant les yeux, cherchant du repos.
"Vous semblez fatiguée.
J'ouvre promptement les yeux, en sursaut. Je souris faiblement à Peter, qui vient s'asseoir à côté de moi.
-Un peu, oui. Je suis désolée pour votre soirée.
-Elle ne me plaisait pas tant que cela. Vous la rendez plus vivante toutes les trois.
-Je suis sûre qu'elles seront heureuses de ce compliment.
-Et vous? Heureuse de ce compliment?
-Satisfaite, serait plus adapté.
-Nous n'avons pas pu finir notre conversation tout à l'heure.
-Commencer. Nous n'avons rien commencé.
-Vous jouez sur les mots.
-C'est le jeu le moins dangereux.
-Vous avez raison.
-J'espère que nous sortirons le plus tôt possible. J'ai envie de retrouver mon lit.
-Vous pouvez vous reposer un peu.
-Merci."Je m'installe un peu plus confortablement dans le fauteuil et ferme les yeux. Je sens les battements de mon coeur se régulariser, ainsi que ma respiration. Juste avant de tomber dans les bras de Morphée, je sens qu'on me pose quelques choses sur le corps, et que cette chose me réchauffe.
¤¤¤¤¤
Une grosse masse s'effondre sur mon corps, m'arrachant un râle d'énervement. Les cris stridents que procurent une autre masse à côté de moi me font ouvrir les yeux. Clémence est allongée sur Coraline qui est cachée dans les couvertures. Mais, qu'est-ce qu'on fait dans mon lit alors qu'on était aux urgences? Je me redresse, me réveillant un peu plus. Mes deux amies papotent, déjà bien réveillées et enthousiastes. Je les regarde un long moment, cherchant à comprendre, d'une part, leur conversation sur les brocolis, et d'autre part, comment j'ai fini ici. Les filles se lèvent pour aller prendre le petit-déjeuner. Mon regard se pose sur Coraline qui récupère des béquilles, et sur le plâtre qui entoure le bas de sa jambe. Je ne dis tout de même rien et les suis jusqu'à la cuisine, où je me sers un verre de jus. Les filles prennent quand à elles des cafés. Je m'installe sur une des chaises hautes du bar-comptoir qui sépare la cuisine du séjour."J'ai besoin d'explication les filles. Tout d'abord, Coraline! Tu as un plâtre!
-Oui, il s'est avéré que je me suis fracturée je ne sais plus quoi à la cheville.
-Oh! Tu n'as pas trop mal?
-Non, ça va, merci.
-Et comment ce fait-il que je me sois réveillée ici alors que je me suis endormie aux urgences?
-Lorsqu'ils en avaient fini avec Coraline, commence Clémence, et que nous t'avons rejoint en salle d'attente, tu dormais sur Peter. Il n'a pas voulu te réveiller alors il t'a porté jusqu'à la voiture, et t'a monté jusqu'à ta chambre. Je me suis ensuite occupée de vous deux, telle une maman.
-Vous auriez dû me réveiller!
-On a voulu, mais Peter nous a empêché! se défend Coraline.
-J'irai le remercier et m'excuser, encore.
-Je pense qu'aujourd'hui ça ne sera pas possible.Je regarde Clémence, qui est concentrée sur son portable, en fonçant les sourcils.
-Pourquoi?
-Mike a besoin de toi et de tes talents de chauffeur. Sa voiture est tombée en panne, il est bloqué sur la route.Mike est un ami de longue date des filles et moi. Nous l'avons connu au college, lors de notre première année. Il est le roi incontesté de l'humour, et en a même fait son métier.
-Il voulait aller où?
-Il voulait revenir, à vrai dire.
-Alors il revient d'où?
-Montréal.
-Quoi? Mais qu'est-ce qu'il est allé faire là-bas?
-Travail.
-Je vais m'habiller et on y va.
-Il est sur la route vers Smith's Falls.
-Qu'est-ce qu'on ne ferait pas par amitié, moi je vous le dis!
-On t'attend en bas?
-Oui, j'arrive."Je souffle en voyant qu'elles sont déjà habillées, ce que je ne comprends pas vraiment. Je me dépêche d'aller dans ma chambre enfiler une robe fluide jaune. Je chausse mes scandales à talons noires et fourre tout ce dont j'ai besoin dans mon sac à main. Je ferme ma porte à clé et dévale les escaliers à grande allure, ne voulant pas laisser sur le bas-côté de la route mon ami du collège.
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Pari risqué
RomanceL'être humain aime jouer. Le jeu fait parti de la vie, mais aussi des pires vices de l'homme. Certains savent s'arrêter à temps, d'autres n'ont pas de limites. Ella John va malheureusement en connaître les frais, alors qu'elle n'est pas joueuse. M...