Chapitre 6 - 🎶 Footing et se croiser encore et encore...

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RAINA

Je me lève d'une courte nuit, assez tôt, en sachant pertinemment que je ne réussirai pas à me rendormir. Mon horloge interne est réglée depuis longtemps aux aurores, c'est pourquoi il ne m'arrive que très rarement de faire une grasse matinée. Inutile de rester traînailler au lit avec la répétition que je dois revoir en compagnie de mes danseurs avant notre cours du soir.

Cya et moi sommes tombées d'accord, la veille, sur les changements à apporter dans la chorégraphie. Savannah et Joshua sont restés une heure de plus avec nous avant de nous quitter pendant que je répétais les nouveaux enchaînements de pas que j'imaginais et que Cya tentait de reproduire.
Elle est partie à son tour une heure après leur départ et celui d'Oro et Raimana. Je me suis, par la suite, enfin plongée sous une rapide douche bienvenue, puis dans mon lit, complètement exténuée, à plus d'une heure du matin.

Avec cinq heures de sommeil à mon actif, je ressens néanmoins la fatigue qui s'accumule dans mon corps de jour en jour. Je sais pourtant ce que le manque de sommeil peut engendrer sur le corps humain au fil du temps. Rien de bon. Un léger mal de tête se profile et j'avale une aspirine avec mon jus d'orange avant de me vêtir de ma brassière de sport et d'un legging tout aussi moulant et noir.
Mes longs cheveux retenus dans une queue haute, mes écouteurs vissés aux oreilles avec mon portable en sécurité dans la poche transparente scratchée à mon bras gauche et chaussée de mes baskets, je sors de chez moi.
Je m'élance tout de suite sur la chaussée pour mon footing coutumier au même horaire, ça ne change pas, ni ma playlist en fond sonore. Je traverse le Queensboro bridge en direction de Manhattan en foulant le bitume à l'allure habituelle. Je suis la direction de la Ed Koch Queensboro Bridge Upper Roadway avec U2 à fond dans mes tympans qui mettent en sourdine le boucan d'une ville de cette ampleur.
Je passe devant le Starbucks familier et salue Rick qui sort un écriteau.

-Hey ! me salue-t-il, deviné-je en lisant sur ses lèvres.

Je lui rends son signe de main.

-Le bonjour à Martha ! lancé-je en retour par-dessus mon épaule en continuant ma foulée.

Je ne me retourne pas pour voir s'il répond. Nous avons l'habitude de nous voir lors de mes séances de courses, comme celle-ci, et il sait que je ne m'arrête jamais. Rick et Martha sont un couple vraiment sympa que j'ai rencontré lors de ma première venue dans cette ville.
Perdue à l'embranchement d'une rue, ils m'avaient gentiment conduite jusqu'à mon nouveau chez moi quand je leur avais délivré mon adresse. Par la suite, je m'étais plus d'une fois rendue au Starbucks dans lequel ils travaillent et, peu à peu, nous avons lié une certaine amitié.

Je bifurque ensuite sur la 63e rue et passe devant l'école des arts où quelques hommes, d'une tranche d'âge de vingt à quarante ans, m'attendent déjà pour leur course coutumière dans mon sillage lorsqu'ils savent, je ne sais comment, que je ne suis plus sur L.A., mais bien ici à New York.
Je traverse la 2e puis la 3e avenue ainsi que Lexington avenue, Park avenue et Madison avant d'atteindre la 5e avenue. En jetant un œil derrière moi, je peux voir qu'ils s'accrochent toujours, bien que certains affichent des signes de faiblesse.
J'ignore d'où ils viennent et depuis quand ils courent afin de me rejoindre pour profiter du spectacle. Bande de pervers ! Quand est-ce que ça sera démodé, chez les hommes, de faire sa course derrière une fille qui s'entretient uniquement pour la vue de son derrière en action ? Sérieux les mecs !?
Je pense aussitôt aux nombreuses femmes qui se motivent, rien qu'à la vue d'un superbe spécimen en train de courir, afin de se remettre au sport et pourquoi pas le pourchasser, même avec une poussette et un gosse à l'intérieur. Ouais, nous ne sommes pas mieux nous non plus, ai-je envie de rire lorsque cette réalité fuse en moi.
Un sourire mutin accroché aux lèvres, je continue de longer la 5e avenue. Un klaxon attire soudainement mon attention lorsque « I still haven't found what i'm looking for » se termine. Tournant la tête sur la gauche du côté route, je tombe sur une voiture luxueuse où le chauffeur me regarde en souriant.
À l'évidence, les gars qui me collent au cul en donnant tout leur possible pour me rattraper donnent un aperçu hilarant. L'ouverture de la vitre arrière du véhicule m'interpelle et je manque de me rétamer au sol en tombant dans le regard turquoise de Monsieur Williams qui observe ensuite les coureurs, en fronçant les sourcils, avant de glisser à nouveau ses yeux incroyables sur moi en souriant, semblant s'amuser de ma situation. Quel con, pensé-je.
Je bifurque enfin à droite sur la Grand Army Plaza en me soustrayant à son regard, trop nuisible pour ma santé, et sa mine amusée, et m'engouffre ensuite en direction de Lombard Lamp dans Central Park en tentant de calmer les palpitations qui n'ont subitement aucun lien avec ma course.
C'est mon parcours habituel à New York où je prends plaisir à contourner The Pond, un magnifique lac, et le traverser en empruntant le Gapstow Brigde afin de poursuivre ma route à travers ce havre de paix inattendu plongé en plein cœur de cette ville gigantesque et animée.
Désormais, je vais appréhender de croiser cet héritier des industries Williams en plus des hommes lancés à mes basques. D'ailleurs, à cette étape de mon footing, ces derniers ne peuvent plus me suivre parce que je les disperse tous à travers les nombreux sentiers qui s'enfoncent entre les arbres. Une fois cela accompli, je peux continuer ma course tranquillement, en ne craignant rien non plus du côté de Monsieur Williams, qui, à bord de sa voiture, ne représente aucun danger, et enfin finir par prendre le chemin de retour vers mon appartement.

The sin #half of my soul (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant