Columbine/C'est pas grave
PDV Ethan
Comme tous les matins, je fume mon joint à ma fenêtre, appréciant le calme et l'immensité de la nuit. J'aime ce silence que Paris nous offre rarement, j'aime cette atmosphère sombre, limite magique, fantastique, qui plane. J'aime la solitude et l'apaisement que m'offre la nuit.
Appuyé à mon balcon, j'observe les maisons et les immeubles tous plus cossus les uns que les autres, avec de grandes et grosses voitures devant. D'ici, j'aperçois la maison d'Andrew. Les rues sont propres, éclairées, calmes. Mon ancienne rue grouillait de canette de bière vide, de rats d'égout et seules les faibles lumières des petites maisons éclairées la rue.
Je ne me sens pas à ma place dans tout ce luxe, dans tout ce fric. J'ai dormi dans un lit qui est sûrement plus cher que mon ancienne maison dans son entièreté, et bien que le matelas soit très confortable, je n'ai pas bien dormi. Ce matelas n'a pas chassé mes démons, ni mon anxiété. Voilà pourquoi je me demande si l'argent rend vraiment heureux et arrange vraiment nos problèmes.
Le calme que m'offre la nuit fut coupé par la voix affreusement aiguë de Clarisse. J'ai à peine le temps de me retourner qu'elle attrape mon joint et qu'elle le réduise en miette dans le cendrier. Mais qu'est-ce qu'elle fout ?
-Je peux savoir ce qu'il te prend ?
-Papa ! Papa !, s'écrit cette grande malade en sortant de ma chambre, revenant avec son père et ma mère
-Qu'est-ce qu'il se passe, ici ?, demande Jean en regardant sa fille, qui affiche une horrible mine vicieuse
-C'est Ethan ! Il fumait un joint ! Je ne veux pas que de la drogue entre dans mon appartement !, s'égosille-t-elle
-Et ? À moins que j'ai des allusions, tu fumes bien, toi ? Enfin, non, tu crapotes, pardon, crachais-je en fermant ma fenêtre, de mauvais poil
-Tu mens !, s'écrit-elle
À quoi elle joue ?
-Mais vous avez fini de gueuler ?, intervient Paul en passant sa tête dans l'encadrement de la porte de la salle de bain que l'on partage.
-Dis ça à ta grande folle de sœur, m'exclamais-je en enfilant les premiers habits que je trouve, étant en caleçon depuis le début
-C'est toi le grand malade !, rajoute Clarisse
-Stop ! Tout le monde se calme, maintenant ! Paul, va te préparer, Clarisse, tu arrêtes de crier, quant à toi Ethan, tu restes ici, ordonne Jean d'une voix autoritaire. Tu savais très bien qu'Ethan fumait, et pas que des choses légales, alors pourquoi tu te plains maintenant ? Quant à toi, Ethan, je te demanderais d'éviter de fumer quand Clarisse est là, pour éviter ce genre de situation. Ok ?
-Ma bite que je vais faire ce que tu viens de dire !, crachais-je immédiatement en finissant de lacer mes chaussures
-Ethan, fais un effort, s'il te plaît..., me demande ma mère
Attrapant mon téléphone, mon bonnet noir, mes clopes et mon briquet, je les bouscule tout les trois, enfilant mon bonnet à l'arrache et je sors de cet appartement avant de tous les tuer un à un.
-Ethan, attends !, s'exclame ma mère en me suivant dans le salon
Et j'entends Clarisse dire, avant que je claque bel et bien la porte :
-Je te plains, ma pauvre Angèle...
__________
-Tu sais que les cours commencent à huit heures, et pas à midi, quand même ? , me demande Julian en me voyant arriver à notre table, dans le self
-J'en ai rien à battre, crachais-je en m'affalant sur la chaise
-Et avec un sac, c'est mieux..., sifflote Iris
-Ferme là, répliquais-je
Elle va répondre quelque chose, mais Andrew pose sa main sur sa bouche. C'est bien, au moins un qui a compris qu'il ne fallait pas m'emmerder aujourd'hui. Cette buse de Clarisse m'a mis dans une colère pas croyable et la réaction pacifiste de ma mère face aux conneries que raconte cette gamine immature a fini par m'achever.
Victoire est assise à côté de moi, en face de Marvin. Ce dernier veut me demander quelque chose, je le vois bien. Mais je ne sais pas quoi. Et je pense qu'il n'ose pas me demander. Et il a raison de penser ça, car même me demander la cruche d'eau qui est à côté de moi m'énerverait dans l'instant. Je ne décolère pas de ce matin. Et à mon avis, la seule chose qui me calmera, c'est de me prendre une caisse. Ou de me défoncer jusqu'à ne plus me souvenir de qui je suis.
-Alors, cette première nuit chez ton nouveau chez toi, c'était bien ? T'as bien dormi ?, me demande Mariana, bien consciente du silence pesant qui plane depuis que je suis arrivé à table
-Merdique, comme d'habitude, répondis-je
-Ah..., souffle Mariana en plongeant le regard sur la purée sûrement froide et dégueulasse présente dans son assiette
À la sortie du self, nous allons nous poser à notre petit coin habituel. Tous mes amis se jettent des regards en coin que je n'arrive pas à déchiffrer. Ce n'est pas de l'inquiétude, ou de la méchanceté. On dirait plutôt une sorte de secret qu'ils partagent, mais pas un mauvais secret. Un secret positif.
-Les gars !, s'écrie soudainement Julian qui avait le nez collé à son téléphone depuis quelques minutes
-Julian ?
-Ma prof d'anglais vient de mettre les notes du contrôle de la semaine dernière. Deviner qui a eu 18, soit la meilleure note de la classe ?, s'exclama Julian tout content
-Toi ?
-Eh ouais !
Tandis que Julian s'extasie sur sa note, je reste à l'écart et regarde ma cigarette se consumer doucement. Cette dernière représente si bien la vie. Elle commence, puis se consume et finit par ne plus exister. Tout comme l'humanité, elle est importante (pour les addicts, principalement), mais une trop grande quantité devient problématique : trop d'Homme cause la surpopulation, trop consommer de clope file le cancer.
-Ethan ?, m'appelle Victoire en s'approchant de moi. Ca va ? Tu as l'air pensif depuis que tu es arrivé...
-Qu'est-ce que ça peut te foutre, Victoire ?
Victoire recule de quelques pas et écarquille les yeux.
-Ethan, tu-
-Fous moi la paix, gamine, crachais-je avant de partir, sans me retourner
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BROKEN
Teen FictionBrisé ? Anéanti ? Traumatisé ? Aucun mot n'existe pour décrire Ethan. Son enfance chaotique et ce fameux soir où tout a basculer le hante. Pour oublier, il enchaîne les soirées, les filles, l'alcool et la drogue, bien conscient que ruiner sa santé n...