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Plier bagage, partir de la maison un soir sans en informer personne, tel était son plan. Si vraiment sa famille tenait à lui comme il aimerait que ce soit le cas, alors elle partirait à sa recherche. Dans le cas contraire, il s'offrerait aux anges. A quoi bon batailler des heures ? Une fois mort, il aura ses parents pour lui jusqu'à leur propre décès. Gravé dans la mémoire, sûr de ne pas y être éjecté.

Ainsi, dès le premier soir du mois de vacance d'été, il entama la première phase de son plan. Il n'avait pas fait de crise, pas de caprice. Même si son père avait gardé Shoto dans les bras pendant tout la soirée. Touya s'est contenté de serrer les dents, de prendre sur lui en pensant que sa méthode serait bien plus efficace.

Puis à la nuit noire, toutes les paupières de la maison fermées, il fit son premier pas dehors. Sac à dos sur les épaules, remplis de son doudou préféré, une corde fine, une boîte d'allumettes et une de bonbon, un faux pistolet en plastique qui servait de pistolet à eau pour faire comme dans les films américains et d'une couverture, il était prêt.

Depuis chez lui, il se rendit alors au mont Kurama. Il avait un peu de marche et ne voyait pas grand chose. D'épais nuages couvrait le ciel, l'air humide mais la terre sèche par les absences de pluie indiquaient que rapidement, un orage serait à prévoir. Heureusement, ses visites passées sur ce mont si proche lui permis de se déplacer aisément malgré le manque de visibilité.

Marcher là-bas et gravir le mont lui parut comme étant le plus difficile des voyages. Mais une fois en haut, il eut l'impression de se sentir puissant. Il ne pouvait plus voir sa maison depuis le haut du mont Kurama. Elle était devenue trop lointaine et de là où il se trouvait, Touya n'apercevait que les quelques habitations qui se trouvait au pied de la montagne. Une légère poignée, tout au plus.

A la fin de son observation, Touya se mit à choisir un emplacement pour son mini campement. Il se décida sur une place un peu plate. Il déposit sa couverture au sol et allongea par dessus son doudou. Là, il se sentit tel Robinson Crusoé sur son île déserte. Il ne sait pas réellement combien de temps il resta là, les bras ballant à attendre un signe de ses parents. La faim et la fatigue était là, doublé voir triplé par sa solitude quotidienne. Solitude qui lui paraît plus grande encore en haut de ce sommet. 

Roi du monde dans cette parenthèse idyllique, un déchet sur le sol de sa propre demeure.

Le vent se levait peu à peu, soufflant des bourrasques à faire valser les feuilles sur les branches d'érable, vertes en cette saison estivale.

Dans son petit coin, Touya n'était plus aussi courageux qu'à son départ. L'inconnu lui parut trop dangereux, hors de contrôle.

Avec le vent, le froid. La chaleur de l'air s'éclipsait en un éclair. Le petit garçon de dix ans seulement en vint alors à sortir de son sac sa boîte d'allumettes. Il avait vu à la télévision des gens qui devaient survivre en milieu hostile. Fuyumi lui avait dit que ce n'était pas pour de vrai mais Touya avait répliqué. Il l'avait poussé hors de sa chambre en lui hurlant que c'était trop bien fait pour n'être que du bluff.

Sa boîte en carton dans la main, cet instant passé avec sa sœur lui revint en mémoire. Elle racontait n'importe quoi. Il allait lui prouver. Il craqua une allumette, dont les étincelles volèrent en éclats. La flamme vacilla vivement dans le courant passant d'un vent chaud, dangereuse malgré la petitesse de sa grandeur.

Elle brillait, dansait dans l'encre de ses yeux. Le plus beau présent, éclairant de sa Majesté le sommet tout entier. Niant les nuages épais et les grincements du temps. Il avait créé du feu, Fuyumi pouvait aller se rhabiller ; elle avait tord. Touya était bien plus que ce qu'elle prétend dire. Cette flamme lui confirmait tout. Il vivait une euphorie qui n'avait pu se réaliser plus tôt.

Une idée utopique, dont une fois encore, fut coupée de plein fouet par la gifle d'un éclair et le hurlement du tonnerre. Prit de surprise, le cœur de Touya manqua un battement, un crit long s'échappa de sa gorge et la peur s'inscrivit dans les traits de son visage effrayé. Il en lâcha son allumette, sa flamme disparue sous une feuille d'arbre déshydratée.

Le sang circulait à toute vitesse dans les veines du garçon. Il n'avait pas envie de rester plus longtemps, persuadé que la foudre lui tomberait dessus s'il restait aussi proche du ciel. Il prit ses jambes à son cou, récupérant à la va-vite ses affaires et laissant derrière lui sans le voir, une flammèche fumante d'une feuille en cendre.

Il courut plus lentement que se nourrissait le feu sur le mont. Il évita de justesse de faire attraper lorsqu'il posa pied sur le sol bétonné de la route. Le souffle court, l'effort intransigeant, il n'avait en tête que d'aller s'excuser auprès de ses parents, que s'il le fallait, il irait replanter des arbres sur le mont Kurama jusqu'à ce qu'il retrouve de sa splendeur.

Malheureusement, il ne sut que quelques heures trop tard que sa faute était trop lourde pour être réparée.

Le nord de la ville de Kyoto fut réveillé en catastrophe par des craquements de bois, des effondrements de structure. Des habitations et leurs propriétaires, avalés par un feu de forêt. Les sirènes de pompiers, des ambulances et de la police, à la recherche de survivants. Les fourgonnettes des chaînes de télévision assistaient aux premières loges à ce spectacle morbide.

Enji n'était pas sorti de sa maison, refusant de se mêler à la foule. Il restait avec Rei dans les bras, les yeux rivés par ce que transmettait les images sur l'écran. Ils avaient consignés les enfants mais ces derniers n'avaient rien écouté. Natsuo ne pouvait se défaire de ces horreurs, la main bien serrée dans celle de Fuyumi, qui tenait Shoto dans ses bras.

Lorsque Touya passa l'embrasure de la porte coulissante, tremblant de la tête aux pieds, le teint blanc, il ne fut pas difficile pour ses parents de faire le lien. Aussitôt, le visage de son père se ferma, ses sourcils se froncèrent et un rictus déforma ses lèvres. Sa main se leva d'elle-même, envoyant sa large paume sur la petite joue trempée de son fils aîné.

— C'est toi n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une voix basse, sans attendre de répondre. Qu'est-ce que tu ne ferais pas pour une caresse idiote ! Assassin !

— Papa... supplia Touya, le cœur poignardé de mille et un regret. Je voulais pas, je voulais... Papa...

— Je refuse d'avoir un meurtrier comme fils. Tu es une honte pour le nom des Todoroki.

Touya se sentit disparaître. Il pensait pouvoir s'excuser, supplier ses parents que ce n'était pas ce qu'il voulait faire. Action veine. Natsuo n'en regardait pas plus, Fuyumi et Rei pleuraient. Shoto dans les bras de sa sœur ne comprenait pas grand chose à la situation. La télévision était toujours allumée, tournait encore les images de scène. Des noms qui passent à l'écran. Mitsuki Bakugou, une tête blonde, Masaru Bakugou, une tête brune. Un autre nom, d'autres cheveux blonds, des châtains, encore un nom et un mort. Une victime brûlée vive par les flammes, asphyxiée par la fumée, réduite en cendre sans la moindre trace de leur passage sur ce monde. Aucun corps, plus que des âmes.

Un carnage dont les répercussions, camouflées par cet homme de puissance qu'était et est encore Enji Todoroki, ne passera qu'uniquement comme un dégât naturel. Un éclair qui frappa le sol sec du mont Kurama et rien de plus.

Rien de plus que des dizaines de décès innocents, mutilés par la main maladroite d'un petit garçon ne réclamant que l'amour de ses parents.

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Bonjour ! Comment ça va en cette fin du mois ?

Et en cette fin de chapitre "flashback" ? C'est pas joyeux hein ^^; J'ai du le compresser un peu ici aussi, donc le chapitre est plus long que prévu. Prochain chapitre nous retrouverons donc Katsuki et Shoto là où on les a laissé ! Comment vous pensez que Katsuki va réagir ?

Ça vous a plu ce chapitre ?

Des bisous, Koala.

Prochain arrêt [TodoBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant