Vingt-troisième scène

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Jisung poussait machinalement le caddie devant lui, il c'était levé tôt ce matin, espérant avoir le temps de ranger son appartement et faire ses courses de la semaine. L'heure fatidique approchait et le noiraud la redoutait grandement, trainant entre les rayons comme-ci c'était la solution. Plus il trainait, plus des paquets inutiles se rajoutaient, comme ce paquet de préservatifs alors qu'il était seul. Mais après tout, on ne sait jamais.

Mais il fallait bien rentrer un jour et il se retrouva bien vite à mettre les courses dans son coffre. Il devait lui rester une bonne demi-heure avant l'arrivée de son aîné mais il devait quand même accélérer la cadence. Il rentra rapidement à son loft et déchargea rapidement les sacs avant de tout sortir sur la table de sa cuisine et de commencer à ranger.

Alors qu'il lui restait encore quelques affaires à ranger, la sonnette de l'entrée résonna et le jeune homme se précipita pour ouvrir la porte, dévoilant l'argenté, le visage neutre. Jisung lui fît signe d'entrer et de le suivre jusqu'à son salon.

Ils étaient seuls, l'atmosphère tendue et le noiraud avait l'impression d'étouffer. Felix jaugeait l'habitat du regard avant de prendre place sur le canapé qui lui avait été indiqué, trônant au centre de la pièce.

-Tu veux quelque chose à boire ?

-Un verre d'eau ça ira.

Le plus jeune acquiesça silencieusement et alla dans sa cuisine qui était ouverte sur le salon. Le verre d'eau fût rapidement prêt mais Jisung mis du temps à trouver sa propre boisson. Son lait à la banane avait décidé de jouer à cache-cache à son plus grand désespoir.

-Et bien... je ne pensais pas que tu voudrais aller aussi loin...

Le noiraud se retourna brusquement à l'entente de cette voix grave et prit une teinte pivoine en voyant la petite boîte que tenait Felix. C'étaient les préservatifs qu'il avait laissé sur l'îlot, où se trouvait aussi son paquet de brique de lait à la banane.

Il se précipita vers l'argenté pour lui reprendre la boîte des mains, mais, il heurta le verre d'eau avec son coude quand il se recula brutalement. Le verre vint s'écraser contre le sol carrelé de la cuisine et l'eau ainsi que des morceaux coupants s'étalèrent sur le sol en un fracassement.

Jisung baissa piteusement la tête, il avait l'air bien bête comme ça, avec une boîte de préservatif, les chaussettes trempées et des bouts de verre autour de lui. Ses mains tremblaient légèrement et des perles salées commençaient à s'accumuler au bord de ses cils. Toute la pression accumulée ces derniers temps commençait à le faire craquer.

Felix se rendit compte d'où leurs gamineries les avaient menées, c'était partie trop loin et ça commençait à les atteindre psychologiquement en plus de menacer leur carrière. C'est en voyant l'état de son cadet que cela le frappa. Il lui reprit la petite boîte des mains pour la poser et empoigna la taille de Jisung pour l'asseoir sur le plan de travail.

Le plus jeune n'eut pas le temps de comprendre quoi que ce soit, étonné par son geste, la facilité qu'il avait eu à le porter ainsi que le fait que son aîné se retrouve à nettoyer ses bêtises. Jisung resta silencieux tout du long et il se crispa quand Felix reprit la parole.

-Désolé... je ne voulais pas... enfin... pas que pour ça mais...

Le noiraud esquissa un petit sourire devant l'hésitation de son aîné et quitta son perchoir pour lui faire un autre verre d'eau qui fût entier cette fois. L'argenté le remercia doucement et le vida en deux gorgées, sa bouche pâteuse et asséchée en avait bien besoin.

-Donc tu voulais me dire ?

-Je...désolé de m'être emporté au café la dernière fois... et d'avoir continué dans une dispute aussi débile et immature... Ça nous a pesé sur le moral et sur l'équipe et menacé notre carrière... Enfin voilà, je suis désolé.

-J'y suis aussi pour quelque chose, si je n'avais pas enfoncé l'affaire à chaque fois on n'en serait pas là. Donc... moi aussi je suis désolé.

Il eut un blanc, personne n'osait se regarder et les meubles de la cuisine paraissaient soudain très intéressants. Et puis, un éclat de rire. Vite suivit d'un autre. C'était un fou rire incontrôlé qui les avait pris tous les deux ils avaient bien du mal à se calmer, la situation était tellement débile et la pression retombait enfin.

La petite boîte de préservatif ne sera peut-être pas utile tout de suite mais c'était un bon début. Désormais, ils allaient faire en sorte que ça ne recommence plus, et mieux, que ça s'améliore. Jisung réussi à se calmer le premier, essuyant ses larmes qui avaient coulés de ses yeux et reprenant une respiration plus stable.

-On pourrait quand même essayer de faire leur pseudo thérapie de couple.

-Tu sais en quoi ça consiste ?

-Absolument pas !

-On est mal barré...

-Mais non.

-Si.

-Non.

-Si.

-Tron...

Jisung affichât un sourire innocent alors que Felix le regardait l'air blasé. Même s'ils n'étaient plus des enfants, les vieilles blagues marchaient toujours.

-Un conseil... cours.

Le plus jeune perdit son sourire et commença à piquer un sprint pour quitter la cuisine et faire le tour de son salon pour semer l'argenté. Les escaliers furent à sa porter et il grimpa les marches quatre à quatre pour atteindre la mezzanine qui accueillait sa chambre et son bureau.

Son aîné le suivait de près, mais il avait le désavantage de ne pas connaître les lieux, notamment le petit passage un peu planqué qui reliait le bureau à la chambre qu'avait emprunté Jisung pour se cacher derrière son lit.

Felix avait fini par entrer dans la chambre et remarqua la petite touffe de cheveux noirs qui dépassaient du matelas. Il se mit à quatre pattes sur le lit et s'approchât doucement de la position de son collègue avant de se pencher vers lui, se retrouvant la tête en bas en face de Jisung.

-Après les préservatifs c'est ta chambre... Dois-je comprendre quelque chose ? Je ne savais pas que la scène qu'on avait tournée te donnerait envie à ce point.

Les joues rouges de son vis à vis lui montra qu'il n'avait peut-être pas totalement tort, à moins qu'il soit innocent au point d'être vraiment très gêné par ses dires. Pour se venger, le noiraud pris les poignets de l'australien et le tira vers lui pour le faire tomber de son lit, même s'il se faisait écraser au passage.

Difficile à croire qu'il y a quelques minutes, ilsétaient comme chien et chat à se regarder de travers. Mais c'était mieux ainsiet pour tout le monde, il fallait juste espérer que ça continue comme ça.

𝙱𝚕𝚞𝚎𝚙𝚛𝚒𝚗𝚝Où les histoires vivent. Découvrez maintenant