1 : 00 p.m

345 49 27
                                    

— On ne devrait pas faire les comptes ? demande Shoto à voix basse.

Le silence occupe les lieux et afin d'éviter de le briser, l'adolescent chuchote. Katsuki se tourne vers lui, sourcils froncés.

— Pourquoi faire ?

— Ne pas se retrouver à sec au milieu de nul part ?

Shoto ne s'étonne en réalité qu'à moitié. Il se doute bien que si son ami a cette habitude de traverser le pays sans se soucier de son trajet, il ne doit pas non plus faire attention à son budget. Pour Shoto, la transition est un peu plus rude, lui qui est habitué depuis toujours à garder le strict minimum sous contrôle. Enfin, lorsqu'il n'est pas en compagnie de Katsuki.

Depuis sa rencontre avec le garçon aux cheveux blonds, l'adolescent a l'impression de vivre dans la peau de quelqu'un d'autre. Une nouvelle facette de lui-même qu'il n'aurait jamais pensé posséder auparavant.

Avant Katsuki, jamais il n'aurait eu l'envie de quitter Kyoto avec un simple sac. Jamais il n'aurait jamais eu une amitié aussi simple. Il ne se prend pas la tête, Katsuki ne lui demande rien, il est là et cela lui suffit largement.

Ce dernier lui tapote la cuisse.

— Ne t'en fais pas, lui dit-il. Il y a toujours des alternatives, on sera jamais à sec. Puis, il faut voir ce voyage comme des vacances bien méritées. Lorsqu'on est en vacances, on ne regarde jamais son portefeuille. C'est le seul moment de l'année où il est possible de lâcher prise. Autant le faire à fond, non ?

Shoto ne répond pas, il ne sait pas quoi dire de toute façon. Katsuki a déjà fait cela plusieurs fois, il doit forcément s'y connaître mieux que lui, il ne sert donc à rien d'essayer de le contredire. Le sujet est clos.

Le train avance, on dirait qu'il part sans eux. Se mouvant sur son siège, Katsuki cherche une position plus agréable plus les longues minutes à suivre.

— Je peux ? demande-t-il en pointant du doigt l'épaule de son compagnon de route.

Ce dernier hoche la tête de haut en bas, laissant alors le garçon aux cheveux blonds y poser sa tempe, retenant un bâillement.

— On est parti tard, constate-t-il.

— C'est une mauvaise chose ?

Shoto chuchote. Avec Katsuki plongeant lentement dans le sommeil, il se dit que parler avec un débit plus élevé risque de le sortir de sa transe. Déjà que le sentir aussi proche lui donne des sensations au creux du ventre, il n'a pas envie d'envenimer la situation. Katsuki ne répond pas, il hoche simplement les épaules.

"Tout dépend de la destination" semble-t-il dire.

Le train quitte Kyoto. Sur les chemins qui les guident hors de sa ville natale, Shoto ne peut s'empêcher de s'imaginer sa mère, trouvant sa note laissée en quatrième vitesse. Au fond, il garde encore un peu d'espoir, sans doute vain, que quelqu'un chez lui fera attention à sa disparition. Ne serait-ce qu'un minimum.

Par delà la fenêtre bien verrouillée du train, il ne distingue pas grand chose. Seulement quelques éclats de lumières de la banlieue Kyotoïte et celle approchante de Nagoya, ou d'Osaka. Ou peut-être encore plus loin, vers Kobe. Il n'en a pas la moindre idée. Il sait juste que les grandes villes s'enchaînent sur la ligne du Shinkansen mais ce n'est pas le train dans lequel il est à l'heure actuelle. Le Shinkansen est plus long, avec les extrémités partant en pointe comme pour filer sur la vitesse et percer le vent comme le ferait une flèche.

Au bout d'un moment, ils traversent une ville. Cela se voit facilement avec le soudain amont d'habitation, des éclats de lumières plus importants. Shoto n'a pourtant pas l'impression d'avoir autant avancé que cela. Peut-être est-ce à cause du mouvement ?

Katsuki ne porte pas la moindre attention à ce qu'il se passe en dehors de ce wagon. Il garde la tête posée sur l'épaule de Shoto, laissant ce dernier à sa contemplation. Et c'est ainsi qu'il occupe son temps. Il ne bouge pas, ne sait pas quand il devra descendre, quoi faire pour ne pas trop bouger ou autre. Le cou tourné vers le paysage, il découvre pour la première fois les airs nocturnes du pays du Soleil levant.

Il donnerait presque à ce monde-là, une ambiance différente de celle de Kyoto. Comme si ce qu'il se trouve là-bas n'est qu'un vieux chapitre dont il a perdu le goût de la lecture. Il s'est enfui dans la nuit, tournant le dos à ses révisions, à sa famille, à sa ville dont il n'a jamais vraiment pris le temps de profiter des rues.

A un moment donné, il finit par se perdre. Si bien qu'au moins, lorsqu'il se reprend, la ville fantôme est bien loin. A la place, il parvient à distinguer par delà une balustrade, un morceau d'océan. Ses yeux s'écarquillent et il sourit. Doucement, il secoue son épaule pour réveiller Katsuki. Ce dernier grogne, ouvre les paupières qu'à moitié, les cils encore collés de sommeil.

— Il y a la mer, chuchote Shoto.

Son ami fronce les sourcils avant de tourner la tête vers l'horizon que pointe le doigt de Shoto. Puis son regard se dirige vers l'adolescent, avant de reprendre sur la vitre.

Tout à coup réveillé, il se redresse, se plante sur ses deux pieds dans l'allée du wagon, attrape son sac sous son siège, celui de Shoto sur l'étagère et déclare :

— Sho, le prochain arrêt est le nôtre.

Et chose promise, chose due. Lorsque le train s'arrête, quelques minutes plus tard dans une ville qui leur est inconnue, ils se dépêchent de s'en échapper. Katsuki s'empare de la main de Shoto, prêt à sprinter droit devant.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande Shoto au travers du boucan de leurs semelles sur le sol.

— On va voir la mer, non ?

Katsuki sourit, à l'instar de Shoto qui s'empresse alors de le suivre en direction de l'eau.

Ils leurs faut un peu de temps, histoire de traverser les rues, rejoindre l'eau et s'éloigner des habitations.

— Je n'ai pas envie de me faire passer pour un exhibitionniste ! s'exclame Katsuki lorsqu'il pose un pied sur le sable de la grande plage, déjà en train de retirer son haut.

Shoto le regarde faire, estomaqué.

— On est quand même en vacances non ?

•••••••••

Bonsoir ! Je suis pas en retard, on est toujours mercredi ^^; Comment ça va ? 

Je suis désolée pour l'heure de publication, internet fait des siennes et Hadès une crise d'ado. Il préfère sa grand-mère :(

Boooon, vous pensez qu'ils sont où nos cocos ? Ne cherchez pas leur futur destination, il n'y aura aucune logique. Je pars littéralement de la gare d'où ils viennent et je suis une ligne au hasard sur Google map xD C'est assez drôle à faire ! 

Le chapitre vous a plu ? C'est quoi votre destination de vacance idéale ? 

Des bisous, Koala.  

Prochain arrêt [TodoBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant