Chapitre 7.

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Else-Paris

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Else-Paris

Airé seul dans Paris est la meilleure chose qui soit. Laisser le vent automnal de la nuit soufflait dans tes cheveux et imprégnait tes poumons d'un air si frais, si pur. Te retrouver face à toi-même, face à tes vices, face à tes démons.

Mes démons sont continuellement avec moi. Ils ne prennent même plus la peine de se cacher le jour, en société. Ils marchent fièrement derrière moi, le dos droit, le visage sombre. C'est toujours en pleine nuit qu'ils me soufflent les idées les plus fantasques. L'ange qui siégeait par-dessus à une époque, s'est fait dévorer par les souvenirs douloureux de cette nuit d'horreur.

Des flash me reviennent, le temps d'une seconde, mais réussissent à me faire tomber plus bas que Terre. Son sang giclant aux murs. Son corps sans vie au sol. Son visage explosé en mille morceaux. Le cri d'horreur que j'ai poussé. Le visage tordu par l'effroi de ma mère en nous découvrant au salon. Tout les souvenirs me hantent. Ils jouent de moi, s'amusant à m'enterrer six pieds sous Terre, à me mettre dans mes derniers retranchements.

Mes souvenirs et mes démons doivent être amis. Parce que les ennemis de mes ennemis sont mes amis, non ? Et ils doivent être ennemis avec la dépression. Parce que les amis de mes ennemis sont mes ennemis, non ?

Mon âme d'enfant s'est volatilisée à l'instant où il a appuyé sur ce foutu bouton. Mon âme s'est volatilisée au même moment, ne laissant que mon corps, que j'ai détruit à l'intérieur comme à l'extérieur à coup de drogues, d'alcools et de lames. Si seulement j'étais né ailleurs, dans une autre vie, dans une autre famille. Si seulement je n'étais pas né. J'aurais préféré ne jamais exister, plutôt que de vivre ce que je vis.

_______

J'arrive en retard en cours, sans grand étonnement. Je n'ai que 10 minutes de retard, ce qui est acceptable. J'ai cours de philo (à croire que je n'ai que des cours de philo). Quand j'entre dans la salle, sans frapper, je me rue sur la place à côté d'Andrew, sans même me préoccuper du prof qui reprend son explication, sans même me réprimander.

-Donc, comme je le disais, aujourd'hui, nous ferons un débat sur le sujet de votre rédaction à rendre vendredi : pouvons-nous nous défaire de notre passé ? Je vous conseille de prendre des notes, cela vous aidera pour votre rédaction. Des questions ?

Comme personne ne répond, le prof conclus que le débat peut commencer. J'écoute d'une oreille peu attentive des gamins se plaindre de leurs vies si dure. Jusqu'à ce qu'une voix que je commence à reconnaître prend la parole. Je lève la tête vers elle, intrigué par ce qu'elle raconte.

-Nous pouvons nous défaire de notre passé. Le passé est là pour nous faire avancer, nous faire évoluer et par conséquent, il n'est plus présent dans notre quotidien une fois l'événement passer. Les personnes affirmant qu'on ne peut pas s'en défaire sont juste trop faibles ou trop lâche pour s'en débarrasser. Ils se cachent derrière lui pour excuser leurs comportements.

-Tu racontes que des conneries, ma pauvre Victoire, crachais-je

L'entièreté de la classe ainsi que le prof, étonné d'entendre ma voix, se tourne vers moi, attendant que je poursuive.

-Trop lâche ? Trop faible ? Ton présent est fait de ton passé. Ton raisonnement est illogique. Si tu es un grand brûlé, la trace reste à vie. Ou les Gueule Cassées après chaque guerre ? La marque de leur combat passé était inscrite sur leurs corps. Nous ne pouvons qu'ignorer le passé, mais pas l'oublier et encore moins s'en défaire.

-Excuse nous monsieur le grand brûlé de la vie, me méprisa Victoire

-Fais attention à ce que tu dis, Victoire.

-Ou quoi ? Tu vas me taper ? Tu vas m'insulter ? Et bah vas-y, je t'attends. Je suis effrayé.

D'un coup rapide de main, je bondis de ma chaise, faisant tomber ma table et ma chaise dans mon mouvement, avant de me ruer vers Victoire. La rage et l'envie de la détruire en miette coulent dans mes veines me font voir rouge. Je vais la détruire verbalement, elle n'en sortira pas indemne.

Qu'elle ose me défier me hérisse les poils.

Je suis retenue par les bras d'Andrew, qui me pousse à l'autre bout de la pièce. Mais Andrew m'a poussé pour rien, Victoire s'est levée et s'approche de moi, un sourire mauvais aux lèvres. Elle écarte Andrew de moi, confiante, plante son regard bleu dans le mien. Nos corps se touchent presque. L'avoir si proche de moi me permet de sentir les nuances puissantes de son parfum. Féminin et sauvage.

-Moi, au moins, j'ai mes deux parents, souffla-t-elle si bas que je ne suis pas sûre qu'elle l'ait dit

Je reste interdit, sans me rendre compte de ce qu'elle vient de me dire. Puis ses paroles remontent à mon cerveau. Et l'instant d'après, je me jette sur elle. L'ensemble de mes principes sur le fait de ne jamais frapper une femme s'envolent face à ses odieuses paroles. La rage qui coule dans mes veines m'empêche de penser clairement. Son poing rencontre mon nez. Je la pousse et elle s'écoule au sol. Elio et Andrew me tirent en arrière et me retiennent. Du sang coule et ce n'est que maintenant que me rends compte que mon nez pisse du sang.

Le prof, désemparé, ne sait que faire. Victoire se relève et se rejette sur moi, le visage contracté, les yeux rouges. Julian tente de la retenir, mais elle se défait de ses bras et se rue sur moi, et malgré Andrew et Elio qui se matérialisent devant moi en me tenant pour éviter que je lui explose le crâne au sol, Victoire réussit à me coller son pied dans les couilles.

Je tombe de douleur au sol, en lâchant un cri digne d'un âne. Julian attrape Victoire et la tient à l'autre bout de la salle. Le bruit a attiré des élèves des salles à côtés. Le prof hurle à un élève d'aller chercher l'infirmière, qui arrive quelques minutes après, un fauteuil roulant en main.

BROKENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant