11. Quand on ne peut pas se défendre, il faut au moins pouvoir se sauver.

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À Woodbury, le Gouverneur tenait à ce que le rythme de vie soit similaire à celui que les habitants avaient connu

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À Woodbury, le Gouverneur tenait à ce que le rythme de vie soit similaire à celui que les habitants avaient connu. Ainsi, les personnes exerçant une activité pour la communauté avaient le droit à un jour de repos par semaine. Pour certains, il était important que ce soit le dimanche. Woodbury n'avait pas d'église, ni de prêtre, mais un certain nombre d'habitants se réunissait chaque dimanche pour prier. Deux personnes, dont Benjamin, un des employés de la laverie, étaient Juives et observaient le chabbat scrupuleusement, et on ne pouvait rien obtenir d'elles les samedis. Ben plaisantait même en disant que si un mort-vivant l'attaquait un samedi, il allait se laisser dévorer sans lever le petit doigt, dans la plus pure tradition hébraïque.

Hazel, quant à elle, se fichait d'avoir congé tel ou tel jour. À vrai dire, elle aurait préféré travailler toute la semaine. Elle avait insisté pour être en repos au moment où ça arrangeait le plus ses collègues.

Le matin de son jour de congé, elle se réveilla d'elle-même très tôt, comme d'habitude. Son horloge interne avait été conditionnée durant des mois pour être opérationnelle aux aurores, perdre cette habitude serait long. Incapable de se rendormir, elle traina un peu au lit, mélancolique à l'idée de devoir passer une journée entière sans rien faire, mais ses pensées lorsqu'elle était seule et inactive étaient trop sombres. Elle se leva et alla se faire couler un bain.

Quand elle s'était rendu compte qu'elle avait le droit d'utiliser assez d'eau chaude pour en remplir une baignoire, Hazel s'était mise à le faire chaque jour. C'était le seul endroit et les seules circonstances où elle supportait d'être nue. Autrement, même lorsqu'elle passait de son pyjama à ses vêtements, et l'inverse, elle le faisait toujours rapidement et par morceaux successifs. Mais dans le bain, ça allait, elle se faisait une raison, elle ne pouvait tout de même pas se laver habillée. Et puis la pièce fermait à clé, elle n'oubliait jamais d'en donner deux tours.

Il y avait un miroir précédemment au dessus du lavabo, elle l'avait enlevé. Se voir elle-même la mettait trop mal à l'aise. Le regard de cette demi-étrangère la gênait.

Quelque chose qui la fascinait, c'était de se recroqueviller en position foetale dans le bain, entièrement immergée sous l'eau. Elle tâchait de retenir sa respiration le plus longtemps possible pour faire durer ce moment où elle était enveloppée de chaleur liquide, murée dans un silence ouaté, isolée du reste du monde. Elle aurait voulu pouvoir vivre sous la surface.

À sa fenêtre, en se levant, elle avait vu, dans la lumière blême du petit matin, une voiture franchir le portail et quitter la ville. Elle savait que c'était Merle, parce qu'il était descendu brièvement pour parler à un des hommes à l'entrée. C'était pratique, cette prothèse, grâce à elle il était le seul qu'elle était capable d'identifier d'aussi loin. Visiblement, il partait tout seul. Ça devait être important et urgent, parce que la veille, il n'avait même pas pris le temps de récupérer ses habits après l'appel qu'il avait reçu.
Hazel espéra qu'il n'aurait pas d'ennuis, et saurait revenir une fois de plus.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant