59. Tout ce que je fais, je l'fais pour nous deux.

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La seconde nouvelle qui fit le tour de la ville juste après la disparition de Meagan, ce fut la rechute de Hazel

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La seconde nouvelle qui fit le tour de la ville juste après la disparition de Meagan, ce fut la rechute de Hazel. Impossible de le cacher aux gens, elle était si mal qu'elle était incapable d'aller travailler, et la laverie se retrouva fermée, privée soudain de ses deux employées.

Étrangement, le Gouverneur s'était montré ultra coulant avec Merle. Spontanément, il lui avait même proposé de passer davantage de temps à la maison et de ne pas faire de missions extérieures. Quant à la laverie, avait-il dit, on pouvait bien se permettre de la garder fermée quelques jours, ça ne tuerait pas les gens de faire une ou deux lessives à la main.
Merle s'était demandé si, quelque part, Blake n'avait pas eu une sorte de contrecoup. Peut-être, au fond, culpabilisait-il pour Meg ? Etait-il effrayé de sa propre violence ? Peut-être que cette mort, au final, était une sorte de tragique accident, quelque chose qu'il n'avait pas voulu. Oui, sur le coup, Blake avait été très froid et menaçant, mais ça avait peut-être été le choc ?

Mais ensuite, Merle s'était rendu à la raison, lorsqu'il avait vu le Gouverneur parler de la laverie et de Hazel avec plusieurs autres personnes. Tout ça, ça n'avait rien à voir avec de l'empathie de sa part. C'était une pure tactique politique. Il mettait l'accent sur la douleur de la petite, sur la perte momentanée d'un service public essentiel, pour charger encore plus Meagan, pour lui attirer des reproches plutôt que de la sympathie. Regardez, pouvaient alors se dire les gens, cette égoïste, cette sans coeur, dans quel état elle laisse la dépressive suicidaire de service, dans quel état elle nous laisse nous, sans linge propre. Le message était clair : si l'on partait, on trahissait la confiance de sa communauté.

Dégoûté de voir à quel point Blake parvenait à faire tourner son crime en sa faveur, répugné par l'attitude opportuniste des gens qui blâmaient désormais Meg pour trouver un bouc émissaire à leur désarroi, Merle décida effectivement de se consacrer à Hazel, pour au moins minimiser l'impact sur elle.

Les gens eurent le même élan de solidarité que lors de sa tentative de suicide, et voulurent approcher Rose ou Merle avec des cartes de bon rétablissement ou des cadeaux. Mais cette fois, McGowan se montra cassante et intraitable. Elle décréta qu'il était hors de question que les gens fassent à nouveau de l'adolescente une martyre et la traitent comme si elle était en train de mourir du cancer. Le mot d'ordre était clair : Hazel, on lui fout la paix.

Merle fut soulagé du soutien immédiat qu'il trouva chez Rose, qui voulut bien passer au dessus du ressentiment qu'elle avait envers lui pour se concentrer uniquement sur la santé de sa patiente. Elle venait régulièrement à l'appartement pour voir Hazel, et à lui, donner des conseils. Il se sentait alors moins désemparé et impuissant devant le chagrin immense de sa jeune amie. Car elle n'allait pas bien du tout.

Le soir-même de l'annonce de la disparition de Meagan, elle s'était coupé les bras à nouveau, et l'une des entailles avait été si profonde qu'elle avait nécessité des points de suture. Rose était venu les faire directement à l'appartement. Ce moment avait été terriblement dur pour Hazel. Assise à la table de la cuisine, il avait fallu que Merle la garde contre lui tout le long, alors que la médecin recousait le bras tendu sur la table, tant elle pleurait, anéantie de honte et de culpabilité. Il n'avait pas cessé de lui répéter qu'il n'était pas fâché, qu'il n'était pas déçu, que ça avait rien à voir avec la confiance, que c'était pas si grave.
Bêtement, il lui avait dit que lui aussi, il avait refumé en cachette.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant