Sophia posa la première le pied hors du bateau qui les avait conduits jusqu'à la Palestre. La française inspira profondément, nostalgique. Elle aurait aimé revenir ici avec son fils, mais... C'était certainement mieux qu'il soit parti de cette manière. Elle se consolait en se disant qu'il était sain et sauf, quelque part, et qu'il pouvait voyager selon ses envies. Il était libre.
- Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue ici... murmura Ofelia en s'arrêtant à côté d'elle.
- Tu es sûre de ce que tu veux faire ? s'inquiéta Sophia en se tournant vers son amie.
- Je... Je vais rester en observation quelque temps. Ensuite, je me déciderais.
Sophia acquiesça lentement. Dire qu'avant, elle avait dû presque se battre pour qu'Ofelia enseigne à la Palestre ! Enfin, rien n'était décidé...
La journée se passa tranquillement. Ofelia se réhabitua aux couloirs de la Palestre, à ses nombreuses salles, et à ses élèves. Par moment, elle s'arrêtait, pour observer un lieu, un objet, et elle songeait alors au Chevalier d'Argent de Persée, qui avait disparu... Et cela la rendait particulièrement triste. Immobile devant l'une des nombreuses statues de l'île, Ofelia semblait pensive.
- Maman...
Sage s'était avancé vers sa mère. Delthea, accrochée à sa jambe, le suivait en le tenant comme si sa vie en dépendait.
- Je ne t'ai pas beaucoup vu, ces derniers temps... murmura Ofelia avec une pointe de tristesse.
Le jeune Chevalier ne répondit rien, se contentant de baisser la tête.
- Est-ce que tu m'en veux ? demanda l'espagnole avec angoisse.
- Non... Plus maintenant.
Ofelia esquissa un maigre sourire, avant de faire de nouveau face à la statue, qu'elle regardait avec une pointe de curiosité mêlée à sa nostalgie.
- Tu sais... Ça n'a pas été facile pour moi non plus. Quand je suis partie... Je m'inquiétais beaucoup pour toi. Je me demandais comment tu allais gérer ce que tu as entendu de ma conversation avec Deathmask.
- J'étais... Déboussolé, admit-il calmement. Mais en grandissant, j'ai compris que tu n'étais en rien responsable, que tu as été victime de ce qui est arrivé. Alors j'ai préféré te soutenir.
- Quand je suis revenue, tu n'avais pourtant pas l'air des plus enchantés.
Sage conserva un long silence coupable, avant de s'expliquer d'une phrase qui tomba lourdement :
- Je pensais que tu reviendrais plus tôt.
- Je comprends...
- Et tout est allé très vite... murmura-t-il en serrant les dents. Je pensais que j'allais réussir à rester maître de mes émotions, mais... Je suis désolé.
- Tu n'as pas à t'excuser. C'est normal. Je n'ai pas été la meilleure mère qui soit avec toi. Mais je te promets que je vais me rattraper, maintenant. Tant que tu n'oublies pas ta promesse.
- Oui, assura-t-il d'une voix déterminée.
Delthea, silencieuse, écoutait, mais n'en pensait rien. Ces choses là ne la concernaient pas. Ofelia la regarda un instant, avant de se pencher à sa hauteur.
- Elle est vraiment mignonne... souffla-t-elle en la considérant avec de grands yeux émerveillés. Et je crois qu'elle t'aime beaucoup.
- Parfois, j'étais amené à m'occuper d'elle, quand Kévin refusait de le faire. C'était rare. Mais depuis peu... Elle ne me lâche pas.
La petite leva ses grands yeux curieux vers lui. Elle afficha alors une mine peinée, marquée par les paroles du jeune Chevalier.
- Je t'embête ? demanda-t-elle de sa petite voix claire.
- Non, pas du tout, assura Sage en la prenant dans ses bras.
Ofelia observa la scène, heureuse de pouvoir constater que son fils avait bien grandi. Il était mûr, responsable, calme et réfléchi. Sa bienveillance se reflétait dans son magnifique regard grisé, et elle n'en était que plus fière.
- Bon... soupira-t-elle. Apparemment, ton père veut me parler du rôle que j'aurais à jouer ici. Il faut que j'y aille. On se rejoint au réfectoire, pour dîner ?
- Avec plaisir.
- Maman sera là aussi ! s'extasia tout à coup Delthea.
L'espagnole leur adressa un sourire, avant de s'éloigner. Tout le temps qu'elle marcha, elle sentit comme un poids l'accabler. En réalité, à mesure qu'elle s'approchait du bureau, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la culpabilité, mêlée à sa timidité habituelle qui refaisait soudainement surface. Et cela la tirailla jusqu'au moment où elle s'apprêtait à toquer. Elle n'en n'eut cependant pas le temps. Sophia l'en avait empêché.
- Je dois te parler de quelque chose, avant... murmura la française d'une voix honteuse.
- Comment... Qu'est-ce que... ?
- Viens, allons dans ma chambre.
Sophia entraîna son amie jusque dans ses quartiers privées. Cela rappela à Ofelia quelques souvenirs. Elles s'assirent ensemble sur le lit, et l'espagnole remarqua à quel point son amie semblait tourmenter.
- Je n'en n'ai parlé à personne. Même Aiolia n'est pas au courant. Et... Et je ne pensais pas te le dire non plus. Mais... C'est de pire en pire.
VOUS LISEZ
Les Héritiers des Dieux _ Tome 3 _ Le retour des Forces du Mal
FanfictionLoki a été vaincu. Les Chevaliers d'Or sont de retour au Sanctuaire, et le temps a passé. Sophia mène désormais une vie paisible qui la rend heureuse, malgré les quelques hostilités de son fils aîné. Néanmoins, une ombre plane sur le Sanctuaire, mai...