Chapitre 50 - 🏙 Tourmenté

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CAMERON

Dans la salle de bains attenante à ma chambre, je fixe mon image. Celle d’un homme inconscient qui a permis à une aliénée de mettre en péril la vie de sa bien-aimée. Je ne me supporte pas d’avoir aveuglément causé l’exécution d’une telle chose.
Sans que mon esprit n’ait eu le temps de le commanditer, le coup part. Sec, rapide, vite suivi du fracas du verre qui se brise. Mon corps a réagi avant ma raison. Lui-même ne supportant plus le cerveau de cette anatomie lui prodiguant mille et une souffrances. 
Je ne sens pas le sang qui s’écoule de ma main droite se positionnant à nouveau le long de mon flanc jusqu’à ce que Shu pénètre dans mon sanctuaire accueillant mon état sûrement plus que préoccupant, d’après ses plaintes poussées.

─ Monsieur ! s’écrie-t-elle toute paniquée.

Moi, je ne vois rien d’alarmant à part le fait indéniable que j’ai mis Raina en danger en continuant de voir Mendy. Et tout cela pour quoi ? Pour une stupide histoire de vengeance ! Ces œuvres me sont chères, c’est vrai. Elles sont une part de l’amour que nourrissaient l’un pour l’autre mes parents, mais elles ne représentent rien comparées à Raina.
Parce qu’eux ont vécus leur histoire jusqu’à leur terme, même brutal et imprévu. Parce que la manière dont ils sont partis n’est qu’un coup fatal du destin, un méchant coup, mais c’est la vie. Quant à ce qui a touché ma perle, je suis le seul fautif. Comment ai-je pu me montrer aussi stupide et imprudent en permettant à Mendy d’interagir avec moi malgré les avertissements répétés de mes potes ?
Je n’ai été qu’un sombre idiot. La voilà la réponse. Et pour l’heure, je me déteste. Inerte, je ne bouge pas lorsque Shu soigne ma plaie, je ne le réalise même pas jusqu’à ce que John, suivi de Preston, alertés par la vive plainte de ma cuisinière, apparaisse dans la pièce.
Ils examinent d’un simple coup d’œil les dégâts, soit le miroir brisé et ma main sanglante pour saisir ce qu’il vient de se produire. Ils attendent patiemment que mon employée me bande la main pour prendre la parole.

─ Il a besoin de points, dit-elle à John en passant devant lui avec sa trousse de premiers secours et quittant les lieux.

Ce dernier se place devant moi tandis que je soupire et lève les yeux au ciel.

─ Peu m’importe l’âge que tu as aujourd’hui. Si je dois à nouveau te botter le cul pour mettre un terme à tes conneries, je n’hésiterai pas, m’avertit-il sévèrement.
─ John, veux-tu bien garder tes sermons pour quelqu’un d’autre ? Je vais bien, il n’y a rien de grave. Cela arrive à tout le monde de craquer et péter un plomb, non ?
─ Pas quand tu te mets en danger.
─ Ce n’est qu’un miroir. Il n’y a pas mort d’hommes.

Le simple fait d’énoncer cela me perce une énième fois le cœur. Cela me rappelle qu’il y a bien eu mort d’hommes causée par la folie de la fille que je considérais comme ma plus vieille amie et confidente. Sans omettre qu’elle préméditait de tuer la femme de ma vie.
Je laisse tomber ma tête entre mes épaules, indigné.

─ Comment en suis-je venu là ? Suis-je mauvais pour que toutes ces péripéties me tombent dessus dans un acharnement sans fin ?

Je ferme les yeux, fataliste, en secouant la tête de dépit. John pose une main sur mon épaule en captant mon attention sur lui.

─ Tu n’es en rien coupable des derniers événements passés. Cet auto-apitoiement dans lequel tu sombres, n’est assurément pas la bonne voie à suivre. Il est arrivé ce qui est arrivé par la seule faute et détermination d’une femme détraquée et totalement hors de contrôle. Si tu crois que je ne m’en veux pas pour n’avoir rien vu venir alors que cela se passait sous mon nez concernant tes parents. Il était de mon devoir d’assurer leur sécurité et j’ai failli  à ma tâche.
─ Tu n’y ai pour rien non plus, John, intervient Preston à son tour. Nous nous sommes tous fait rouler par cette femme démoniaque. Ses problèmes étaient bien plus sérieux qu’elle ne le laissait présager.
─ Pourtant, je ne l’ai jamais porté dans mon cœur, nous confie John. J’étais incapable de mettre le doigt sur ce qui clochait réellement avec elle, mais dans un certain sens je ne la sentais pas. Pourquoi n’ai-je pas creusé pour en savoir plus ? Aucune idée. Et je m’en veux terriblement. J’ai sans doute laissé le simple fait de la connaître depuis son enfance m’attendrir. Ça fût une grave erreur.
─ Ne sois pas trop dur avec toi, déclare Preston. Nous avons tous été dupé . Voilà tout.

The sin #half of my soul (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant