Chapitre 18

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Je crois que je n'ai jamais autant stressé de toute ma vie. Si je pouvais ne pas y aller, cela m'arrangerait. Je finis ma cigarette à la fenêtre de ma cuisine, réfléchissant à comment m'occuper jusqu'à cette après-midi, seule. Finalement, mon choix se porte sur la bibliothèque. On a connu mieux, mais je sais que personne ne viendra m'y chercher. En évitant de faire claquer mes talons, je me dirige vers le salon. Je regroupe toutes mes affaires pour la journée entière, et enfonce le tout dans un grand sac. J'attrape ensuite un bout de papier, ainsi qu'un stylo. Je laisse un petit mot à l'intention de Nick, qui dort encore comme un bébé. Je pose aussi sur le mot un double de la clé de l'appartement, pour qu'il puisse fermer en partant. Je me dirige ensuite vers l'entrée, où je récupère mon sac à main. Je sors, et dévale les escaliers. Une fois dans la rue, je me dirige vers ma voiture. Je lance mes affaires à l'arrière, grimpant ensuite derrière le volant. Je démarre, et décide de prendre le chemin le plus long. Après une quarantaine de minutes, je me gare devant le bâtiment. Je souffle un grand coup, mais ne sors pas. Dans exactement trois heures, je dos être là où je passe mon entretien pour deux heures de préparation, et un passage de trente minutes. Je prends mes cours, et sors de mon véhicule. Je rentre dans la bâtisse, et vais m'asseoir seule, dans un coin -même si tous les regards sont braqués sur moi. Apparemment, le tailleur-jupe noir et les escarpins font leur effet. Je ressemble bien à une psychologue -ou du moins, à une femme qui à un métier qui y ressemble. Je m'installe, et pose mes lunettes sur mon nez. C'est parti.

Satisfaite de moi, je sors de ma présentation orale. J'ai réussi à faire quelque chose de bien, malgré la faim, la fatigue, et les fortes palpitations. Plus loin dans le bâtiment, je remarque Céline et Clémence. Je m'avance vers elles, et elles finissent par me regarder. Nos passages étaient en même temps, ce qui nous rassurait un peu. Elles me prennent dans leurs bras, et je les serre, sans réaliser que je les serre réellement. J'essaie de leur cacher mes tremblements comme je peux. Je ne sais pas vraiment ce qu'il m'arrive, mais je mets cela sur le dos du stresse.

"Alors? demande Céline.
-Ça a été. Et vous?
-On a super bien géré! Je suis heureuse que tout soit finit! Nous sommes libres, maintenant, s'extasie Clémence.
-C'est vrai.
-Tu as la bouche pâteuse Ella. Ça va? s'inquiète Céline.
-C'est la pression. Mais ça va.
-Bon! On y va?! questionne Clémence.
-On y va."

C'est en leur compagnie que je sors du bâtiment sans vraiment comprendre que je sors. Je suis un peu étourdie, à vrai dire. Nous nous dirigeons vers trois hommes, mais je ne suis pas sûre de reconnaître Peter, Mike, et Nick. Clémence se jette dans les bras de Peter, il me semble, et Céline en fait autant avec Mike, je crois. Je me tourne vers la dernière personne, dont les lèvres bougent, avant de fondre en sourire. Mais je n'entends pas un seul mot. Le sourire de Nick -si c'est bien lui-, disparaît. Je remonte mon regard vers le sien, quand bien même ma vision est floue. Ce regard semble inquiète et un peu apeuré. Soudainement, je suis prise d'un grand vertige, et je ne sens plus mes jambes me soutenir, puis le sol semble s'effondrer sous moi.

¤¤¤¤¤

C'est avec un horrible maux de tête que je me réveille. Je n'ai jamais eu aussi mal. Je lève le bras et passe ma main sur le début de mon crâne. Mais ce que je sens sous mes doigts me semble bizarre. C'est un pansement? J'essaie d'ouvrir les yeux, mais y arrive très mal, étant aveuglée par une forte luminosité blanche. Je sens d'un coup ma main être prise par une chaleur agréable. J'arrive à m'habituer à la lumière, et ouvre finalement les yeux. Je reste un instant sous le choc. Je suis dans une pièce entièrement blanche, entourée par une dizaine de personnes. Je ne m'attendais pas à cela. Je tourne la tête vers la personne qui s'accroche douloureuse à ma main.

"Maman...

Ma voix est cassée, ce qui me donne des frissons.

-J'ai eu si peur ma chérie!
-Mais je suis là, tout va bien.

Je lève les yeux vers mon père qui est debout derrière ma mère. Son regard est bloqué, et inquiet. D'accord... Je tourne la tête vers les autres. Clémence -tout comme ma mère d'ailleurs- est en pleure, dans les bras de Peter. Jean-Marc serre Charlène dans ses bras, tout comme Mike avec Céline, et Cornaline avec Pascal. Mes yeux se posent finalement sur Nick, qui est en retrait, appuyé contre le mur, mais qui observe tout. Son regard marron me fixe. Il semble perdu. Moi aussi mon vieux!

-Tu nous as foutu la trouille, idiote! s'insurge Clémence.
-Mais qu'est-ce qui c'est passé? Je sais qu'on sortait de nos présentations, mais c'est tout. Il m'est arrivé quoi?
-Tu as perdu connaissance sous mes yeux, commence Nick, et je n'ai pas eu le temps de te rattraper. Tu t'es cognée la tête au sol...
-J'aurais dû voir cela arriver, c'est de ma faute, et seulement de ma faute, ce n'est pas toi Nick, je te promets.
-Tu savais que tu allais mal, mais tu ne nous as rien dit!? s'exclame Clémence.
-C'était une petite crise d'hypoglycémie pour moi, enfin au début.
-Le médecin a dit que tu ne t'étais pas nourrie depuis un moment, lâche mon père.
-Et le café? Il oublie que c'est de la nourriture.
-Tu crois que c'est le moment de plaisanter? me gronde ma mère.
-Pas vraiment, oui...
-On va te laisser, on reviendra te voir plus tard. Tu as besoin de sommeil, m'informe ma mère, incluant tout le monde.
-Oui, encore désolée pour l'inquiétude.

Ils m'adressent tous un maigre sourire. Mes amis sortent, ainsi que mes parents.

-Je t'aime, ma chérie. Repose-toi, me conseille ma mère.

Je lui souris, et mes yeux se posent sur Nick, qui sort, traînant les pieds.

-Nick, attend."

Ma mère nous dévisage, puis sourit en coin. Elle s'imagine déjà d'autre chose. Elle ferme tout de même la porte derrière elle, tandis que Nick reste planté là.

Pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant