Il était plus de dix heures lorsque Rose rentra chez elle, ce soir-là.
En quelques mois à Woodbury, les automatismes avaient eu le temps de s'installer, et il fallait bien admettre que passé la cinquantaine, les automatismes, c'était une grande partie de ce dont on avait besoin dans la vie.
Ainsi, elle retira ses chaussures exactement au même endroit que d'habitude, balança ses clefs exactement dans le vide-poches sur le meuble de l'entrée, sans même avoir besoin de prendre le temps de viser.
Lorsqu'elle traversa le couloir, elle ne prit pas la peine d'adresser un regard au grand miroir sur l'un des murs, qui lui aurait de toute façon renvoyé exactement la même réflexion que tous les autres jours depuis quasiment celui de son arrivée. Celle d'une femme de taille moyenne, corpulente à la limite de l'obésité, qui portait toujours une robe en guise d'unique coquetterie, robe pourtant paradoxalement contredite par la blouse de médecin qu'elle s'évertuait à porter, comme un symbole, une preuve indiscutable de sa fonction, plus encore, de son identité.C'était seulement une fois seule chez elle qu'elle s'autorisait à la retirer. Comme chaque soir, elle l'envoya en vrac au dossier d'une chaise, jusqu'au lendemain. Elle se rendit alors compte qu'il faisait froid dans son appartement. Elle enfila un pull et alla allumer les radiateurs électriques. L'hiver s'installait, constatait-elle un peu plus chaque jour.
Au seuil de la cuisine, elle hésita. Il n'y avait rien à manger dans le frigo, qu'elle avait d'ailleurs débranché, mais la machine à café lui faisait de l'œil. Elle en avait déjà bu au moins quinze tasses depuis qu'elle s'était levée, et il était tard. Mais elle n'avait plus de déca, et de toute façon elle comptait travailler encore avant de se coucher. Et puis elle avait envie d'une cigarette.
« Pourquoi j'ai sans arrêt envie de fumer, en ce moment, bordel de dieu ? » grommela-t-elle en remplissant le compartiment à eau de la cafetière.
Dix ans qu'elle avait arrêté, et elle avait encore des pics de manque. Quelle merde.La sonnette de l'entrée retentit tandis qu'elle lavait l'une des nombreuses tasses sales échouées dans l'évier.
De l'autre côté de la porte de l'appartement, Rose découvrit un Martinez souriant.
« Salut, Doc. Désolé, il est un peu tard, mais on vient seulement de rentrer. »
Ses cheveux encore humides et le léger parfum de savon qu'il dégageait trahissait la douche récente, aboutissement d'une journée salissante, devina-t-elle.
« Pas de problème, moi aussi je finis tard aujourd'hui.
- Oui je sais, Doris à la cafétéria m'a dit que t'étais pas encore venue diner, alors je me suis dit que peut-être... »Il leva le sac plastique qu'il avait apporté, dans lequel se trouvaient des tupperwares. Le visage de Rose s'éclaira.
« Oh, fabuleux ! »
Martinez avait eu une bonne intuition. La médecin était notoirement connue pour prendre tous ses repas au réfectoire, et avoir horreur de cuisiner elle-même, en plus de manquer cruellement de temps.
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La timidité des cimes
FanfictionIl pouvait décider de devenir la personne dont lui-même aurait eu besoin étant petit. Merle/OC, hurt/confort, Saison 3. Une histoire à propos de dépression, de traumatismes, de résilience, de confiance, d'attachement, de maladresse, de reconstructio...