Les Héritiers des Dieux _ Tome 3 _ Le retour des Forces du Mal

Chapitre 13 _ Confusion

Sophia tournait en rond depuis plusieurs heures, un carnet en main, un crayon dans l'autre. Elle dessinait, écrivait, griffonnait, et recommençait à chaque fois car le résultat ne lui convenait jamais. Cela faisait deux, ou peut être trois jours, qu'elle réfléchissait au déroulement de son mariage. Avec Aiolia, elle avait convenu de beaucoup de chose, mais trop d'éléments demeuraient sombres, incertains.

Pourtant, pour des raisons pratiques, il avait été décidé que le mariage aurait lieu le plus tôt possible. La date était prévue une semaine après la fin des vacances scolaires, et c'était la raison pour laquelle on lui avait octroyé des congés.

Tout avait bien avancé. Les invitations étaient envoyées, les salles réservées, les décorations préparées, les repas commandés... Mais Sophia demeurait nerveuse, inquiète même. Comment pouvait-elle seulement imaginer son mariage sans Ofelia ? Et si jamais son fils et Sage ne revenaient pas à temps non plus ?

- Sophia ?

Surprise d'être perturbée dans ses réflexions, la jeune femme se retourna vivement, en sursautant même. Ce n'était qu'une suivante du temple du Grand Pope... Là où vivait Blaine, le chef des Diacres, celui qui endossait le rôle de commandement.

- Le Chef des Diacres vous attend.

- Il m'attend ? s'étonna la française. Mais je n'ai pas demandé audience.

- C'est lui qui la réclame. Il... L'exige.

Sophia soupira. Elle ne savait pas ce que Blaine lui voulait, mais puisque c'était lui qui dirigeait tout maintenant... Elle posa ses affaires, et se résigna à suivre la domestique, jusqu'au dernier temple. On la laissa seule avec le chef des Diacres qui, debout, observait sereinement le trône du Grand Pope.

- Je me suis toujours demandé quel homme, ou quelle femme, pouvait-être suffisamment digne pour siéger là haut, déclara-t-il sans même se retourner. N'accordes-tu donc pas d'importance à ces réflexions là, élue ?

- Pas vraiment. Que me voulez-vous ?

- Que d'empressement... murmura-t-il en daignant finalement lui faire face.

- C'est que je suis pressée.

- Ah oui... J'ai entendu la nouvelle. Quel heureux évènement... Je dois reconnaître que je ne m'y attendais pas du tout.

Sophia fronça légèrement les sourcils, reculant de quelques pas. Elle n'aimait pas le ton qu'il employait, et elle avait peur des mots dont il pouvait user.

- Mais vois-tu, je suis un peu gêné. Le Chevalier d'Or du Capricorne est rentré de la Palestre, tu le sais sans doute. Il m'a confié les récentes avancées des élèves, et... C'est assez troublant.

- Je n'ai jamais demandé le moindre congé, Monsieur. J'ai toujours accompli mon devoir, et si vous essayez de me convaincre de reporter mon mariage pour me consacrer exclusivement à mon travail, il en est hors de question.

- Très bien. Je ne te demanderais pas de le reporter. En revanche, je te somme de l'annuler sur le champ.

La française en resta muette de stupeur. Comment pouvait-il exiger cela ? En avait-il le droit ?

- Vous n'avez aucun pouvoir sur ma vie, s'offensa-t-elle après un temps.

- Tu étais une servante personnelle de la Déesse Athéna, et aujourd'hui c'est sous mon ordre que tu travailles. Le Sanctuaire possède des règles strictes, tu es bien placée pour le savoir.