78. Quand on est médecin, il faut apprendre à perdre.

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Rose avait enfin réussi à obtenir une paire de béquilles

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Rose avait enfin réussi à obtenir une paire de béquilles. C'était Axel, le taulard timide, qui lui avait dégottée. Il l'avait aussi aidée à se lever du lit, et accompagnée, attentif à ce qu'elle ne tombe pas lors de ses premiers pas mal assurés.

Son genou lui faisait un mal de chien, et elle ne pouvait absolument pas faire reposer le moindre poids dessus, rien que poser la jambe au sol était une petite torture. Mais clopiner péniblement, elle en était capable, découvrit-elle.
Médicalement, c'était de l'hérésie de vouloir bouger aussi vite, mais dans la situation présente, elle préférait s'assurer d'une relative autonomie et liberté de mouvements. Elle n'était pas le genre de femme qui supportait facilement l'idée d'être clouée au lit et dépendante d'autrui.

Axel resta avec elle. On aurait dit un chien perdu qui collait la première venue. Mais elle comprenait pourquoi. Le groupe du frère de Merle était incroyablement soudé, comme une vraie famille. Axel se sentait exclu, alors, instinctivement, il allait vers Rose, la seule autre étrangère.

Tout de suite après avoir vérifié qu'elle était capable de vaguement béquiller d'une pièce à une autre, Rose s'était transportée dans une cellule de l'autre côté du couloir. Tout à fait semblable en tous points à celle qu'elle venait de quitter, à une exception près : la fenêtre donnait sur le côté de la cour par où les autres étaient censé revenir.
Mais ensuite, elle avait dû se résigner à s'affaler comme une masse sur le lit, les jambes sciées par la fatigue et la douleur. Autant se reposer tant qu'elle pouvait, se disait-elle. Au retour de Merle, l'adrénaline serait bien suffisante pour la remettre sur pieds.

Et puis, elle avait désormais acquis les services d'un guetteur personnel. Axel, qui l'avait suivie, se tenait à la fenêtre. C'était une ouverture probablement à la limite de ce que la Convention de Genève autorisait, et trop haute pour un être humain normal — il n'aurait plus manqué que les prisonniers puissent se sentir à l'aise chez eux. Et puis quoi encore ? — et Axel s'était hissé sur les toilettes pour scruter avidement le paysage, dans l'attente du retour des absents.

Lorsque le bruit de moteur se fit entendre, il savait déjà exactement qui il était censé apercevoir à la descente du véhicule, en plus de son ami Oscar, à quoi ressemblaient les trois personnes que la médecin espérait revoir.
Une adolescente aux cheveux blancs. Une femme blonde. Un homme avec une prothèse au bras.

« Il y a qu'une voiture ! » souffla-t-il, déjà inquiet, et pour cause.

La voiture de Rick était partie avec quatre personnes. Plus Daryl et Michonne, ça faisait six. Si on rajoutait une Andrea, un Merle complet et une petite Hazel, on arrivait à neuf. Rose savait faire un calcul mental : soit le Dixon apprivoisé était sur les genoux de son flic préféré, soit il manquait du monde.

Elle attendit patiemment, avec le stoïcisme qui la caractérisait, entendant distinctement l'arrêt du moteur, et les bruits de portières qui claquaient.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant