Chapitre 18 - 🎶 Jalousie et compagnie

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RAINA

— Pétasse, marmonné-je en tentant de garder une désinvolture non feinte.
— Ne serait-ce pas là les prémices de ce sentiment si aigre qu’est la jalousie ? fait Oro à mon oreille.

Installée au comptoir sur des tabourets, je ne peux qu’être la spectatrice forcée d’un cinéma pas croyable. C’est fou comme l’humain peut être prêt à tout afin d’obtenir l’entière attention du sujet de convoitise. C’est d’autant plus fou quand il s’agit d’une être vile visant un homme que l’on me décrit comme extraordinaire par son côté humain, justement, et qui n’est aveuglé, à l’instant, que par l’enveloppe trompeuse de cette femme cachant un cœur mauvais.
Cameron est pourtant doté d’une intelligence et d’un sens aigu concernant les gens. Alors, comment expliquer qu’il puisse se conduire si admirablement avec cette Mendy de mes deux, croqueuse de diamants ? Ça me dépasse. Son regard qui ne cesse de revenir sur moi, en me narguant, m’horripile, tout comme mon cousin qui décide de ne pas me lâcher.
Je remercie intérieurement la musique qui résonne autour de nous afin de couvrir notre discussion.

— Je ne t’ai pas sonné, il me semble.
— Une chance que je sache lire sur les lèvres, se moque-t-il. Alors, pas fan de Mendy, on dirait.
— Elle me cherche et si elle continue à vouloir me rentrer dedans je ne resterai pas longtemps calme.
— Houlà, et en plus on sort les griffes, évalue-t-il en se frottant la courte barbe de son menton. C’est que tu commences à y tenir à notre Cameron. Finalement, je ne m’étais pas trompé.
— Tu n’y es pas du tout, soufflé-je. Cette conne m’a parlé comme de la merde et s’en est prise à Shu physiquement.
— Sérieux ?! s’étonne-t-il. Tu es sûre qu’on parle de la même personne ?

Je lui lance un regard éloquent et il pince la bouche en abdiquant.

— Elle cache bien son jeu, dans ce cas, en déduit-il. Et je peux savoir ce qu’elle a osé te dire ?

Mon cousin n’apprécie pas que l’on puisse s’en prendre à moi, tout comme moi lorsque ça le concerne lui ou Raimana.

— Ne t’en fais pas avec ça, l’apaisé-je. Mais si je la revois lever la main sur Shu, je lui pète les doigts.

Ce dernier ne me dit rien en se contentant de hocher la tête. Il sait combien j’exècre la violence. Vu notre passé, c’est compréhensible. Et si je dois y avoir recours, il sera conscient que je fasse uniquement front à quelque chose d’injuste et déplacé, et donc justifié.
Après quelques minutes où il reste songeur, Oro finit par enlacer ma main et me tire vers lui.

— Une virée dans le patio ? me demande-t-il.

Je l’observe en tentant de déchiffrer son expression avant d’accepter. Je le laisse me guider jusqu’à ce petit coin extérieur bienvenu tandis qu’on passe non loin de Cameron et Mendy en train de danser. Je prends soin de garder cette expression neutre en ne laissant rien filtrer et pousse même le vice jusqu’à adresser un clin d’œil complice à cette peste.
Je ne veux pas qu’elle puisse croire détenir un quelconque pouvoir sur moi en m’atteignant par son rapprochement avec Cam. Mais Dieu ce que je la hais. Je n’arrive pas à me défaire de la façon dont elle s’est conduite, plus tôt, face à cette femme formidable qu’est Shu, et pour laquelle je voue un amour inconditionnel. Cette Mendy est vraiment une énergumène pour oser s’en prendre à quelqu’un d’aussi bon que cette femme hors du commun. Bon sang, je ne m’en remets pas.

Je prends place dans le même coin que j’ai occupé plus tôt avec Savannah.

— Je ne sais pas ce qu’elle a pu faire, mais je vois bien combien elle a touché une corde sensible en toi.
— Elle s’est montrée odieuse. J’ai pu comprendre dans les silences de Shu que ce n’était pas la première fois et qu’elle était habituée à faire face à cette fille. Elle n’a aucun droit de porter la main sur une personne dont elle juge le rang en-dessous du sien sous prétexte que cette dernière est cuisinière et femme de ménage et non pas une riche héritière ! m’emporté-je.
— Hé, du calme, Raina.
— Désolée, c’est juste que ça me bouffe ce genre de comportement à la con. Ça ne devrait pas avoir lieu d’être.
— Je sais. J’te comprends. Cependant, tu ne peux rien pour tous les cons que compte notre chère planète mère.
— C’est vrai, acquiescé-je, mais le savoir et devoir y refaire face, c’est… grrr.
— Ouais, souffle-t-il en m’entourant d’un bras sur mes épaules et me tirant contre son torse massif.

The sin #half of my soul (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant