Chapitre 41.

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Les étoiles vagabondes/Nekfeu

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Les étoiles vagabondes/Nekfeu

Trois semaines plus tard

Le deuil.

En voilà une chose concrète, effrayante.

Il est dur à passer, mais parait-il qu'après, nous sommes de nouveau heureux. D'après Jodi, ma psychologue, certaines personnes peuvent mettre deux semaines à le faire, tandis que pour d'autres, comme moi, il faut plusieurs années. Tout dépend de la relation avec la personne. C'est comme lors d'une séparation amoureuse : ce n'est pas parce que cela fait des années que nous sommes avec la personne que nous souffrirons plus. Nous pouvons rester deux mois avec quelqu'un et souffrir de notre séparation. Tout dépend de l'intensité et de la passion que nous avons investie dans la relation, toujours d'après Jodi.

Dans mon cas, c'est plus compliqué. Je n'avais aucune foutue relation avec mon père, mais sa mort m'a totalement bouleversé, chamboulé, car j'y ai assisté. J'ai assisté à sa descente au Enfer, pour finir par le dernier point de sa vie. Notre famille n'aurait pas dû finir comme ça, détruite. Nous avions tout pour être heureux, alors pourquoi l'Univers a tout détruit, ne laissant que de la souffrance et de la colère derrière lui ?

Jusqu'à ma rencontre avec Victoire, je me moquais pas mal de cette souffrance et de cette colère, car je ne me préoccupais que de moi. Mais maintenant, ces foutus sentiments refoulés m'ont fait faire n'importe quoi et les ont fait fuir, elle et mes amis. Et même si je ne pense pas qu'ils me pardonneront un jour, je veux essayer de changer, pour eux. Mes amis et Victoire sont mes sauveurs, et ils méritent que je me batte pour tenter de réparer mes conneries, même si leur déception à mon égard les empêche d'accepter mon changement.

En plein milieu de la nuit, dans le couloir de la maison vide et sombre qui m'a vu grandir, je tente de trouver le courage pour commencer à parler. Assise à même le sol, Jodi me regarde patiemment. Elle est jeune, débutante dans le métier, je suis son premier patient. Mais elle est si douce, si calme et si patiente avec moi. J'ai de la chance de l'avoir trouvé. Sa jeunesse fait qu'elle me comprend vraiment.

-Je ne vais pas y arriver, Jodi, soufflais-je

-Si, tu vas y arriver. Regarde ta peur dans les yeux, et dis lui qu'elle ne te fais pas peur.

J'inspire. J'expire.

J'inspire. J'expire.

J'inspire. J'expire.

J'inspire. J'expire.

J'inspire. J'expire.

Puis d'une voix brisée :

-Je ne veux plus que ma vie ne tourne qu'autour de la souffrance que tu as laissé dernière toi, papa ! Je veux être libre. Je ne veux plus que ton souvenir me bouffe un peu plus ! Je ne veux plus de cette colère ! Je veux être heureux et ne plus vouloir crever chaque seconde de ma vie ! Je veux soulager mes angoisses autrement qu'en me coupant ou qu'en me noyant dans la drogue et l'alcool ! Je ne veux plus me comparer à toi !

Les larmes coulent sur mes joues.

-Je ne veux plus gâcher ma vie ! Je ne veux plus faire souffrir les gens que j'aime ! J'aime Victoire, je ne veux plus la faire souffrir ou la voir pleurer à cause de moi ! Je veux juste être heureux ! Tu m'entends, Univers ? Tu aurais beau t'amuser à me mettre des bâtons dans les roues, comme tu l'as toujours fait, je ne t'accorderais plus jamais ma tristesse ! Je mérite d'être heureux ! Laisse-moi être heureux !

Je m'effondre au sol. Les larmes coulent sur mes joues. Elles ne s'arrêtent plus, mais je ne me suis jamais senti aussi bien que maintenant. Jodi s'approche de moi et me regarde. Son regard appuyé sur moi ne me gène pas, j'ai une confiance totale en elle et je sais qu'elle ne me jugera jamais, même si je suis dans un état lamentable, comme maintenant.

-Je suis fière de toi, Ethan.

-Tu crois que Victoire me pardonnera ?

-Je ne sais pas, Ethan. Je ne la connais pas, je ne sais pas comment elle agit ou comment elle pense. Mais montre lui que tu es prêt a tout pour la reconquérir. Dis-lui tout ce que tu m'as dit.

-Je ne sais pas si j'y arriverais. Et si je la faisais souffrir de nouveau ?, dis-je en tentant de calmer mes pleurs

-Tu l'aimes toujours ?

-Bien sûr, je ne m'arrêterais jamais d'aimer Victoire, Jodi, répondis-je

-Alors tu y arriveras. Arrête de douter de toi, tu es bien plus fort que ce que tu penses. Il faut que tu es une image de toi réaliste : tu as des défauts, comme tout le monde, mais tu as aussi des qualités aussi grandes que la Russie. Et tu es bien plus fort que tu ne le penses, Ethan., me rassure-t-elle

-Jodi ?, l'appelais-je doucement

-Oui ?

-Merci.

-Tu n'as pas à me remercier, Ethan. C'est mon travail d'aider les gens.

-Dis surtout que t'es payé pour ça, rigolais-je en me relevant

Jodi rigole, puis se leva à son tour. Ensemble, nous passons la porte de la maison. Elle se dirige vers sa voiture, tandis que je m'assois sur les marches devant la maison. La rue est sombre, mais j'ai l'habitude. Jodi entre dans sa voiture, met le contact, puis s'en va. Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle soit venue ici en plein milieu de la nuit, car je l'ai appelé pour lui demander si on pouvait se voir. C'est ça que j'aime chez elle. Elle n'est pas là pour ses clients que lors des séances. Elle est là pour eux tous les jours, toutes les nuits. Jodi est devenue vraiment importante pour moi.

Lorsque je rentre chez moi, quand le jour commence à pointer le bout de son nez, je me dirige vers ma douche, frigorifié. Puis, quand je me regarde dans le miroir, je ne vois plus mes démons sur mes épaules. Je vois mon ange gardien. Il me regarde, sourit, en me souffle qu'il est fier de moi.

-Moi aussi, je vais être heureux.

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