Chapitre 42 - 🏙 Quel idiot !

257 34 0
                                    

CAMERON

Je pète les plombs. Il n’y a pas d’autres termes  à ce que je traverse, ce que je vis, car je ne détiens aucun contrôle sur ce qui m’arrive. Je ne parviens tout simplement pas à croire que la seule chose qui me permettait de me sentir enfin en vie, me sorte de la sienne en m’en rayant aussi radicalement sans me laisser la moindre chance de m’expliquer.
D’accord, je lui ai dissimulé quelque chose que je n’aurais peut-être pas dû, mais seulement pour ne pas l’inquiéter et la plonger dans cette noirceur que je peux être amené à côtoyer durant mes rares expéditions nocturnes. Il n’y a pas de mal à cela. Et pour quoi si jamais je l’avais fait ?
Pour l’entendre me dire par la suite de ne pas m’y rendre ? Que c’est trop dangereux ? Qu’elle ne supporte pas que je me mette en danger ? Se faire du mouron pour moi ? Hors de question ! Elle a eu assez son lot de complications dans sa vie sans lui ajouter les miennes.
Et puis ce n’est pas partie d’une mauvaise intention que de lui cacher cet aspect de ma vie. Seulement, en pensant agir au mieux, je suis bel et bien en train d’en payer les pots cassés. Et je dois également avouer que la situation m’échappe totalement. J’ai même envoyer paître Savannah.
Comment a-t-elle pu croire un seul instant que je sois capable de tromper Raina ? Oui les circonstances pouvaient être atténuantes et prêter à confusion. Mais elle devrait mieux me connaître que ça.
Lorsque je suis rentré à nouveau dans le restaurant après la fuite de Raina et avoir ordonné à Preston, toujours présent sur les lieux, de la suivre, j’étais encore sous le choc de son air torturé et ravagé par la peine et la haine naissante. Des mois passés à ses côtés, dans une vie de couple, m’auront au moins appris à deviner ses émotions sous le masque qu’elle tente de rendre impénétrable lorsqu’elle se sent blessée.
Aussi, il ne m’a pas été difficile de saisir ce qui l’écorchait. Comme ce qui m’a poussé à la laisser filer pour ne pas aggraver les choses. Je connais son mécanisme de défense. Raina a besoin de se retrancher sur elle-même, seule, pour tenter de faire face. La laisser m’échapper dans cette rue, m’a été extrêmement difficile, mais je le devais. Pour elle. Pour nous. 
Cependant, je ne m’attendais pas à ce qu’elle se ferme définitivement avec moi.
Savannah m’a reproché tout un tas d’absurdités et entre ma peine et ma peur de perdre celle qui m’est le plus cher au monde, de l’avoir heurtée, l’esprit totalement confus face à ce qui venait de se passer, je me suis montré un tantinet cruel envers elle en l’envoyant sur les roses .
Déçue, elle a baissé les bras et nous a tourné le dos. Alors que seule Mendy a semblé comprendre mon émoi en s’approchant de moi et me soufflant combien elle était désolée, qu’elle se sentait coupable de ce qui venait de se passer et que je continue à prendre soin de moi, j’ai seulement secoué la tête en lui indiquant de quitter les lieux. Mon ton était glacial, mais je ne pouvais pas mieux faire malgré son soutien infaillible dans un domaine que Raina et Savannah ignorent. 
Savannah s’est retournée en jetant un dernier regard assassin à Mendy qui quittait le restaurant, puis à moi, et s’est finalement tirée de chez Grimaldi’s sans un mot de plus et sans avoir eu le temps de rendre visite à Tony, le chef cuisto, dans sa cuisine. Après être resté quelques minutes immobilisé sur place, je me suis décidé à partir à mon tour.
J’ai tenu seulement quelques minutes avant de finalement poursuivre Raina jusqu’à chez elle. John n’a fait que de me lancer des regards inquiets quant à mon état de stress tout du long de la route. Au moins, il s’est abstenu de me lancer ce fameux « je te l’avais bien dit ! » qu’il pensait très fort en m’amenant ici à la rencontre de Mendy.
Sur place, je n’ai eu droit qu’à la porte close de ma perle et son silence. Je crois que j’aurais préféré des cris à ce néant. Les jours ont défilé sans que je ne m’en aperçoive réellement tant je les ai passé dans un état second.
Aujourd’hui, j’en suis au même stade. Même si j’ai enfin fini par délaisser sa cage d’escalier. Je n’en pouvais plus des regards compatissants de ses voisins et de leurs « Tiens le coup, vieux ! » pour certains d’entre eux.
J’aurais pu utiliser ma clé et la confronter avec la réalité, celle où je ne l’ai trahi  en rien hormis lui mentir concernant ma rencontre avec Mendy. Mais cela m’était interdit d’en venir à pareille résolution. Le fait de l’entendre interagir à l’intérieur de son appartement chaque jour me rassurait quant à son état.
Un beau matin, avant que je me tire pour seulement quelques courtes heures au bureau, où ma secrétaire et assistante Sandy ne se formalise plus de mon accoutrement totalement débraillé, Preston et John se sont plantés devant moi. Ils m’ont seulement dit que mon comportement face à ma situation devait cesser.
C’est ainsi que je me suis forcé à quitter son palier en y laissant tous mes appels de détresse mélangés aux effluves des fleurs, que je n’ai pas arrêté de lui faire livrer, flotter dans les airs de son immeuble.
Depuis, je tourne en rond comme un lion en cage dans mon penthouse ridiculement trop grand. Je le trouve vide de tout. Il me fait sentir minuscule et je déteste ça. Cela me renvoie encore et encore combien je me sens seul et égaré.
Shu tente par tous les moyens de me rendre le sourire à coup de plats succulents, mais j’efface tous ses espoirs en ne trouvant tout simplement pas l’appétit.
Preston essaye de me dérider en sortant tout un tas de vannes, qui à l’accoutumé, m’auraient arraché plus d’un sourire en coin, mais mon esprit est fermé. Resté bloqué de l’autre côté du Ed Koch Queensboro Bridge dans le Queens.
John ne se ménage pas lors de nos sessions de boxe. Normalement bavard, il garde le silence et n’y va pas de mains mortes , ce dont je lui suis secrètement reconnaissant car c’est ce dont j’ai besoin.
Mais au fil des jours, mon humeur se fait de plus en plus maussade. Si j’étais triste, ressemblant fortement à une loque humaine les premiers jours, je deviens désormais empli de haine. Et je la mets à profit quant à ce que je m’apprête à faire.
Je passe un appel à Mendy. Elle répond à la première tonalité et je ne m’embête pas de politesse.

The sin #half of my soul (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant