— Tu voudras mes morceaux de concombre ?
Katsuki relève la tête, les joues gonflées de riz.
Aujourd'hui, il déjeune avec Shoto, encore une fois. Ils se sont installés proche du bâtiment des sciences, pour y être tranquille. Personne ne passe dans ce coin, tous occupés dans des carrés d'herbes un peu plus grands ou encore, assis sur une chaise confortable de la cafétéria. Adossés sur le mur de béton du bâtiment, à même le sol, les deux adolescents dégustent leur bento tout en discutant du cours de mathématiques qu'ils ont eu dans la matinée.
Katsuki apprécie la demande de son ami, lui qui ne s'attendait pas spécialement à ce qu'il lui fasse une proposition comme celle tout juste d'exécutée.
Mais il voit bien que le garçon à sa droite est sérieux. Il tient une lamelle de concombre entre les extrémités de ses baguettes, attendant le feu vert pour la déposer dans l'autre boîte.
Pris sur le coup, Katsuki ne sait pas quoi répondre. Depuis ces deux petits jours où il a eu cette idée de lui tendre la volubilis, il a l'agréable sensation qu'il s'est rapproché de son camarade. Déconcerté, il hoche tout de même la tête de haut en bas, acceptant sa demande. La lamelle de légume est coupée de manière assez irrégulière, tantôt trop fine, tantôt trop épaisse, comme si on ne savait pas manier un couteau. Lorsqu'elle tombe au milieu de son assortiment de riz blanc et nature, Katsuki sent un brin de chaleur venir enrober son estomac, remonter le long de son dos pour trouver refuge sur ses joues, devenues un peu plus rouges.
— P-Pourquoi tu me donnes cela ? demanda-t-il, pas sûr de comprendre sa démarche.
— Tu n'as que du riz. C'est triste.
Katsuki lève les yeux au ciel. Quelle importance ? Ce n'est que du riz, ce n'est pas incroyable mais il n'y a pas non plus à en être pathétique. Il réplique :
— J'ai pas eu le temps de faire autre chose, et puis, c'est suffisant. J'ai pas besoin de plus.
Shoto redresse le menton, plongeant ses yeux vairons dans les iris de Katsuki. Ce dernier détourne le regard, les lobes d'oreilles rouges.
— De rien, déclare finalement Shoto après un court moment de silence.
L'autre garçon renifle, rougit un peu plus.
— Hum... Ouais, merci.
Sans qu'il ne s'y attende, les lèvres de Shoto s'étirent de chaque côté. Elles s'étirent dans un minime sourire presque imperceptible. Sûrement invisible pour ceux qui ne s'arrêtent pas, ne prennent pas le temps de le remarquer. Mais pour Katsuki en revanche, ce micro-sourire est similaire au début d'une promesse sur le point de naître. S'il n'avait pas pris le temps, lui, de s'arrêter face à ce garçon discret, il aurait été comme tous les autres idiots qui marchent devant eux. Il n'aurait pas vu la lumière éclairer ce visage par la simple idylle d'un si petit retroussement de lèvres.
Mais il le voit. Alors les autres, il s'en fiche.
Pendant le reste de la journée, il ne cesse de revoir en boucle ce léger sourire. Comme un fantôme du passé qu'il ne peut oublier. A chaque fois que cette nouvelle facette de Shoto se présente dans son esprit, il ne peut pas non plus faire comme s'il n'y avait rien. Plusieurs fois, il s'est fait reprendre par un professeur, coupant court à ces rêveries.
Même lorsqu'il fait un signe de main à Shoto pour lui souhaiter un bon trajet à la gare, il ne fait qu'y repenser.
Shoto de son côté, n'a rien remarqué. N'a même pas fait attention à son action, comme si son sourire n'avait pas été exécuté par lui mais par une autre personne. A vrai dire, il n'avait pas fait plus attention que cela à Katsuki pour le restant de la journée. Il rentre chez lui, c'est tout.
Les jours avancent à une vitesse folle. Alors que la classe s'avance pour passer d'une œuvre à une autre dans le musée d'art contemporain, Katsuki soupire. Presque un mois maintenant qu'il côtoie Shoto. Que les deux lycéens traînent ensemble jusqu'à la gare, mangent à midi et discutent d'un peu tout et n'importe quoi. Souvent, les mêmes sujets reviennent sur la table. Les cours, les devoirs, les exercices à faire. Jamais trop sur eux-mêmes.
Cela ne déplairait pourtant pas à Katsuki, d'en apprendre plus sur son ami. Ce dernier ne dit toujours rien, se contente d'écouter les monologues de Katsuki. Même encore aujourd'hui, il ne donne pas l'impression d'apprécier la sortie scolaire dans laquelle ils sont prisonniers. Du coin de l'œil, il le voit prendre des notes, suivre le groupe sans réelle envie.
Et aujourd'hui plus qu'hier ou demain. Maudit soit ce vingt du mois. Il n'a pas évoqué son anniversaire, ne voulant pas venir à penser que Shoto puisse le voir comme quelqu'un de narcissique. Au contraire. Seulement, outre l'événement qui n'intéresse que lui, il a envie de faire quelque chose. D'indirectement, partager avec Shoto une de ses passions.
Alors sortant des rangs pour s'approcher de lui, qui regarde d'un air absent les éclats de couleurs vives sur la toile face à lui, Katsuki lui tapote l'épaule pour attirer son attention. Shoto penche la tête vers lui sans détourner ses yeux, prêt à entendre ce que son ami a à lui dire. Inspirant un bon coup, Katsuki ne tarde pas à laisser tomber sa question :
— Tu voudras venir avec moi avant de rentrer chez toi ?
— Où ?
— Je sais pas. On y va ?
Katsuki n'a que partiellement une idée. Lui, il aime bien partir en vacances sans savoir où il va. Shoto ne part pas en vacances, il n'en a pas les moyens. Peut-être donc que cela lui ferait une expérience intéressante. Ce dernier se remet à marcher, suivant le groupe dans la pièce suivante.
— Comment tu peux avoir envie de partir alors que tu n'as aucune idée de destination ?
Katsuki hausse les épaules négligemment. Pendant quelques secondes, il cherche ses mots, puisant dans son imagination pour exprimer cette sensation qu'il a de voyager. Une sensation si particulière que personne dans son entourage ne parvient à en comprendre la raison.
— Ce n'est pas la destination qui importe. C'est le trajet. Devoir se lever tôt pour grimper dans un train ou un bus qui fait que. Tu ne l'as jamais fait ? Un matin te dire que tu partirais bien et on verra sur place ce qui peut se faire ?
— Non.
Katsuki a un petit sourire. Shoto s'est arrêté pendant la discussion, son crayon au-dessus de son carnet de notes. Sourcils froncés, il donne à son ami à tête blonde cette impression de n'avoir vécu que dans ce coin du Japon. Qu'uniquement dans ces préfecture de Kyoto et Shiga. Rien d'autre.
— Alors viens avec moi ce soir, je te ferai découvrir !
•••••••••
Bonjour ! Comment ça va ?
Aujourd'hui, nouveau chapitre, c'est évident, mais aussi, je voudrais vous poser une question sur la fic.
Dans le prochain chapitre, on change d'endroit et avec un tantinet de logique, c'est assez clair que l'on va pas rester à Kyoto très longtemps. Bref, même si on est encore au début de l'histoire et que je de mon côté, j'ai même pas encore entamé le gros morceau de cette fiction (alors que j'en suis au chapitre 10), je me suis dit : est-ce que ça vous intéresserait que je poste des photos des lieux visités à la fin des chapitres ?
Par exemple, dans le chapitre suivant, ils vont se retrouver dans un lieu nouveau, est-ce que je mets ce lieu en photo ? Comme ça, ça peut vous faire voyager un peu avec eux tout en découvrant de nouveau endroit et si possible, je peux même mettre une note explicative de l'endroit ou autre... Qu'est-ce que vous en pensez ?
Je vous souhaite un très bon mercredi !
Des bisous, Koala.
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Prochain arrêt [TodoBaku]
Teen Fiction" - Excusez-moi, je cherche cet homme. Vous l'auriez vu ? - Non, qui est-ce ? - Celui qui me fait découvrir le monde dans un wagon plus petit que de raison." [TodoBaku] [Univers sans alter] [Voyage pour un aller simple]