Chapitre 37 - 🏝 Je le hais !

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CAMERON

Je le hais à un point qui pourrait presque m’effrayer si je nourrissais pas autant de rage à cet instant précis. S’il croit que je ne vois pas clair dans son jeu. Amata se démène comme un beau diable afin de m’en faire baver en attisant ma jalousie. Je dois avouer qu’il y parvient avec excellence vu le sommet qu’atteint cet aigre sentiment qui m’éprend entièrement.
Il est clair qu’il est magnifiquement assorti à ma perle des îles. Il m’offre là un tableau à l’apparence parfaite et sublime. Les voir sur cette scène, en tenue traditionnelle, avec leurs colliers et couronnes de fleurs mêlés à des feuilles de plantes, les embellis encore plus si c’est possible.
Je manque cruellement de confiance en moi dès lors qu’il s’agit de Raina. Toute assurance se fout la malle. Je ne cesse de me remettre en question. Je nourris l’angoisse, la crainte de la voir s’évaporer. Désormais, ma vie, mon quotidien, me sont devenus d’une importance vitale parce qu’elle en fait partie.
Avant, je ne me prenais pas le chou. Les choses venaient comme elles étaient, cela se passait sans complication, sans prise de tête. Mais aujourd’hui, tout est différent parce qu’il y a Raina dans ma vie, depuis ce fameux jour où elle est apparue devant mes yeux pour la première fois.
Et depuis, tout un tas de nouveautés malmènent mon âme. Comme la jalousie à ce moment précis. Et la crainte de voir ma précieuse Raina durement gagnée m’être arrachée. Je ne le supporterai pas, tout simplement, bien qu’elle ne m’appartienne pas. Même si dans mon esprit, un instinct purement primaire crie qu’il ne peut en être autrement.
Bien entendu, une floppée de bonnes choses m’éprennent également parmi ce tas de nouveau . L’amour, l’admiration, la fierté, la passion… Et bien d’autres, mais assister à pareil spectacle me tue à petit feu.
Oro cesse ses cris d’encouragements dès qu’il me lance un furtif coup d’œil. L’expression de mon visage que je suis bien incapable de contrôler doit parler pour moi. Assez pour l’interpeller.
Il se penche vers moi.

─ Ce n’est qu’une danse Cameron, tente-t-il de me rassurer.

Je pense sincèrement que là, tout de suite, rien ne serait en mesure de me soulager. Je suis d’ailleurs incapable de lui répondre quoi que ce soit. Il pince les lèvres et retourne à la vue, aussi captivante qu’assassine pour mon pauvre cœur, se déroulant sur scène.
Dieu qu’elle est belle… Je voudrais qu’elle danse ainsi uniquement pour moi. Aussitôt, un fantasme se pare de mon imagination : Raina, aux pieds  de mon lit, se dénudant au fur et à mesure qu’elle danse le ‘Ori Tahiti avec des manières hautement sensuelles et des ondulations de hanches ensorcelantes.
Je ne peux réfréner l’excitation qui m’envahit malgré mon état à fleur de peau.
Finalement, une chose se produit en tarissant subitement mon angoisse et envie de meurtre sur la personne au physique de Dieu polynésien qui colle de trop près ma précieuse perle. Cette dernière se presse d’abandonner la scène, les yeux recelant de vive inquiétude et ne m’ayant à aucun instant quitté de vue, pour foncer me rejoindre.
Quel bonheur de voir dans ce seul regard, le besoin urgent de me soulager en même temps qu’un joli éclat de tendresse m’étant seulement destiné.
La voir revenir vers moi est juste jouissif. Il est clair, en cette seule démonstration devant toute la salle, qu’elle m’a choisi moi, qu’elle reviendra toujours vers moi. Je me sens tellement privilégié et fier à cet instant.
Cela veut dire que c’est vrai, qu’à ses yeux je suis mieux et vaut peut-être mieux que ce mastodonte toujours sur scène au physique impressionnant. Eh bien, je ne suis pas de nature arrogant , mais là, cela monte en véritable pic en moi faisant doubler l’élan de mon cœur et ma graduation sur l’échelle du bonheur.
Juste : Waouh !
Le baiser que je lui donne lorsqu’elle se trouve enfin à ma portée peut être jugé déplacé, mais je n’en ai que faire. Et quel plaisir de voir qu’il en est de même pour elle. Seul compte son besoin de me soulager, et bon sang, je suis autant heureux que je bande comme un âne.
Dieu soit loué, une nappe assez longue frôle le haut de mes cuisses et cache l’impact qu’à cette petite sorcière des îles sur ma pauvre personne. L’exhibitionnisme ne m’a jamais posé problème, mais n’oublions pas que sa grand-mère se trouve à ma table. Sa petite-fille me rend littéralement fou. Fou de désespoir, d’envie, de tout.
C’est tellement fort…
Ce que Raina et moi partageons n’appartient qu’à nous et est unique. C’est un trésor que je ne partagerai pour rien au monde. Et voilà que je recommence. La part Néandertalienne en moi ne peut rester bien longtemps recluse. Je la retiens avec grand mal tandis qu’elle s’exclame dans mon être tout entier : « À moi ! »
Hautement  rasséréné, j’assiste à la scène improbable où Oro tombe par hasard sur celle que je devine sans mal être Roimata. Son unique. Mon Dieu, il ne m’a pas menti. Cette dernière porte bel et bien les marques de l’animosité qu’avait engendré en lui un passé atroce qui l’habitait auparavant. J’en vois tous les ravages. Ils sont là, affichés à la vue de tous sur un visage qui reste magnifique malgré tout, mais tant meurtri…
C’est éprouvant et malheureux.
L’instant suivant, après avoir tenté, peut-être maladroitement de capter l’attention de cette dernière, Oro ressent le besoin de prendre l’air. Je laisse les autres, hormis Raimana, qui s’interrogent sur ce qui vient de se produire, car il était assez clair pour quiconque ignorant tout de leur histoire qu’il y en a eu bien une à un moment donné de leur vie.
Je retrouve le cousin de Raina à l’extérieur, appuyé contre une colonne de la devanture de l’hôtel. 
Ses yeux nagent dans le vague tandis que son air torturé ne m’échappe pas.

The sin #half of my soul (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant