Chapitre 3

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Il doit être 16h.
Et pour une fois, je finis de bonne heure.
Exténuée, je dépose mon tablier à mon casier puis je décide de prendre mes affaires et sort de ce café.

Un jour, je suis persuadée que mon lieu de travail m'avalera toute entière.

Comme tous les Jeudis, je prends la route vers l'hôpital.  Je n'ai pas de voiture, alors je me déplace en métro, en bus... En gros avec les transports en commun.

Le métro est toujours aussi bondé que d'habitude. Ils sont tous là, comme des zombies sur leur portable. Ne prenant même pas la peine de lever les yeux, de contempler les alentours.

Je lève les yeux au ciel et attends patiemment mon arrêt qui malheureusement commence à se faire désirer.

[...]  

"Busan Bumin Hospital"

Je souffle puis entre dans ce grand bâtiment blanc de l'extérieur à l'intérieur.

- Bonjour. Vous venez pour ? Me demande une dame à l'accueil.                                             

- Bonjour, je viens pour Eun jung Lee s'il vous plaît. Dis-je en trifouillant dans mon sac.

- Vous êtes ?

- Sa fille. Dis-je en tendant ma carte d'identité.

Celle-ci la prend puis regarde sur son ordinateur avant de me donner l'autorisation d'y aller.

Je connaissais par cœur le chemin jusqu'à sa chambre. Malheureusement, je le faisais déjà depuis deux longues années.

"Chambre 208"

Tout d'abord hésitante, je me fige devant la porte mais finis par l'ouvrir en retenant mes larmes.

- Bonjour maman, comment ça va depuis jeudi dernier ? Dis-je pour la millième fois.

Suite à mes mots, je pars changer les fleurs dans le pot à coté d'elle et arrange une mèche derrière son oreille.

- Tu sais... Commençais-je en m'asseyant sur cette même chaise. Je commence à me trouver ridicule de parler toute seule à chaque fois. Et pourtant, je continue de le faire.

Elle était là, impassible.

- Tu sais maman c'est dur. Je fais des choses que je n'aurais jamais voulu faire. Je suis devenue une personne horrible maman. J'espère que tu me pardonneras.

Soudainement, la porte s'ouvre.
C'était le médecin.

- Bien le bonjour Madame Lee. On m'a informé de votre venue, je me suis permis de venir vous voir. Me dit celui-ci en se penchant.

- Il n'y a rien de grave j'espère ? Demandais-je perplexe.

Mon interlocuteur prend une grosse bouffée d'air, ça sent pas bon.

- Écoutez, très honnêtement l'état de votre mère n'évolue pas réellement. Ses troubles neurologiques et son cœur ne sont pas en bonne forme. Si son état ne s'améliore pas d'avantage, il faudra peut-être penser à-

- Ne me dite pas ça.

- Pourtant c'est un fait Madame Lee. Il faut savoir tourner la page.

- Il ne me reste qu'elle Docteur. C'est bien plus facile à dire qu'à faire.

- Je le sais bien Madame Lee. Mais mon rôle est de vous le dire. En attendant... Je ne vois qu'augmenter la dose de médicaments et en changer quelques-uns. Seulement, ce changement ne sera pas gratuit.

- Combien ?

- Ce sera quatre fois plus cher que ce que vous payez en ce moment.

- Docteur. Je me saigne pour avoir le montant juste depuis 2 ans et je dois toujours me priver. Quatre fois plus ? C'est impensable ! Je n'y arriverai jamais !

- Je suis navré Madame Lee. Mais je ne peux pas faire mieux.

- Je comprends... J'accepte.

- Bien. Signez ici, s'il vous plaît.

Je m'exécute sans grande joie.

- Il nous faudra la somme à la fin du mois au plus tard dans deux. Afin de pouvoir commencer ce nouveau procédé sur votre mère. En attendant, nous allons continuer comme d'habitude.

- Bien.

Je ne sais pas comment faire.
Par remords certainement, je ne prends que la somme dont j'ai besoin lors de mes "pillages", jamais plus et c'est bien plus facile.
Mais dorénavant, je vais devoir viser plus haut. Beaucoup plus haut.

Je dois le faire.
Pour maman.

J.JK | Même les monstres rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant