9 : 00 a.m

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Lorsqu'ils se réveillent le lendemain, malgré la douleur dans leurs poignets, leurs doigts sont toujours emmêlés les uns aux autres.

C'est Shoto qui ouvre les yeux le premier, ayant alors droit d'observer ce spectacle étonnant. Étonnant parce qu'il aurait d'abord pensé que cela ne tiendrait pas plus de deux heures. Mais étonnant également parce que malgré le réveil matinal, les premiers rayons du soleil qui traversent les battants zébrés des volets, cela ne le dérange pas. Non, il l'apprécie même.

La nuit passée a été courte, le coucher tardif, et avec son cerveau sur ses gardes dans ce lieux encore inconnu, il n'a pas très bien dormi. Alors découvrir leurs phalanges bien accrochées entre elles lui fait un bien fou. Allège son humeur parfois cassante et même s'il s'en veut à chaque fois de se réveiller aux aurores, le week-end compris, et bien, pour une fois, ce n'est pas grave.

En revanche, la douleur calcinante de son articulation est beaucoup trop forte pour qu'il reste bloqué ainsi. De ce fait et à regret, il finit par retirer sa main de celle de Katsuki dans une grimace à la fois crispée et soulagée.

Puis il reste là, allongé sur le dos, à masser ses os craquants, sans un bruit. Il ne sait pas s'il a le droit de descendre dans la pièce à vivre, si quelqu'un d'autre est réveillé. Si c'était le cas, osera-t-il ? Sûrement que non. Le petit aperçu de Madame Inko et son fils la veille l'a mis en confiance, mais jamais il n'aurait assez de courage pour ramener sa fraise comme une fleur et entamer une conversation avec l'un d'entre eux. Non, il préfère attendre que Katsuki se réveille à son tour.

Dehors, le printemps qui s'annonce depuis un temps est déjà bien présent. Des oiseaux chantent de toutes leurs belles voix, le soleil frappe sa peau à intervalles réguliers. Pendant un instant, il se demande pourquoi Katsuki ne ferme pas ses volets dans leur intégralité. Lui, il s'enferme dans le noir jusqu'au bout. Il ressent comme un sentiment désagréable d'inachevé sinon.

Il finit par se redresser. Toute en discrétion, il s'appuie sur son coude et tend le bras vers la hanse de son sac, laissé à l'abandon contre le placard de Katsuki. Il l'attrape, ouvre le zip qui protège son contenu de se renverser et en sort son téléphone.

Alors qu'il s'apprête d'abord à regarder l'heure par simple idée de grappiller au possible quelques minutes de sommeil, son regard est soudainement attiré par la notification d'un message inattendu. Il ne pensait pas hier en prévenant sa mère de sa sortie imprévue, que cette dernière répondrait, même des heures plus tard. Elle ne dit pas grand chose, ne l'informe de rien qui peut intéresser son fils cadet. Pas un bonjour, pas de question, pas d'affection. Simplement le résultat d'un envoi groupé, probablement aussi envoyé au reste de sa famille. Rien de plus qu'une phrase des plus ennuyeuses.

"Touya est à l'hôpital, il a essayé de se suicider."

Shoto éteint son téléphone sans attendre. Qu'est-ce qu'il en a faire ? C'est toujours la même chose. Comme toutes les semaines, tous les mois. Touya peut au moins réussir son coup pour de bon, cela arrangera bien des problèmes.

La boîte de plastique de nouveau au fin fond de son sac à dos, Shoto se rend compte qu'au final, il ne sait toujours pas l'heure. Alors il se dit qu'il ferait mieux d'attendre encore un peu Katsuki. Pourquoi ne pas même fermer les yeux un moment supplémentaire ? Il en a bien besoin.

Et lorsque sa tête blonde hirsute ouvre les yeux deux bonnes heures plus tard, il a de petits yeux, les paupières collées de sommeil. Il ramène sa main vide à lui avant de difficilement s'asseoir sur son matelas, la bouche entrouverte, encore endormi dans sa nuit. Il n'est cependant pas surpris de découvrir Shoto en contre-bas, avec sa couverture parfaitement droite et remontée sur son menton.

Il retient un sourire, le camouflant dans un bâillement. C'était définitivement l'un de ses meilleurs anniversaire qu'il a pu passer dans sa vie. Il faudra qu'il lui dise en face un jour. Qu'il dise à Shoto qu'il est sa meilleure rencontre de l'année. Mais pas maintenant. Pas lorsque la corde est trop raide, trop cassante. Il est encore trop tôt, il voit bien que son ami n'est pas des plus confiants, même avec lui.

Ce dernier se réveille pour la seconde fois de la matinée, l'air déboussolé.

— Salut... murmure-t-il avec une voix abîmée et fatiguée.

— Salut, lui répond Katsuki avec un peu plus de clarté.

L'adolescent n'ajoute rien, se contente de sourire face à cette situation si peu commune à son quotidien. Il se gratte l'arrière du crâne, ébouriffant ses mèches blondes et traverse d'un seul geste son lit pour attraper son téléphone à lui sur la table de chevet, à l'extrémité du sommier. D'ordinaire, elle se trouve à sa droite. Mais cette nuit, avec Shoto occupant la place, il a préféré la déplacer pour ne pas le gêner. Il allume son écran d'accueil, refoulant un bâillement.

Il n'a cependant pas le temps de refermer sa mâchoire qu'il s'exclame :

— Sho ! Il est huit heures !

Paniqué, il lève son téléphone en direction de son ami qui écarquille les yeux.

— Merde ! dit-il en se relevant précipitamment. Faut qu'on bouge et vite !

Il sort de sa chambre à toute vitesse, cognant le bois de la porte contre le mur. Dans le couloir, Shoto peut l'entendre hurler "Mamaaaaaaaan" depuis sa place où il n'a toujours pas fait un geste. Il aurait dû faire attention et regarder l'heure.

Mais il ne perd pas une seconde par la suite, non plus. Il réunit les morceaux de son uniforme, retire le pyjama de Katsuki et enfile le costume aux couleurs du lycée. Puis c'est toujours en quatrième vitesse que son ami remonte les escaliers, se change à son tour et entraîne l'adolescent dans chaque recoins de sa maison pour le mener au garage où les attendent sa mère et son frère.

En voiture, le chemin est bien plus court qu'en train. De ce fait, passant à travers nationale plutôt que voie ferrée, la Madame Inko parvient à Kyoto en une quarantaine de minutes. Elle s'arrête maladroitement devant le lycée des deux garçons, récupère des klaxons des autres automobilistes et leur souhaite une bonne journée avant de repartir en les saluant de la main.

Katsuki et Shoto échangent un regard, un léger sourire, un battement de cœur en trop. Jusqu'à ce que leurs cerveaux, d'un commun accord, leur rappellent leur retard et leur dictent de se mettre à courir s'ils ne veulent pas envenimer la situation.

Passés la porte de leur classe, les jurons et la réprimande de leur professeure, ils s'assoient sur leur chaise respective, plus ou moins essoufflés par la montée des marches de béton.

Cela n'y ressemble pas, mais c'est un très bon début de journée, qui promet bien des choses encore.

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Bonjour ! Comment allez-vous ?

La chanson de ce chapitre, je la trouve trop relaxante xD Elle va bien avec le chapitre aussi. Bon, plus vers la fin c'est vrai mais c'est dur de trouver une chanson qui va bien aux deux ambiance de ce chapitre xD

Récemment, il y a trois jours en fait, j'ai finit de lire "Le chant d'Achille". Il y en a qui l'ont lu aussi ? Si oui, venez on pleure ensemble ! :D

Voilà, qu'est-ce que vous avez prévu de faire aujourd'hui ?

Des bisous, Koala.

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