5. Tu peux arrêter de me dévisager ?

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Le petit matin gris était en train de céder la place à une journée grise, ces fichus nuages et cette semi-brume ne semblaient pas décidés à foutre le camp

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Le petit matin gris était en train de céder la place à une journée grise, ces fichus nuages et cette semi-brume ne semblaient pas décidés à foutre le camp. Avec la chance que Merle avait, il allait peut-être même se mettre à pleuvoir.

Il ne disait rien depuis plus d'une heure, et sa jeune voisine n'était pas plus bavarde. Elle tenait toujours son fusil à pompe debout contre elle, ce qui avait donné à Merle l'occasion de mieux l'observer.

Il comprenait tout à fait pourquoi elle avait tenu à le récupérer, on ne croisait pas ce genre de beau jouet tous les jours.

Il n'avait pas besoin de lui demander de quoi il s'agissait, il s'y connaissait suffisamment en armes pour savoir à quoi il avait affaire, et il n'y avait pas beaucoup de fusils à pompe capables de tirer neuf balles d'affilée. Et celui-là, c'était le Mossberg 590. C'était une arme redoutable, à condition d'être capable de tenir pas loin de quatre kilos à bout de bras. Mais le résultat, il avait pu le constater sur Joel : sept balles de calibre 12 dans la caboche, à la fin, on avait plus de trous que de tête. Si c'était bien comme elle l'avait dit celui de son père, alors ce dernier ne devait pas être n'importe qui, c'était au moins un chasseur chevronné, un amateur d'armes en tous cas.

Merle ne l'aurait jamais admis, mais il était un petit peu jaloux.

C'était marrant, parce que la gamine essayait désespérément de ne pas s'endormir, mais sa tête finissait par pencher de côté irrésistiblement, et lorsqu'elle cognait la vitre, la gosse sursautait et écarquillait les yeux, le temps de quelques poignées de secondes, avant de recommencer.

Elle était exténuée. Lui aussi, à vrai dire. Il était tenté d'arrêter la voiture et de prendre le temps de dormir un peu, mais il se raisonnait en se répétant que s'il faisait ça, ce serait pire après, il ne se réveillerait qu'en ayant encore plus mal et la suite du trajet n'en serait que plus pénible. Il y avait au moins quatre heures de route pour rentrer à Woodbury. Ça allait être éprouvant, comme balade.
Il était si abruti de fatigue qu'il en avait oublié de mettre de la musique, c'est dire. Pourtant, l'autoradio en conduisant, c'était presque sacré pour lui.

C'était un matin d'octobre glacial et humide, il avait froid à cause de la fatigue, mais s'il mettait le chauffage trop fort, il allait certainement s'endormir et terminer dans le décor. Déjà qu'il avait du mal à voir la route correctement... sa vision était encore légèrement trouble, et il avait une migraine de l'enfer. Bordel de merde, si ça se trouve ces connards lui avaient collé une commotion à force de lui taper sur la calebasse, génial.

« Hey, la vampire. »
Elle sursauta à nouveau, tirée de son demi-sommeil.
« C'est Hazel.
- J'm'en fous. Regarde derrière, y a pas un sac ? »
Elle se tortilla sur son siège.
« Si.
- Y a de l'eau dedans, normalement. »

Elle récupéra le sac, en tira la bouteille, et lui tendit, en ayant pris soin d'ôter le bouchon. Alors qu'il buvait longuement, elle continua à fouiller, et poussa soudain une sorte de glapissement.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant