Pari risqué

Chapitre 21

Des milliers de baisers s'écrasent sur mon visage, m'arrachant des gloussements. J'ouvre finalement les yeux, pour croiser le regard marron de Nick. Je prends son visage entre mes mains pour l'empêcher de m'en donner d'autres. Je dépose mes lèvres rapidement sur les siennes, mais il se dégage de mon emprise pour continuer ce qu'il faisait. Je ris aux éclats, heureuse de ce merveilleux réveil. Il finit par me relâcher, et je me redresse.

"Bonjour, toi.
-Bonjour.
-Bien dormi?
-Même le réveil était génial!

Il se penche pour capturer brièvement mes lèvres.

-J'ai préparé le petit-déjeuner, tu me rejoins?
-J'arrive.

Il se lève du lit, puis sort de la chambre. Je m'étire, et me redresse. Je retire les draps, et attrape un élastique sur la table de chevet pour m'attacher rapidement les cheveux. Je me lève, sors de la chambre. Je rejoins Nick à la cuisine, où une délicieuse odeur de pain grillé m'envahit les narines. Mes yeux se posent sur des tartines déjà beurrées, la tasse posée à côté, ainsi que le pot de confiture à la fraise. Je le tourne vers Nick qui boit tranquillement son café.

-Ça te va? Je peux te faire un petit-déjeuner anglais si tu préfère.
-Je t'aime!

Je lui embrasse la joue, en souriant, et il me fixe, ne s'attendant pas à une telle déclaration pourtant si sincère. Il m'embrasse le front pour toute réponse, puis je croque avec envie dans ma tartine de beurre. Il me regarde d'un drôle d'oeil. Je vois bien qu'il doit me dire quelque chose, mais qu'il le garde. Je lève donc un sourcil, pour l'inciter à me parler.

-Je dois aller au studio, aujourd'hui.
-C'est très bien.
-Mais je ne veux pas te laisser seule.
-Je ne suis pas aux portes de la mort. De toute façon je dois passer chez moi.
-Pour?
-Faire du ménage, et me changer.
-Faire du ménage? Je ne crois pas.
-Je crois que je...
-Pense déjà à faire ton pansement, ensuite on verra. Et de toute façon, il est déjà fait.
-Tortionnaire.
-Oui, si tu veux. Tu viens avec moi au studio.
-On passe chez moi avant alors.
-Oui mon capitaine.
-Et après.
-Pour?
-Y vivre.
-Non, non. Tu reste chez moi.
-Nick... Je suis navrée de t'apprendre que je suis en âge de savoir m'occuper de moi-même.
-Ella, ma pauvre Ella, je ne te demande pas ton avis.
-Parfois j'aimerai t'égorger à mains nues.
-Et puis...

Il s'avance vers moi, tel un prédateur s'approchant de sa proie. Il m'attrape les hanches, plantant son regard dans mien.

-Et puis quoi?
-On commence à se trouver, alors il ne faut pas que tu parte.
-Donc, tu n'as que deux arguments?
-Je pourrais te dire que mes talents de cuisinier sont indéniables, que j'ai de la conversation, que j'ai aussi un corps digne d'Hercule, et pour finir, que tu n'as rien à faire ici, si ce n'est m'embrasser de temps en temps.

Je fais mine de réfléchir, puis hoche la tête.

-On va chez moi, on va au studio, on va chez moi, et on reviens ici. Mon plan te va?
-Parfait."

Il me relâche et m'indique qu'il va à la douche, en attendant, je finis mon repas. Je vais à mon tour me laver, et une fois habillée, Nick me refait mon pansement. Nous prenons chacun toutes les affaires qu'il nous faut, et nous montons en voiture. Chez moi, je range mes cours dans un carton dans ma penderie, avec tous mes cours de mes années précédentes. Je troque mon tailleur-jupe pour un tailleur-pantalon fluide couleur lavande. J'échange mes escarpins pour de petites baskets blanches. J'enfile aussi une capeline noire. Nous nous rendons ensuite au studio. Nick se gare devant la vieille bâtisse, et nous empruntons le couloir. Il ouvre la porte, et je rentre derrière lui. Mon regard se pose sur les deux hommes de la dernière fois, que je salue. Je remarque ensuite Pascal, Henry, Peter, et Clémence. Nick les salue, et je fais de même. Il s'installe à côté de ses amis -et collègues-, tandis que moi je m'assois à côté de Clémence. Elle me regarde d'une façon qui ne m'inspire rien de bon. Que lui arrive-t-il? Les garçons nous disent qu'ils vont écouter des "tracks", puis qu'ils décideront de celles qu'ils gardent, et après ils auront finis. Clémence me propose donc de sortir fumer, en attendant. Je prends la seule chose que j'ai: mon sac à main, et je la suis jusque dans la rue. Je sors mon paquet de cigarettes, en prends une et en donne une à Clémence. Avec mon briquet j'allume sa cigarette, puis la mienne. Elle crache sa première bouffée de fumée, puis me dévisage.

"Vous êtes ensemble? demande-t-elle finalement.
-Avec qui?
-Nick.
-Je ne sais pas.
-Il y a eu quoi?
-Nous nous sommes juste embrassés. Mais nous n'en avons pas encore discuté. Je dois rester un peu chez lui, histoire qu'il s'assure de mon état de santé.
-D'accord.

Elle continue sa cigarette sans rien de plus, fixant le sol. Son comportement est bizarre, je la connais que trop bien pour savoir qu'elle ne me dit pas un truc.

-Qu'est-ce qu'il y a?
-Rien, rien.
-Clémence.

Elle relève les yeux vers moi, et me détaille.

-Bon, d'accord. Je ne voulais pas te le dire, enfin, pas comme ça.
-Quoi donc?
-Tu te souviens lors de ta dispute avec Nick, il a plusieurs semaines?
-Oui. Et?
-J'ai eu une conversation avec Peter, et il m'a avoué quelque chose.
-Clémence! Viens en aux faits!
-Nick a parié avec Peter et Henry.
-Et alors? Il fait ce qu'il veut.
-Sur toi.
-Sur moi?
-Oui.
-En quoi a-t-il parié sur moi?
-Il a parié qu'il arriverait à te mettre dans son lit avant six mois.
-Pardon?
-Au début, je ne l'ai pas cru, mais il m'a dit des détails sur toi que lui a dit Nick, que personne ne sait.
-Il a dit quoi?
-Tu...
-Dis-moi!
-Il a parlé de ta virginité, de tes parents, du dernier homme de ta vie...
-Tu lui diras que je ne veux plus jamais entendre parler de lui, et que je sais tout. Je m'en vais, je n'ai plus rien à faire ici."

Je jette rageusement ma cigarette au sol, et pars, dans la direction de la maison de mes parents, où je pourrais un peu calmer la colère qui s'empare de moi.