4. Je voudrais que vous creviez tous !

487 40 102
                                    

La lumière grisâtre du petit matin baignait la salle de bain d'une atmosphère froide et morne

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

La lumière grisâtre du petit matin baignait la salle de bain d'une atmosphère froide et morne.
La faïence délicate du lavabo se constellait progressivement de petites taches écarlates, tandis que Merle délayait le sang de son bras sous l'eau du robinet encore en état de marche.

L'adolescente, de son côté, s'était contentée d'arrêter l'hémorragie à l'aide d'une serviette, et examinait sa gorge dans un miroir. Le sang coulait encore, plus faiblement.
La plaie était longue, partant du bord de la mâchoire et allant presque jusqu'à l'oreille, mais la lame du couteau n'avait fait qu'entailler superficiellement sans beaucoup de gravité.

Elle farfouilla dans une armoire d'où elle tira une trousse de secours du genre de celles que possèdent toutes les familles « en cas de bobo ». Il n'y avait pas grand chose d'utile là-dedans hormis du sparadrap. Elle découpa aux ciseaux une bande de serviette à la bonne taille, qu'elle scotcha ensuite grossièrement en place.
Le reste de la serviette servit à Merle pour nouer autour de son bras. Sa blessure à lui était plus préoccupante, la balle était encore à l'intérieur, et il ne pouvait pas faire grand chose, à part patienter jusqu'à ce que leur médecin attitrée à Woodbury le rafistole correctement.

Dans le miroir au dessus du lavabo, il détailla sa propre gueule, et elle était pas jolie à voir, toute en gamme de mauves et de bordeaux. Ça aurait été très beau dans un ciel de crépuscule... tu parles d'une tronche de ciel.
Et ouais, son nez était bien cassé. Putain, il allait avoir mal à la tête pendant des jours, et avec les côtes pétées, il avait l'impression que sa poitrine était prise dans un étau. Ça c'était la promesse d'une poignée de nuits infectes.
Il se passa vaguement de l'eau sur la figure, essuyant le plus gros du sang coagulé, tout en se disant que sa vie, c'était quand même bien de la merde, comparé à celle des autres.

Il jeta un coup d'œil à la fille, qui se lavait les mains pour la quatrième fois au moins, frottant frénétiquement pour retirer de sa peau le sang de Joel, faisant virer au rouge sa peau incolore à force de gratter.

Bon, ok, peut-être pas tous les autres.

Sacrée journée pour elle aussi. Il se demanda combien de milliers de fois elle avait dû secrètement brûler de l'intérieur en les imaginant morts tous les quatre. Est-ce qu'elle était contente ? Soulagée ? Dur à dire.

Ils n'échangèrent quasiment pas un mot durant ce laps de temps. Elle restait autant que possible collée à son fusil, et ne cessait de surveiller Merle, se refusant à relâcher son attention et sa méfiance.

« C'est bon, on peut s'casser d'ici ? demanda-t-il enfin. 

- J'ai tout ce que je voulais », dit-elle. 

Elle le conduisit à l'extérieur de la maison. Le regard de Merle s'arrêta soudain sur un détail, qui était pourtant littéralement sous ses yeux depuis le début, mais qu'il remarquait seulement maintenant.
« T'as pas d'godasses ? »
La fille était pieds nus. Elle l'était également la veille, se souvint-il.
« Une idée de Joel. C'est moins facile de s'échapper pieds nus, qu'il disait. J'avais pas le droit d'aller dehors de toute façon. »

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant