The sin #half of my soul (Terminé)

Chapitre 45 - 🎶 Pleurer sur l'épaule de Billy

RAINA

─ Non, Raina, attends ! s’écrie-t-il en se lançant une fois encore à ma poursuite.

Évidemment, après l’avoir vu accoutré ainsi, je ne peux retenir mon questionnement avant de désirer foutre le camp de sa baraque et m’éloigner de lui. Il me rattrape devant mon ancienne chambre en agrippant mon poignet tandis que je tente de me débattre afin de le faire lâcher sa prise qui reste ferme.

─ Lâche-moi ! hurlé-je en me moquant de réveiller toute la maison en essayant toujours de dégager sa poigne de ma main libre.
─ Je sais combien tout ceci peut paraître déroutant, Raina. Crois-moi, je me mets à ta place, mais je te supplie de me laisser une chance de m’expliquer. Je ne demande que ça.
─ Cameron, t’as un vrai problème et tu m’effraies là tout de suite. Je ne sais même plus qui tu es ! C’était un pur mensonge depuis le début, c’est ça ? Mon Dieu ! J’ai l’impression de naviguer en plein délire.

Il me plaque contre le mur du couloir tandis que je tremble de tous mes membres et que je lui porte un regard à la fois accusateur et craintif. Une fois que je n’ai plus confiance en quelqu’un, il est compliqué pour moi de vouloir rester en sa présence et encore moins l’écouter déblatérer. Je me ferme complètement.
Je ne suis pas délurée. Ce mec s’est infiltré chez moi tel un cambrioleur et est resté planté au bout de mon lit en me causant la frayeur du siècle. Je ne sais pas ce qu’il a voulu faire, mais il m’a piégée et je l’ai laissé faire en me retrouvant à nouveau chez lui. S’il est capable d’agir de la sorte, cela ouvre tout un tas de possibilités quant à ce qu’il pourrait me faire. Est-il déséquilibré ?
Je me détourne afin de me soustraire à son regard paniqué et complètement défait. Je tire de toutes mes forces pour qu’il me lâche, mais en vain, cela nous mène à rien d’autre qu’atterrir contre le mur opposé où ma poitrine se plaque durement tandis que Cameron est collé dans mon dos, son souffle erratique contre mon oreille.

─ Je t’en supplie, ne me fuis pas encore, Rai, je ne le supporterai pas, dit-il d’une voix achevée.
─ J’ai peur. Tu me fais peur, lâché-je en ne pouvant retenir davantage mes sanglots qui me font hoqueter.

Je n’en peux plus. C’est trop pour moi. Trop pour mon esprit déjà bien tourmenté. Pour mon cœur meurtri. Pour mon âme… C’est trop. Je ferme les yeux et laisse mon visage se poser contre la cloison en libérant mes larmes de peur, de tristesse, de douleur. Je pleure sans parvenir à me retenir. Je suis épuisée.
Et Cam en fait autant. Comme s’il était branché sur la même onde que moi, il lâche les vannes également et l’entendre sangloter, son visage posé sur le mien, me déchire en même temps que je veux lui crier qu’il n’a pas le droit de pleurer, lui. Il n’a pas le droit. C’est de sa faute. Toute cette souffrance, tout ce malheur, toutes ces peurs et angoisses, c’est lui.

─ Hé, ça va, ici ? intervient enfin Preston.

Sa voix parvient sur notre gauche, mais je ne le vois pas, bien qu’il aperçoit clairement le tableau que nous représentons à cet instant. Ce qui doit être quelque chose.

─ Je veux partir d’ici, dis-je d’une voix harassée.
─ Cameron ? interroge-t-il tandis que son patron ne pipe mot.
─ Cam, laisse-moi partir, s’il te plaît, murmuré-je en hoquetant.
─ Non, souffle-t-il, meurtri.
─ S’il te plaît, réitéré-je.
─ Cameron, ne vois-tu pas combien elle est effrayée ? soutient Preston.

Il me lâche enfin, petit à petit, en reniflant. Je m’écarte aussitôt de lui sans le regarder. Je ne veux pas voir son visage que je devine complètement démoli.

─ La lettre, ce n’est pas moi, dit-il dans mon dos tandis que Preston me tend sa main en face de moi en haut des marches.

Je stoppe avant de rejoindre son employé, devenu bien plus qu’un garde du corps pour moi au fil des mois passés. Parvenue devant lui, sa main se pose dans mon dos en m’invitant à passer la première dans les escaliers. Ce dernier ne quitte pas des yeux son patron resté derrière moi. Il semble attendre un ordre qui ne tarde pas.