Testament D'un Mariage

Chapitre 28 :

Point de vue de Aisha :

Ce matin, tout le monde était de sortie, Hussein et Maria étaient partis au boulot, Mamy était à l'université et belle-maman avait un baptême.
Donc il n'y avait que moi et Khady la femme de ménage, l'autre était absente aujourd'hui car paraît-il, elle était souffrante. Vu que nous étions seules je me proposais à la joindre dans la cuisine, je ne faisais pas grand chose parce que j'avais la petite Maria dans les bras.
Je lui tenais juste compagnie on va dire !

- Aisha, est-ce qu'on peut parler de...de façon un peu personnelle ? Demande t'elle.
- Oui biensur que oui Khady !
- J'ai entendu dire que tu as payé le weekend à Hussein et à Maria, c'est vrai ?

Ah, ce sujet là !

- Euh oui ! Abdiquais-je.
- Pour moi c'est bizarre, n'es-tu pas jalouse ? C'est irréel pour moi tout ça.
- Maria m'a cédé Hussein durant plus d'un mois, avant mon accouchement et même aprés ! Tu crois vraiment que leur payer le weekend à Saly est quelque chose à côté des 5 semaines où elle a suggéré voir même forcé notre mari à rester avec moi ?
- C'est vrai ! J'avais pas pensé à cela !
- Elle ne doit pas être plus généreuse et noble que moi ! Malgré que je ne lui arriverais jamais à la cheville, je dois essayer car elle me met toujours en avant et elle pouvait ne pas le faire. Elle a su prendre sur elle durant 5 semaines, pourquoi moi ne pourrais-je pas le faire durant 2 jours ?
- Faut preciser aussi, que tu as été trés gentille avec elle. Avec tout ce que tu as vécu dans cette maison, tu as pris sur toi pour la laisser à l'aise. Tu as été sympa avec elle alors que tu n'avais pas encore avaler le fait que Hussein est devenu polygame. La cerise sur le gateau, elle vient vivre sur le même toit que toi sans que tu n'ais eu ton mot à dire. Tu aurais pu emmener la zizanie dans la maison mais jamais tu ne l'as fait. Jamais !

J'haussais les épaules.

- Je sais pas ! Finis-je par dire.
- Cependant cela ne change rien au fait que Maria est une personne vraiment exceptionnelle et toi tu es vraiment spéciale ! Dit-elle tendrement.
- C'est une femme drôle, solidaire, intelligente et qui sait dire et assumer la vérité. Elle est trés gentille et surtout trés authentique. Ma sha Allah.
- Malgré que vous soyez tous les deux de bonnes personnes, je ne comprends pas comment faîtes vous pour être amie ?

Je souris, incrédule.

- Je ne peux pas dire que nous sommes ''amie'' si pour toi ''être amie'' signifierait ''tout se dire'' ! Car Maria et moi ne nous disions pas tout, déja on ne parle presque jamais d'Hussein car cela susciterait plus de la jalousie et de l'animosité qu'autre chose. Si on en vient à parler de lui c'est vraiment parce que le choix ne se présente pas et ce que l'on s'apprête à dire ne peut pas blesser l'autre. Donc nous ne parlons pas de notre couple, et des choses intimes. Quand on se parle c'est pour parler des sujets à termes ouverts et qui ne parle pas de la vie de couple, on parle pour partager des avis, des conseils et pour parler de ce qui nous lie : La religion ! Donc nous ne sommes pas ''amie'' mais nous sommes soeurs en Allah et je crois que cela est plus fort. En vérité , les coépouses doivent être des rivales mais des rivales dans l'oeuvre du bien. Elles devraient être rivales dans le bon comportement, dans la maniére, dans la sincérité, dans le fait de se battre contre leur jalouie... Mais non pas des rivales qui cherchent à faire couler l'autre ! Qu'Allah nous en épargne !
- Sommes nous donc forcés à être amie avec nos coépouses ?
- Non, mais dans le moindre des cas, au moins qu'il y ait la paix qui régne entre ces elles. Je veux dire par là, le fait d'éviter de nuire à l'autre et de ne pas lui souhaiter de mal. Si les coépouses n'arrivent pas à s'entendre, au moins que chacune soit concentrer sur son propre rôle d'épouse et se consacre dans l'adoration pendant les jours où le mari est absent; tout en ne nuisant pas à l'autre femme de son mari.
- Oui la vie est si courte pour se concentrer sur une coépouse en médisant d'elle, en commettant la sorcellerie, le maraboutage, la calomnie... Mais dis moi, et la jalousie ? Ça n'arrive pas des fois ?