DRÜG-Lucky Luck (ft. Emie)
J'apporte la bouteille à ma bouche et laisse la vodka me brûler la gorge. Je finis la bouteille, avant de tirer une longue taffe sur le joint de beuh que me tend Ivan, avant de le passer à Dorine, qui elle-même tire dessus avant de coincer le joint entre les lèvres de Théo.
Dorine, Théo et Ivan sont mes compagnons de gueule de bois. On ne se retrouve que pour se défoncer à coup d'alcool et de drogue, et même si ça peut paraître glauque, notre quatuor marche plutôt bien. Je suis le seul à être encore scolarisé. Enfin, scolariser est un bien grand mot, car j'ai dû mettre les pieds au lycée seulement deux semaines depuis le début de l'année.
J'ai promis à ma mère que j'irais durant tous le mois d'octobre. Mais de toute façon, à quoi bon allez en cours alors que mon dossier est déjà si merdique que même la plus pourri des universités n'en voudrait pas. Alors pas la peine de se casser le cul maintenant.
Théo repousse froidement Dorine quand elle tente de l'embrasser. Les trois devant moi passent leurs journées entières à baiser. Parfois à trois. La moitié de Paris se l'est tapé, et, malgré ce qu'elle s'entête à dire, elle a à peu près toutes les maladies sexuellements transmissible qu'il est possible d'avoir.
Oleyana et le reste de mes potes désapprouvent le lien que j'entretiens avec ces trois camés, mais je me torche le cul avec leurs avis. Et ils le savent très bien. C'est Oleyana qui force le plus pour que j'arrête de fréquenter Ivan, Théo et Dorine, elle m'a d'ailleurs plusieurs fois foutue des gifles pour ça.
Elle est sûrement la seule personne, avec ma mère, sur qui je ne lèverais pas la main. J'aime Oleyana plus que tout. Notre relation est fraternelle. C'est un rayon de soleil. Je tiens énormément à elle, c'est ma petite protégée. Jim, son copain, le sait très bien. Et c'est peut-être pour ça qu'il se comporte si bien avec elle, outre le fait qu'il soit un mec bien. J'adore mes potes plus que tout. C'est l'une des rares choses dont je suis sûr dans ma vie.
-Mec, elle est où l'héro ?, demande Ivan depuis son fauteuil
-Derrière toi, blaireau, répliquais-je en voyant que Théo n'est clairement pas en état de lui répondre
Ivan prépare sa seringue avant de se la planter dans le bras, tandis que je sens Dorine se poser contre mon épaule. Je l'éjecte d'un coup rapide de bras et cette fausse blonde tombe au sol, faisant exploser de rire les deux abrutis. Car, oui, détromper-vous, je n'aime pas vraiment ces trois personnes. Mais ils ne posent pas de question, ne cherchent pas à comprendre pourquoi je me déglingue la santé, et ça me va. Je ne cherche pas non plus à connaître leur vie.
Notre quatuor fonctionne comme des sex-friends qui se retrouvent juste pour baiser : nous, on se retrouve juste pour une seule chose, se défoncer.
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Je me doutais bien qu'il y avait anguille sous roche quand j'ai vu ma mère débarqué à neuf heures pétante dans ma chambre, en disant qu'elle devait me parler. Que c'était important. Et que je devais être avec toute ma tête (autrement dit, pas défoncé). J'ai donc dit adieu à mon joint matinal et je me suis douché en vitesse avant de descendre retrouver ma mère, assise comme un piquet dans notre canapé tout pourri, encore taché de son alcool et de son sang.
Ma mère et moi ne sommes pas riches, nous sommes plus dans une situation de précarité. Après sa mort, il nous a laissé toutes ses foutues dettes, qui ne sont pas encore toutes finit d'être payées, même si ça fait plus de dix ans que ce gros connard est parti. Notre maison tombe en ruine, les murs sont jaunes, les plafonds couverts de moisissures et la cuisine n'a même plus d'évier.
Peut-être que pour certains, c'est purement matérialiste, mais personne ne peut savoir ce que s'est de voir sa mère se tuer à la tâche depuis sa naissance pour réussir à finir les mois sans devoir vendre un meuble pour pouvoir manger. C'est en partie à cause de ça que je deale : ma mère a besoin d'aide et je suis le seul apte à le faire. Nous ne sommes plus que tous les deux. Je ne pourrais pas compter le nombre de fois où Jen et Chris, les parents d'Andrew, ont proposés à ma mère de l'argent ou carrément même de venir vivre chez eux. Mais elle a refusé à chaque fois. Ma mère est fière et refuse l'aide de quiconque.
Ça me tue de la voir épuiser. Mais depuis quelques semaines, elle rayonne. Elle est toujours aussi cernée et épuisée, mais quelque chose à changer sur elle. J'ai l'impression qu'elle ne sourit vraiment pas, qu'elle imite un sourire pour me rassurer les soirs où elle tombe de fatigue au sol.
Ce soudain changement prends tout son sens quand elle m'annonce qu'elle fréquente quelqu'un depuis presque un mois. Un agent immobilier du nom de Jean vivant dans le 14e arrondissement, divorcé depuis quatre ans et qui a un fils et une fille : Jules et Clarisse. Elle m'explique qu'il est gentil, qu'il prend soin d'elle, que ses enfants sont adorables et qu'elle aime passer du temps en sa compagnie.
Je l'écoute attentivement, appuyé contre la porte, les bras croisés. Je ne connais pas cet homme, mais je me méfie déjà de lui. Ma mère a suffisamment bavé dans sa vie, hors de question qu'un connard la brise encore une fois. Je serais capable de le tuer de mes propres mains s'il osait lui faire le moindre mal.
Ma mère attend que je réponde. Elle s'attend sûrement à ce que je me braque et m'enferme dans ma chambre. Mais j'ai un feeling. Quelque chose me dit que ce Jean n'est pas un mauvais. J'espère juste ne pas me tromper. Voulant cerner ce Jean, je propose, même si ça me choque moi-même, d'une voix détachée :
-Je veux le rencontrer. Lui et ses gosses pourraient venir manger à la maison, un soir.
Ma mère se lève d'un coup du canapé, étonnée de me voir si bien réagir. Elle s'approche de moi et je n'en reviens pas de la voir les larmes aux yeux. Ses mains tremblantes et fragiles se posent sur mes épaules et c'est sans m'en rendre compte que je sers ma mère dans mes bras.
Je sens mon t-shirt se tremper m'alertant sur le fait que ma mère pleure à chaude larme. Déjà, parce qu'elle s'attendait à une réaction bien plus horrible de ma part, mais aussi parce que c'est la première fois depuis mes 14 ans que je lui offre un câlin.
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BROKEN
Teen FictionBrisé ? Anéanti ? Traumatisé ? Aucun mot n'existe pour décrire Ethan. Son enfance chaotique et ce fameux soir où tout a basculer le hante. Pour oublier, il enchaîne les soirées, les filles, l'alcool et la drogue, bien conscient que ruiner sa santé n...