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Au début, le psychologue n'a pas vraiment fait grand chose. Il s'est contenté d'observer, d'analyser la situation sans chercher à intervenir. Ne pouvant dissimuler la raison de sa venue, le nœud du problème s'est rapidement présenté à lui.

Dès le lendemain, il avait déjà une base de données assez complète pour faire comprendre à Enji et Rei que Touya n'était pas le problème de ces nombreuses crises. Il y eut une sorte de réunion. Sous ordre de son père, Fuyumi avait pris Natsuo et Shoto avec elle afin de les éloigner de la scène et de les préserver de ce problème dont ils n'avaient rien à voir. Ainsi, le psychologue, le couple parental et leur fils aîné se sont retrouvés ensemble pour discuter d'une quelconque solution.

L'intervenant leur a appris que les crises de Touya, les bêtises qu'il faisait à longueur de journée, n'étaient que le résultat de ses parents, l'oublie qu'ils ont sur leurs propres enfants, noyés par la montagne de travail qui les occupaient chacun de leurs côtés.

Au fond, Touya ne cherchait pas à être autant problématique. Le psychologue a laissé Touya s'exprimer. Après tout, c'était lui au cœur de l'histoire et il avait son mot à dire.

— Je veux que vous passiez du temps avec moi, avait-il dit. Je veux retourner en arrière, lorsque vous aviez encore du temps pour moi. Quand vous n'étiez pas devant votre bureau ou à l'hôpital pendant des heures entières. Je veux sortir avec vous au parc, que vous me racontiez des histoires le soir, comme pour Shoto. Quand je fais des bêtises, c'est les uniques moments où vous prêtez attention à moi. Je veux votre amour, pas un stupide billet de monnaie.

Rei avait éclaté en sanglots. Enji n'avait su répliquer. La claque qu'ils venaient de prendre était beaucoup trop douloureuse à leur cœur. Touya aussi se mit à pleurer, déchiré par les larmes de sa mère et l'idée de l'avoir blessée. Cette dernière s'était levée de sa place pour le prendre dans ses bras et le serrer fortement dans ses bras. Elle s'excusait, lui promettait de s'améliorer. Elle le garda ainsi longtemps, rapidement suivie par son époux et ravivant donc la flamme chaleureuse dans la poitrine de leur fils, celle qui avait disparue en même temps que ses parents.

À ce moment-là, il y eut l'espoir de voir les choses s'arranger.

Seulement, cet espoir ne pouvait s'éterniser. Car le temps passa. Il passa trop rapidement et de ce fait, Shoto atteignit ses quatre ans.

Ce fut lors de cette année que la promesse de Rei se fissura, signant dès lors, le calvaire répétitif de Touya.

Au début, Rei et Enji avaient fait attention. Ils parlaient de plus en plus souvent à leur fils aîné, avaient la joie de le revoir sourire et rire, aux anges. Après deux ans, où quelques fois, les crises de Touya persévéraient dans le temps, Rei démissionna. C'était l'unique manière qu'elle eût pour prendre soin de ses enfants. Enji aurait bien voulu faire de même mais il ne pouvait quitter l'affaire en cours. Il avait en revanche pris soin de l'expliquer en longs, en larges et en travers à Touya qui pleurait face à la nouvelle.

Par la suite, cela devint de plus en plus délicat pour la mère de famille. Sa véritable passion était la médecine, son métier qu'elle avait lâché et maintenant, elle s'ennuyait de ce quotidien qui n'avait jamais été le sien. Peu à peu, elle s'autorisait à passer une heure ou deux dans son bureau, à relire ses cours de l'université. Puis quatre heures ou cinq à tenter de mettre en pratique les mouvements qu'elle faisait lorsqu'elle enfilait cette blouse blanche et qu'elle courait au bloc. Dès que ses enfants étaient chacun à l'école, elle en profitait même pour se rendre à l'hôpital et discuter avec ses anciens collègues. De ce fait, elle reprit goût à sa passion, tombant dedans à nouveau dans le plus parfait des plongeons.

À côté de cela, Shoto apprenait à toute vitesse. Lorsqu'il fêta son quatrième et pauvre anniversaire, il comprenait déjà beaucoup de choses et sa grande sœur en était ravie. Ses efforts ne passaient pas inaperçus. Des efforts qui, aux yeux de Touya, ne valaient rien d'autre qu'une manière de prendre sa place. Il avait, bien évidemment, fait attention à ce changement d'attitude. L'entrain inconscient de sa mère qu'elle portait au travail et l'oubli rongeant désormais les demandes d'attention de son aîné. Au début, il pensait que ce ne serait qu'une phase.

Sottises.

Rien ne changea. Il restait sur le bas-côté, devant laisser la place à son cadet avec l'illusion partielle qu'il avait encore l'amour de ses parents. Il faisait penser à un garçon assis sur les bancs d'un quai de gare, attendant un train dont la ligne a été coupée il y a plusieurs mois. Jusqu'à ce qu'il réalise que plus jamais le wagon ne se présentera face à lui. Et dont reviennent en vitesse ces actions vaines et égoïstes, formées par le manque. L'unique voie qui permettrait de faire comprendre qu'il a besoin de quelqu'un.

Sauf que cette fois-ci, Touya refusa de se contenter de couper des fils électriques, de mettre des asticots dans la soupe et le riz, ou de semer la zizanie en classe. Il avait déjà essayé et le revoilà, béat, tout autant isolé qu'avant. À croire que rien du tout n'avait bougé depuis la dernière fois.

Non, cette fois, il prévoyait son coup.

Il allait disparaître.

•••••••••

Bonjour ! Comment ça va ? 

Pardon, le chapitre est un peu plus court que les précédents mais c'est parce que je l'ai encore coupé ^^; Du coup rebelote, la semaine prochaine on verra encore Touya xD promis, ce sera la dernière fois ! 

J'espère que ce chapitre vous a plu ! ^^

Bonne journée !

Des bisous, Koala.

Prochain arrêt [TodoBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant