Terminus

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Il fait à peine jour. Les mouvements du wagon sous ses sièges sont réguliers. Seule quelques fois, une secousse plus puissante vient briser cet amont de tranquillité.

Il est là, les yeux ouverts, aveuglé par les rayons levant du soleil, le menton enfoui dans sa paume, cachant son sourire comblé. Sur la vitre, la propreté infaillible ne laisse traîner aucune tâches, aucun résidus d'anciennes pluies. Ses paupières grandes ouvertes, il redécouvre sans jamais s'en lasser, ce monde qui écourte ses nuits.

Le paysage défile, s'enfuit vers le passé. Lui, il avance, refuse de faire demi-tour. Il n'a plus que quelques sous pour prendre un nouveau billet. Il aimerait utiliser ces restes pour offrir un cadeau à sa sœur.

Il sait comment il est arrivé ici. A fuir, disparaître dans la brume des souvenirs des gens qu'il rencontre. À passer de train en train, prendre un billet seulement lorsque les risques de se faire contrôler sont importants.

Il avance, croise des gens. Leur sourit et se dit heureux d'être en vie.

Un jour, une personne vient le voir, il peut presque croire à un double. On lui dit :

« Je me souviens de vous. Vous êtes venu me voir, me demandant si je connaissais un jeune homme. Vous vous étiez séparés. »

Il se souvient d'un visage, souriant, figé par le présent. Puis il se souvient de qui cette personne parle, ses yeux s'adoucissent.

« Celui qui me fait découvrir le monde dans un wagon plus petit que de raison, n'est-ce pas ? »

« Oui, celui-même. L'avez vous retrouvé ? »

Oui. Bien sûr. Montant dans un nouveau train, il lui a fait découvrir les frontières du Japon. Et par delà les frontières de son être, il lui a permis de rencontrer son âme.

Il s'agit d'un garçon aux cheveux blonds.

Tout le monde descend.

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