𝙱𝚕𝚞𝚎𝚙𝚛𝚒𝚗𝚝

Vingt-cinquième scène

Minho tentait une autre approche avec Chan, pas que celui-ci repoussait ses autres tentatives, mais il n'avait pas l'air de comprendre le fond de la pensée du roux. Si la manière discrète n'allait pas, il allait tenter d'y aller plus franco, quitte à passer pour un idiot.

Peut-être que s'accrocher à son bras avec un grand sourire était assez équivoque ? Peut-être devait-il carrément lui dire qu'il lui plaisait. Ou simplement rester naturel et honnête, et plus oser lui dire ce qu'il pensait, oser lui dire quand il le trouvait beau, quand il l'amusait et autre. Ça avait l'air d'être la meilleure solution.

Alors, quand il le vit sortir de son Range Rover, il vérifia que rien ne clochait dans sa tenue ou qu'il n'avait rien de coincer entre les dents avant de s'adosser au mur derrière lui et de sortir une cigarette pour se déstresser. On pourrait le comparer à une adolescente face à son premier crush mais c'était peut-être un peu ce qu'il était.

Il voit Chan saluer Felix d'une accolade avant qu'il ne le repère et qu'il lui fasse signe de s'approcher. Minho n'hésite pas longtemps avant de se décider à se décoller du mur et d'éteindre sa cigarette pour éviter de gêner l'équipe avec la fumée.

Il ne connaissait pas trop l'acteur à la chevelure argentée mais c'était l'occasion de voir si il était quelqu'un de bien en plus de passer du temps en compagnie de l'homme qui lui plaisait. Mais même si cette occasion le réjouissait, ce n'était pas le cas de tout le monde.

Changbin était assis sur l'une des chaises mises à disposition. Aujourd'hui c'était le tournage des scènes dans un hôpital et l'équipe de production avait pu en privatiser un entier qui venait d'être construit et qui n'était pas encore ouvert. Et, quand il vit Minho entrer dans le bâtiment en compagnie des deux autres, il ne put s'empêcher de sentir son cœur se serrer en soupirant.

Il passa une main dans sa chevelure bleutée, tentant de remettre de l'ordre dedans autant que dans son esprit mais rien n'y fit. Ses cheveux restèrent toujours un peu en bataille tout comme ses pensées. Un méli-mélo de sentiments qui tournaient en rond dans une insupportable farandole.

Une main posée sur son épaule interrompit le fil de ses sombres pensées et Changbin releva les yeux vers la personne en face de lui. Ce fût la chevelure blonde et le doux sourie de Jeongin qui lui fit directement quitter ses tourments, ce jeune homme avait un don relaxant sur n'importe qu'elle personne.

-Changbin, je vais avoir besoin de toi pour quelques ajustements pour la scène de l'ambulance, je n'ai pas reçu les bonnes mesures.

-Oh oui bien sûr je te suis.

Le blondinet était légèrement plus grand que son aîné mais pas aussi bâtit que lui, ce qui donnait un contraste assez amusant. Jeongin conduit le bleuté jusqu'à une pièce qui servait de loge et sortit les vêtements de leur housse avant de lui tendre pour qu'il se change.

Concentré sur son matériel de couture, le cadet n'avait pas prêté attention au fait que Changbin ait finit de se changer ou non et se retrouva avec un torse nu et musclé face à lui. Son pauvre cerveau dû subir un redémarrage avant de redevenir fonctionnel et il s'excusa plusieurs fois envers son aîné.

-Jeongin ce n'est vraiment pas grave ne t'inquiète pas, c'est limite plus gênant que tu t'incline, vraiment c'est rien !

Le bleu, un sourire amusé aux lèvres, essayait de rassurer le plus jeune comme il pouvait. Une fois qu'il eut complètement finit d'enfiler ses vêtements de scène, Jeongin le plaça devant un grand miroir et commença ses ajustements, notamment au niveau de la veste. Le plus vieux le regarda faire à travers le reflet de la glace face à lui.

La mine concentrée, le blond essayait de faire quelque point de couture discret au niveau des épaules. Il voulait éviter de coudre le t-shirt avec et par la même occasion, piquer Changbin avec l'aiguille.

Sans s'en rendre compte, son souffle venait s'échouer contre le cou du plus petit, lui causant des petits frissons. Jeongin avait rapidement ressentit de l'attirance pour l'homme à ses côtés, lui trouvant un certain charme où les gens pouvaient le trouver rude.

Mais le jeune homme était quelqu'un de timide et discret, n'osant pas trop s'imposer, ne voulant pas déranger et ayant souvent peur de mal faire ou de gêner les gens. Alors, il avait refoulé cette mélasse de sensations dans un coin de sa tête, essayant de l'oublier. De toute manière, il n'était que styliste, une fois le tournage terminé il n'allait plus revoir son ainé donc à quoi bon.

Pourquoi tenter le diable et jouer avec le feu au risque de s'y brûler quand on peut rester loin de ce brasier ardent qui vous consume et vous étouffe de sa chaleur. Il valait mieux attendre que le feu se meure et ramasser les cendres laissées derrière. C'était toujours moins douloureux.

Mais peut-être que s'en tenir éloigné n'était pas la meilleure des solutions. Cette flamme avait quelque chose de fascinant, d'envoutant, un terriblement beau mélange entre la tentation et la dangerosité. Il voulait s'y réchauffer, laisser la lueur orangée lécher son visage dans une danse dont elle seule connaissait le secret.

Mais Jeongin avait peur. Il préférait rester dans ce blizzard froid et douloureux, regarder de loin pour ne pas finir engloutit et ne plus pouvoir s'en sortir autrement que brûlé. Alors il restait en bon petit spectateur.

Il devait être trop loin dans les tribunes de la tempête pour remarquer que cet incendie qu'il voyait tout dévorer, n'était plus qu'une pauvre flammèche vacillante dangereusement, sur le point de s'éteindre n'ayant rien pour la raviver. Personne ne voulait être son combustible et elle risquait de laisser derrière elle qu'un petit nuage de fumée qui piquait un peu les yeux et qu'on oubliait rapidement.

À moins que, le blond continuait de la raviver inconsciemment, en soufflant dessus délicatement comme il le faisait actuellement sur la nuque de Changbin, toujours concentré sur ses points de couture.

Peut-être que si il osait se rapprocher un peu plus, il pourrait devenir ce combustible qui aiderait la flamme à reprendre toute sa splendeur. Mais il lui manquait encore cette étincelle de courage.