Chapitre 5

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Une fois de retour à mon appartement, j'aperçois étrangement que ma porte est entrouverte.
Je fronce les sourcils. J'avais fermé ma porte avant de partir, j'en suis sûre.

Je rentre lentement, faisant le moins de bruit possible.

- Oh ! Tu es enfin rentrée ?

Cette voix.
Ne me dite pas qu'il est là.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Demandais-je en me retournant.

Mon interlocuteur se relève du canapé puis s'appuie contre le mur en face de moi. Un grand sourire sur ses lèvres gercées par le froid.

- Je voulais voir ce que tu étais devenue.

- Et en quoi rentrer dans mon appartement comme un voleur va pouvoir t'aider à savoir qui je suis devenue ? Hein, dit moi ? Dis-je en fronçant les sourcils, la voix ferme.

- Ne prend pas cet air supérieur avec moi. Entre nous, le voleur ici c'est toi. Me répond-t-il en ricanant.

- Je ne vole plus rien.

- Arrête de me mentir Nayung. C'est moi qui t'ai tout appris. Et honnêtement, je n'aurais jamais cru te voir autant réussir dans cette voie. Je suis agréablement surpris. Continu t-il en avançant vers moi.

Je recule.
Ce type est dangereux, imprévisible et maléfique.

- Pourquoi est-ce que tu es là ? Je ne pense pas que tu es ici par simple courtoisie. Dis-je en croisant les bras sous ma poitrine.

Il rigole.

- En effet. Tu me connais bien ma belle Nayung.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Tu aimais bien avant pourtant. Dit-il en faisant une fausse moue déçue.

Je grince des dents.
- Comme tu as bien pu le dire, « avant ».

- Toujours aussi têtue. Mais puisque tu me le demande. J'ai besoin de toi.

- Pardon ?! Je ne veux rien avoir affaire avec toi et tes magouilles.

Mon interlocuteur fronce les sourcils et sa mâchoire se contracte.

- Je déteste qu'on me dise non.

- Je m'en fous, je ne ferai rien avec toi ni avec tes compagnons de route. Tu m'as bien entendu ?!

- On en reparlera. Dit-il avec un ton faux calme et un faux sourire sur son visage.

Il avance jusqu'à la porte.

- On se reverra croit moi. Et en attendant ce moment, pense à choisir une serrure plus complexe. Un bleu pourrait en comprendre le fonctionnement. Finit-il en disparaissant dans les longs couloirs de la résidence.

Une fois monsieur bien loin, je me précipite sur ma porte et la ferme à double tour.
Mon corps glisse le long de celle-ci.
Je n'aurais jamais cru le revoir, il avait complètement disparu.
Et maintenant, comme par magie il revient dans ma vie. C'est loin d'être un bon signe, ce type ne m'apporte que des soucis.

Oh mais suis-je bête !
Vous devez sûrement vous demander qui était ce monsieur ? Honnêtement, je n'aurais jamais voulu vous le présenter.

C'est Chung Nao.
Etrange nom n'est-ce pas ?

Il est né d'un père coréen et d'une mère japonaise.
Tous deux sont malheureusement morts très peu après sa naissance, il n'a jamais voulu entrer dans les détails. Orphelin, il s'est très vite retrouvé du mauvais côté. Nao est devenu un voyou, un voleur, mais surtout un tueur.
Il est dangereux. Son passé lui a laissé des séquelles, et il est devenu ce qu'il est aujourd'hui.

Mais comment est-ce que je le connais ?

C'était mon petit copain pendant 1 an et demi. Mais nous nous connaissons depuis petit, nous fréquentions les mêmes écoles.
J'ai grandi avec lui et malheureusement c'est lui qui m'a tout appris. Il était là lorsque ma mère est rentrée à l'hôpital, il était là lorsque les problèmes devenaient ingérables.
Il était celui qui m'a suggéré de voler. Nao était celui qui me dictait quoi faire, et lorsque j'ai commencé à avoir le coup de main, son aide n'était plus gratuite. Je lui devais un pourcentage sur mes voles, et si je ne le faisais pas... Je le regrettais amèrement.
De petit ami, il est devenu mon procès net.

Tout empirait de jour en jour, je ne supportais plus les coups à la fois morals et physiques.
Il devenait de plus en plus violent, buvait beaucoup et trainait dans des affaires toujours plus louches.
Il a suffi d'un évènement pour me faire fuir définitivement. Ce moment me hante, je me dégoute de ne pas l'avoir dénoncé.
Mais j'aurais pu être une complice ?
Je le suis peut-être après tout.

Nao... Il... à tué quelqu'un lors d'une "mission", comme il aime le dire. J'ai pris peur, et je suis partie. J'ai complètement disparu, et lui aussi avait disparu. Je ne l'avais pas vu depuis presque 2 ans. Le revoir me donne la chair de poule.
Je le connais. Il n'abandonnera pas tant qu'il n'aura pas ce qu'il veut.

[...]

Il est 14h.
Mon service a commencé depuis 6h exactement.
Je suis déjà épuisée.
C'était comme ci tout le monde s'était mis d'accord pour me faire passer une mauvaise journée. Je n'en peux plus, mon esprit divague depuis la visite de Nao.
Il divague tellement que je ne remarque pas immédiatement le client juste devant moi.

- Bonjour ! Hé oh ! Vous m'entendez ?!

Je sursaute d'un coup sec.

- Oh excusez-moi ! J'étais dans mes- Commençais-je à dire.

- Pensées ? Je l'ai bien remarqué. Ricane-t-il.

- Que voulez-vous ? Demandais-je gênée.

- Un café et un donut s'il vous plaît.

Je m'empresse d'aller lui chercher sa commande.

Son visage et son accent me disent quelque chose.
Je suis sûre de l'avoir croisée quelque part.

- Tenez. Dis-je en le scrutant.

- J'ai une miette sur le visage ?

- Hein ? Non ! Du tout... Je- enfin excusez-moi pour cette gêne.

- Je rigole voyons ! Commence t-il en émettant un petit rire. Pourquoi me dévisagez-vous de la sorte ?

- Nous nous sommes pas croisés récemment ? Votre visage me rappelle vaguement quelque chose.

Il sourit.

- Je ne sais pas si on s'est déjà rencontrés, mais je passe souvent aux informations en ce moment. Commence t-il de nouveau.

Je fronce les sourcils en penchant ma tête vers la droite.

- L'affaire du " Robin des Bois ", je couvre l'affaire.

Je me raidis et deviens blanche.
C'est le lieutenant que j'ai vu tantôt à l'hôpital.

- Vous allez bien ? Demande-t-il inquiet et curieux.

- Oui oui..! Ce doit être cela ! J'ai dû vous voir à la télévision. Dis-je en essayant de cacher le plus ma surprise.

Le policier me regarde d'un air plutôt intrigué mais ne dit rien de plus.

Il me tend l'argent demandé puis me dit au revoir d'un signe de la main.

- Et bien ! Ce jeune homme te fait de l'effet ou comment ça se passe ? Me demande ma collègue en rigolant.

Je soulève les yeux puis repart à mes occupations.

Pourquoi sommes-nous autant en contact ?
Coïncidence ou préméditation ?

J.JK | Même les monstres rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant