Chapitre 48 - 🏙 Plus perdu que jamais

250 35 0
                                    

CAMERON

Je tiens toujours mon téléphone dans les mains quand Oro me rejoint.

─ Tu la eue ?

Je hoche la tête en réalisant peu à peu que la seule chose à laquelle je tiens plus que tout au monde et qui m’est grandement vitale, continue de m’échapper totalement. Elle représente réellement, à cet instant, un nuage de fumée insaisissable. J’ai beau me débattre en mon for intérieur pour l’attraper, mais mes mains passent au travers sans parvenir à la capturer.
Je suis désemparé.

─ Hé, mon pote, dis-m ’en plus parce que là, clairement, tu me fais flipper, vieux.
─ Elle se trouve dans un vol en direction de New York, lui apprends-je en laissant mes yeux posés quelque part dans le vague.
─ Attends, quoi ?!
─ Billy lui a passé un appel et elle pense qu’il a un problème, je crois.

Il pose ses mains sur mes épaules en captant mon regard dans le sien, étonné.

─ Billy lui a téléphoné ? Billy du square près de chez elle ? On parle bien de la même personne là ? tente-t-il de comprendre.
─ Oui, c’est ce qu’elle m’a dit, réponds-je en fronçant les sourcils.

Ce dernier part dans un ricanement, incrédule.

─ Cam, jamais Billy n’oserait déranger Raina ni l’un d’entre nous. Ce n’est vraiment pas son genre. Tu n’as pas noté ce détail depuis que tu le connais ?
─ C’est vrai, mais…
─ Mais rien du tout, putain, elle se fout de nous ou bien ?! s’énerve-t-il. Y a ce tordu aux lettres qui traîne toujours dans les parages et elle ne trouve rien d’autre que de se tirer toute seule.

Il perd les pédales de plus en plus agacé et angoissé à l’idée de la savoir sans sécurité. Je ressens les mêmes agitations sauf que dans mon être tout entier c’est plus un dédale d’émotions qui me percute à grande vitesse tant je suis frappé par ce qu’elle a réellement voulu laisser entendre. C’est bel et bien fini, alors ? Nous deux, c’est révolu  ?

─ Je sais, c’est ce que je lui ai dit. Je venais de lui confier qu’il y avait eu d’autres lettres et apparemment elle n’en tient pas compte. Mais je t’assure qu’elle a bel et bien reçu un appel plus tôt. J’étais là quand c’est arrivé. Elle a demandé à être rappelée parce qu’avec toute cette cacophonie ici, c’était impossible pour elle de comprendre un seul mot. La ligne semblait brouillée.
─ Je dois la rejoindre, s’empresse-t-il de lancer.
─ Nous, le corrigé-je. Le personnel de mon jet privé se prépare pour notre vol en partance pour New York.

Même si elle ne veut pas de moi, pensé-je avec grand mal. L’instant d’après nous quittons tous le Staples Center en direction de l’aérodrome. Durant le trajet, je considère ma situation. Mes problèmes liés à mon patrimoine bafoué sont bien derrière mon dos à ce jour.
En effet, le soir où mon plan a été mis à exécution durant la soirée aux enchères organisée chez ce satané dupeur de Stan, j’étais en train de tenter de me canaliser tout en imaginant le chahut qui devait se dérouler au sein de la demeure Herzigova pour m’y aider car Raina venait de foutre le camp. Je me sentais détruit au plus profond de mon être. Totalement désemparé.
J’ai été surpris lorsque John a laissé sa place dans le hall de l’immeuble pour apparaître chez moi en mettant fin à un appel. Il n’a pas eu le temps de m’en dire davantage car la nuit fut perturbée d’un seul coup.
Il règne toujours dans New York le son des sirènes de la police ou des secours, mais j’ai su tout de suite, quand elles se sont subitement multipliées, que quelque chose de grave s’était produit. Je savais parfaitement d’où cela venait et ce qu’il s’était passé. J’avais pu entendre le son meurtrier de fusils. Tout comme John d’ailleurs, ayant été tous deux présents sur les lieux. 
À cet instant-là, je ne me suis pas précipité sur John pour qu’il m’expose davantage les faits sur ma vie partant complètement en l’air. Non, je me suis tourné vers les baies vitrées, et suis sorti sur la terrasse jusqu’à atteindre la balustrade.
Mendy m’avait une fois de plus surpris en m’ordonnant, dans un bref message laissé à John au bas de l’immeuble où se situe mon bureau, de la rejoindre dans un restaurant du District Financial plus tôt dans la journée.
C’est ainsi, que le lendemain de mon infiltration chez Stan, elle m’a appris non pas que la soirée organisée chez lui allait bel et bien se passer, mais qu’elle avait été surprise de le voir lui exposer l’œuf en la mettant dans la confidence que c’était là un bien qu’il ne vendrait pour rien au monde.
Les minutes suivantes, alors qu’il ne semblait pas vouloir replacer l’œuf à son emplacement habituel, elle avait décidé de s’excuser auprès de lui et avait simulé son départ en restant planquée sur sa propriété. Elle l’a espionné et a pu apprendre la nouvelle position de l’objet.
J’ai eu la surprise d’apercevoir Raina et Preston coincé dans les embouteillages à l’instant précis où elle me divulguait cela. J’avais du mal à croire que la même chose puisse à nouveau se réaliser. Mon cœur a battu des records tant je me suis dit que cette fois-ci, ça serait vraiment compliqué de faire avaler à ma perle que rien d’intime me liait à Mendy. J’étais navré pour moi-même.
Le soir, j’ai bien tenté de lui faire entendre raison, mais elle était tellement bornée, chose que je ne pouvais pas lui reprocher, et moi à bout que cela se soit indubitablement mal passé. En résumé, nous avons fini tous les deux autant blessé l’un que l’autre. Les choses s’aggravaient grandement pour notre précieux nous.
Néanmoins, j’ai dû repartir plus tard en mission sans prévenir Joshua. Seul John m’a accompagné et aidé à m’infiltrer dans le jardin de la propriété Herzigova tandis qu’une fusillade éclatait au sous-sol de la résidence. Nul doute que le grand Salvatore Santoni était en train de laisser la fureur de la pègre s’abattre sur celui qu’il pensait l’avoir dupé en voyant les fausses œuvres être dévoilées sur la petite scénette.
Je me suis pressé jusqu’à la remise et ai suivi les instructions de Mendy à la lettre en découvrant une chaînette pendue parmi d’autres au plafond et, en l’actionnant, qui permettait d’ouvrir une minuscule trappe camouflée au sol.
Ainsi, je récupérais enfin le plus précieux, sentimentalement, des objets ayant appartenus à mes parents et auquel ils tenaient énormément vu ce qu’il représentait pour eux. Le détenir, l’avoir enfin entre mes mains, c’était comme tenir l’amour de mes parents entre mes paumes. Un sentiment indescriptible mais puissant m’a aussitôt envahi. John avait dû littéralement m’arracher de ma torpeur pour que nous puissions enfin nous tirer une bonne fois pour toutes des lieux.
C’est une fois chez moi que tout est partie en vrille. Raina m’a surpris en tenue de camouflage et n’avait plus confiance en moi. Devoir la laisser partir a été la chose la plus dure à effectuer pour moi. Surtout dans l’état de panique dans lequel je me trouvais. Elle croyait même que j’étais le tordu aux lettres ! C’est dire combien j’avais perdu sa confiance. Comme si me revoir en compagnie de Mendy sur la terrasse d’un restaurant n’avait pas été assez pour elle en signant sa saturation à me supporter.
Preston l’a aidée à partir et, anéanti en tentant de ne pas devenir complètement cinglé de voir ma vie partir en lambeaux malgré l’extrême joie d’avoir mis fin à ma carrière de justicier masqué nocturne, j’essayais durement de me consoler en entreprenant de deviner le bain de sang qui devait régner chez ce satané Stan Herzigova.
C’est ainsi que John m’a rejoint.
Sur la terrasse, j’ai noté tout de suite qu’un épais nuage de fumée marron et flamboyant s’élevait dans le ciel nocturne à l’endroit où se trouvait la résidence Herzigova.
John, m’ayant suivi, a seulement dit :

The sin #half of my soul (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant