11 : 00 a.m

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Dans la station de métro, il ne leur a pas fallu beaucoup de temps avant d'avancer au même rythme que la foule. Emportés par le mouvement de la masse, les deux garçons parviennent malgré tout à entrer dans la rame, trouvant là de quoi respirer un peu d'air frais.

Le trajet est lent, pas très agréable : il y a du monde à Ōtsu. La journée s'étire de plus en plus et l'heure de pointe n'est maintenant plus très loin. Les salariés travaillant d'arrache-pied rentrent chez eux en même temps que tous les autres.

Pour ne pas se perdre, Shoto et Katsuki gardent leurs mains entre elles, leur paumes chauffant au contact de l'autre. Ainsi, ils traversent Ōtsu jusqu'à arriver face à l'étendue d'eau qu'est le lac Biwa.

Ils s'installent sur un banc avec pour musique de fond, les clapotis réguliers de l'eau sur les rochers. Ils dégustent des gaufres taiyaki en forme de poisson. Encore tièdes de leur cuisson et fourrées à la pâte de haricots rouges sucrée.

Le parc d'Ōtsukogannagisa est un lieu simple, aménagé par l'homme et dans le genre populaire. La place de l'autre côté de la route est occupée. Ils ont pris du temps avant de trouver un banc. Tous les dimanches d'été, sur cette rive du lac, des centaines de personnes viennent s'installer pour manger des snacks et observer les feux d'artifices.

Outre le décor qui est à l'opposé de ce qu'ils ont l'habitude de voir dans l'enceinte du lycée, ici tout paraît similaire. Katsuki fait la conversation, décrit son faible aperçu d'Ōtsu, qu'il qualifie de totalement différente de Nantan – elle l'est – ; Shoto l'écoute religieusement.

— Je déteste cette ville, annonce Shoto ainsi, sans plus de précisions que nécessaire.

L'enthousiasme de Katsuki prenant usuellement le dessus, Shoto s'en veut légèrement de briser l'instant présent. Mais pourquoi chercher à lui mentir alors que Katsuki ne lui cache jamais la vérité ?

Shoto s'attend à une moue triste, un air déçu de cette idylle que l'adolescent vient d'arracher. Pourtant, lorsque Katsuki tourne la tête dans sa direction, il y règne au fond des yeux une légère paillette. Un mélange lumineux à faire fondre en éclat tout cafard des esprits.

Le garçon en est presque ébloui.

— Alors viens avec moi cet été ! s'exclame-t-il.

— Où ?

Katsuki se retient de sourire.

— Nul part et partout à la fois. Dans les quatre coins du Japon, de Kyoto à Tokyo, en passant dans la campagne, Kobe, Kanazawa. Peu importe tant qu'on s'éloigne d'ici.

Shoto baisse la tête, pris par de nombreuses questions. Évidemment, son ami ne le quitte pas des yeux et de ce fait, il remarque sans problème que son crâne n'est pas vide d'esprit.

— On partirait pour le mois seulement. Le temps des vacances. On reviendra avant même que tu n'aie le temps de remarquer qu'on a voyagé. Juste toi, moi et les milliers de voies ferrées. Qu'en penses-tu ?

Qu'est-ce qu'il en pense ? Que c'est un projet fou. De lui-même, il ne se voit nulle part, certainement pas à l'autre bout du pays. Mais également, c'est une idée vibrante. Après tout, comment peut-il savoir si c'est une bonne ou mauvaise expérience s'il ne se risque pas à la tenter ? Ce n'était qu'un mois. Il peut très bien réviser ses cours pendant les trajets afin de tuer le temps trop long ou s'il ne trouve rien d'autre pour s'occuper. Katsuki vient avec lui, il ne le laissera pas tout seul.

Du moins, il l'espère.

— Quand partons-nous ? demande alors Shoto, sortant de son mutisme.

Sa question illumine le visage de Katsuki déjà trop lumineux.

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