Chapitre 22

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Le soleil vient à peine de se lever.
Je prends doucement mon café au bord du vieux quai près du Bunker.

Je n'avais pas dormi de la nuit. Tout comme la nuit d'avant et celle d'avant encore.
Le sommeil n'était plus présent. Je n'y arrivais plus. Mon corps ne suivait plus le rythme.
Mon cerveau tournait en boucle. Ma soif de curiosité et de contrôle de la situation essayait tant bien que mal de me convaincre.

C'était une idée stupide et risquée qui m'était venue un soir pendant une de mes crises d'insomnies.

J'avais pensé au fait d'aller à la chasse aux informations, une chasse sur ce qu'ils avaient bien pu collecter pendant ces 7 mois.
Je suis persuadée que mon absence n'empêche pas à mes bons camardes policiers de travailler d'arrache-pied sur mon cas.
Cependant ce serait du suicide, ce serait totalement insensé. Pourtant j'ai envie de le faire.

- Aish. Arrête Nayung. Ne fous pas tout en l'air. Dis-je en me levant, essayant de chasser ses pensées.

[...]

Il doit être presque 12h.
Comme à peu près tous les jours, je me pose devant l'hôpital.
Mon cerveau ne s'arrête pas, l'envie grandit.
Devrais-je ?
Ma mère me manque. Je lui ai faits la promesse de la voir, un jour de chaque semaine. Et je ne respecte plus cette promesse.
Qu'est-ce que je respecte de toute façon...

Je prends une grande bouffée d'air.
Je n'arrive plus à me contrôler. C'est décidé, j'irais la voir. Aujourd'hui, maintenant.
Je ne sais pas pourquoi mais je sens, jusqu'au plus profond de mes tripes, que c'est le bon moment.

Néanmoins, je vais devoir être discrète.
Heureusement que je m'y connais là-dedans, et que je connais par cœur cet hôpital.

Je place un masque sur mon visage et referme mon pull. Suite à cela, je m'avance prudemment vers la porte, sans pour autant activer le mécanisme automatique.
La plupart des secrétaires sont allées manger, certaines s'endorment quasiment sur leur chaise, exténuées de ne rien faire de la journée.

J'avance, la porte s'ouvre sur mon passage.
Je jette un coup d'œil, personne ne flanche, alors je continue ma route.

J'emprunte ce long couloir, tourne lorsque c'est le moment, active l'ascenseur, retourne une dernière fois et me voilà devant sa chambre.

" Chambre 208 "

- Je sais maman, ça fait un bon bout de temps. Commençais-je en murmurant. Ne soit pas fâchée, ce n'est pas contre toi.

Je prends soin de refermer calmement la porte, et de m'avancer vers elle.
Je prends sa main.
Elle était froide et sèche.

- Dès que tu seras sur pieds, on ira toutes les deux chez l'esthéticienne. Dis-je en lui caressant la main.

Une larme s'échappe.

- J'ai tellement de choses à t'avouer maman. Je ne pense pas que tu serais fière de moi. Je ne penses pas que tu comprendrais. Commençais-je en essuyant la larme avec le dos de ma main. Tu me répondrais sûrement que j'aurais dû faire ma vie et te laisser rejoindre le ciel. Mais je ne peux pas, je ne peux pas te perdre toi aussi maman.

Alors que j'allais continuer à parler toute seule.
J'entends une personne marcher dans le couloir, et celle-ci m'a tout l'air de venir en direction de la chambre de ma mère.

Je fais les gros yeux et court me réfugier et me cacher dans la salle de bain.
J'entends la porte s'ouvrir dans un long mouvement.

- Bonjour madame Lee. Dit une voix, dit Jungkook.

Je l'entends refermer la porte et s'avancer.

- Je sais que ça fait longtemps que je ne suis pas venus vous voir. Je vous avais dis que je vous tiendrais compagnie au moins 2 fois dans la semaine et je ne l'ai pas respecté. Continu t-il en émettant un petit rire.

Ce rire...
Que fait-il ici ?

- Mais... pour me faire pardonner je vous ai ramené de magnifiques fleurs ! Dit-il en s'avançant, je le suppose, vers sa table de nuit.

- Nayung... Continu t-il dans un soupire. M'a dit que c'était vos préférées.

Il se souvenait de ça...
Pourquoi est-il aussi prévenant avec ma mère, alors que la veille il a clairement stipulé qu'il me tuerait sans hésiter ?

- Je ne peux pas tarder madame Lee. J'ai du travail au poste, et je sens que ça va encore me prendre ma nuit. Dit Jungkook en marchant de nouveau vers la porte.

Alors que j'entends la poignée s'actionner de nouveau, il prend la parole :

- J'aurais aimé que tout ce passe bien, j'aurais aimé que tout ce passe autrement, je vous l'assure madame Lee. Je suis sincèrement navré...

Suite à ces mots, je l'entends partir.
Je reste bouche bée, totalement immobile.

Des sentiments contraires se mélangeaient dans mon corps. Un sentiment de reconnaissance, de compassion ainsi qu'une grande rage. Ça ne faisait pas bon ménage, et malheureusement, c'est la rage qui prend le dessus.

Je me regarde dans le miroir de la salle de bain.
Je suis ridicule. La page doit être tournée, elle a été détruite, plus rien ne pourra redevenir comme avant.
Et puis, pourquoi vient-il ici ? C'est quand même sacrément culotté de visiter la mère de la fille que tu as menacé de tuer. Des paroles dites avec une telle rage, devant le monde entier.
Cherchait-il à me piéger par un quelconque moyen ? Qu'avait-il bien en tête ?

Je vais le savoir, je vais le découvrir.
Une fois de plus.

J.JK | Même les monstres rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant