Les jours dans la chambre se suivaient et se ressemblaient.
Hazel était en convalescence depuis presque une semaine. Son bras était en écharpe et inutilisable pour le moment, mais elle pouvait se lever. Sa perte presque mortelle de sang, associée à une maigreur à la limite de la dénutrition, avaient abouti à un diagnostic d'anémie sévère, et pas mal de carences. Elle était vraiment comme une petite vieille, fatiguée, frileuse, enterrée sous des couches de pulls et de plaids, et faisant tout lentement, comme une mémère.Mais surtout, elle avait les nerfs totalement hors service. Merle, au fil de ses visites, avait eu largement l'occasion de le constater, et il n'avait jamais vu quelqu'un pleurer aussi souvent pour des motifs aussi idiots. Elle était capable de se mettre à sangloter parce qu'elle avait fait tomber sa chaussette par terre, et redoubler de sanglots parce qu'elle était désemparée de constater qu'elle s'était mise à pleurer pour un truc aussi con, dans une espèce de cercle vicieux des larmes.
Pour avoir un semblant de relation avec elle durant ces quelques jours, il fallait faire slalomer la discussion entre ses crises de larmes, qui rythmaient ses journées comme des marées qui allaient et venaient fréquemment. La plupart du temps, Merle faisait comme si de rien n'était, attendant juste que ça passe, et tâchant de reprendre là où elle avait lâché le fil.
Bêtement, il avait pris le réflexe, dès qu'elle pleurait, d'aller chercher un verre d'eau. Parce que ça lui donnait l'illusion d'être utile, et parce que secrètement, il se disait qu'à force de verser tant de larmes, cette pauvre gamine allait risquer de se dessécher.
Mais comme il allait à chaque fois remplir un nouveau verre, il arrivait qu'en bout de journée, à force d'alterner avec lui des cycles discussion-larmes-verre d'eau-discussion, Hazel se retrouve avec trois ou quatre verres à moitié bus sur sa table de nuit.Pour Hazel et Merle, les journées s'écoulèrent ainsi, rythmées en verres d'eau, leur nouvelle unité de mesure du temps.
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Ces derniers jours, il y avait eu une sorte de redoux inattendu. Comme si l'automne, au seuil de l'hiver, hésitait. Les températures étaient remontées, et les nuits surtout avaient été étonnamment douces.
Une surprise bienvenue pour Merle, qui reprenait ses habitudes de tours de garde. Bien obligé, il ne pouvait pas passer des semaines non plus dans une chambre d'hôpital, et le Gouverneur commençait à tiquer face à ses nombreuses absences. Ses gars lui avaient d'ailleurs présenté son ardoise : des heures et des heures de surveillance qu'on avait bien voulu faire à sa place, mais dont on lui réclamait maintenant le dédommagement.
C'était de bonne guerre, admit-il. Surtout qu'il comptait bien en faire sauter au moins la moitié en les misant au poker ou tout autre jeu de cartes. C'était devenu une grande tradition, en l'absence d'argent, de mettre en jeu des heures de boulot ou des corvées. Merle avait laissé passer ce genre de petits arrangements au sein de son équipe, c'était une façon comme une autre de rendre leur quotidien moins robotique, et de souder le groupe.
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La timidité des cimes
FanfictieIl pouvait décider de devenir la personne dont lui-même aurait eu besoin étant petit. Merle/OC, hurt/confort, Saison 3. Une histoire à propos de dépression, de traumatismes, de résilience, de confiance, d'attachement, de maladresse, de reconstructio...