54. Elle est pas fragile. Les fragiles, c'est ceux qui sont morts.

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Hazel avait essayé de refaire seule la couronne de tresse que Meg lui avait faite une fois, mais sans succès

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Hazel avait essayé de refaire seule la couronne de tresse que Meg lui avait faite une fois, mais sans succès. Elle avait finalement fait un chignon, elle s'était dit que ça lui donnerait l'air plus mature, moins gamine, mais comme elle n'avait pas de pic à cheveux, elle avait mis un crayon à la place, et elle sentait que le chignon était en train de tomber, et elle se sentait ridicule. Elle aurait peut-être dû laisser ses cheveux détachés, c'était vrai qu'ils étaient beaux comme ça, surtout depuis que ses pointes étaient bien entretenues, mais elle avait peur d'être prise pour une weirdo, avec des cheveux aussi longs et étrangement blancs.
Et bon sang, pourquoi est-ce qu'elle se prenait la tête depuis une heure à propos de ses cheveux, c'était la fin du monde, tout le monde s'en fichait des cheveux !

Elle parvint simultanément à remercier mentalement Merle tout en le maudissant. Haley était bel et bien en train de s'entrainer au tir derrière le hangar 2. Elle était seule.
Hazel devina, à travers le voile de ses yeux défectueux qui lui faisaient tout voir à travers une buée, le bras de la jeune femme se tendre. Elle ne vit pas la flèche partir, mais le bruit de « tonkkktchh » puissant et lourd de l'autre côté, là où elle se plantait dans la cible, la stupéfia par la force qui semblait s'en dégager.

Son coeur battait à cent mille à l'heure.
Elle n'avait pas parlé à une fille de son âge depuis plus de dix mois.

Rassemblant tout son courage, elle parvint à couiner un « salut » presque parfaitement audible.
L'autre fille se retourna et eut un sourire si lumineux qu'Hazel le vit.

« Oh, salut ! Toi, tu es Hazel, c'est ça ?
- Ça se voit, non ? »

Elle savait parfaitement comment les gens la décrivaient en premier lorsqu'ils parlaient d'elle.

« Oui j'avoue, répondit Haley, c'est dur de faire l'étonnée. Ça me fait plaisir de te rencontrer enfin.
- Pourquoi ça ?
- Et ben, t'es la seule ici qui a presque mon âge. T'es arrivée il y a combien de temps ?
- Il y a trois mois.
- Ça a pas dû être facile de se retrouver toute seule avec que des vieux », blagua la brune.

Hazel, un peu déphasée, tenta d'embrayer sur la conversation qui s'engageait. De toutes ses forces.
Elle n'était pas bonne à ça. Elle le savait. Elle était renfermée, ne trouvait jamais le moindre sujet de discussion, et elle n'avait rien d'intéressant à dire, et surtout, elle était nulle, nulle à pleurer, quand il s'agissait de socialiser, d'échanger juste des banalités simples et légères pour parler de tout et de rien.
Mais Haley, elle, avait de toute évidence assez de conversation pour deux.

Hazel comprit rapidement comment la nouvelle venue était parvenue à s'intégrer davantage en quelques jours parmi l'équipe des gardes qu'elle-même en trois mois. C'était une véritable extravertie, chaleureuse, à l'aise. Et, découvrit Hazel, ça déteignait un peu sur elle. Instinctivement, elle se sentait bien avec cette autre fille. Un peu en confiance, même, assez pour bavarder.
Elle ne voulait pas parler d'elle, cependant, elle parvint à esquiver toutes les questions personnelles, préférant plutôt parler de son travail à la laverie, de la vie quotidienne à Woodbury. Elle en apprit rapidement bien plus sur Haley que cette dernière n'en apprit sur elle.
La brune lui parla avec fierté de sa passion depuis l'enfance pour le tir à l'arc. Elle faisait de la compétition et avait un bon niveau, si bon même que son père avait cherché à la pousser à tenter de se qualifier pour les Jeux Olympiques.
Évidemment, Hazel ne connaissait absolument rien à l'archerie, et n'avait jamais tenu un arc.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant