1 : 00 a.m

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Il est sept heures du matin dans la préfecture de Shiga. Il vient d'arriver, descend de son vélo dans le petit parking réservé aux deux roues. Sors de son sac, parmi les cahiers de cours et bento de la journée, un antivol qu'il attache entre la roue et la barre de métal. Un cliquetis retentit et il cache la clef au fond de la poche de sa veste d'uniforme.

Dans les branches des arbres aux tons verdoyants, les chants des oiseaux brisent le silence de la gare. En dehors des moteurs de voitures qui s'engagent dans le grand parking, des sifflements des trains et des pas des voyageurs pressés, il n'y a pas un seul bruit. Et même cette ville en effervescence qui s'active pour ce début de journée ne vient pas troubler cet instant de paix, de calme.

Il ferme les yeux, replace la bretelle de son sac sur son épaule, secouant tout son contenu.

Sur le sol du hall, puis des quais, ses semelles claquent et résonnent. Ses pieds sont semblables aux autres, et cela l'amuse. Il jette un œil sur le tableau électrique qu'il connaît par cœur, affichant les horaires des prochains trains ; le sien arrive dans peu de temps. Alors, brisant la cacophonie des vies qui s'activent autour de lui, il s'assoit sur un banc en face des rails et sort de sa poche, à l'opposé de celle qui contient sa clef, son téléphone portable. Il en branche ses écouteurs, passe son doigt le long de l'écran noir pour en retirer la poussière qui dérange, enfonce les petits bulles de plastique dans chacune de ses oreilles. Appuyant sur lecture, une douce chanson vient s'ajouter à l'équation.

Les quais, à peine composés d'une poignée de voies, sont baignés dans la lumière du matin. Le soleil déverse ses rayons dans chacun des recoins, vient caresser le visage de l'adolescent tendu vers lui dans un "bonjour" quotidien. L'air est frais, délicat. Dans cette atmosphère qui finit de le sortir de sa nuit, le train arrive et ouvre ses portes face à lui. Pile à l'heure. 

Il monte, le compartiment est encore vide. Dans cette grande ville qu'est Ōtsu, capitale de la préfecture de Shiga et plutôt proche de Kyoto, les gens l'accompagnent sur le trajet de son départ à son arrivée.  Entre les deux capitales respectives, le décors fait acte de présence, les montagnes qui forment la frontière des préfectures sont imposante et aux yeux du jeune homme, elles ne font que grandir à longueur de journée. Plus Kyoto s'approche, plus le monde qui grimpe dans le wagon se fait compact. Lui, ne reste pas assez longtemps pour avoir à supporter ces corps mouvants que déjà, il se glisse entre eux pour poser un pied sur la gare de la ville. 

Se faufilant entre les gens, son sac bien accroché à sa main, il sort des quais, puis du hall du bâtiment et dans les rues, après les seize minutes en métro qui sépare la gare à l'établissement, il marche jusqu'au lycée qui avale au compte goutte les étudiants et leur uniformes. 

Il s'avance jusqu'à ouvrir son casier à son nom et enfiler ses chaussures pour la journée. Il retient un bâillement, grimpe les escaliers bétonnés, tout juste sous le grand mur de verre. Les autres personnes de son âge discutent autour de lui dans des conversations animées et trop joviales pour un début de journée. Une semaine et quelques jours maintenant, que la rentrée scolaire a eu lieu. Avril progresse sans trop de peine mais un bureau dans sa salle de classe demeure inoccupé.

Ses professeurs lui donnent l'impression que tout le monde n'est pas encore arrivé, qu'il manque des noms à la liste d'appel.

Peut-être n'a-t-il pas tort ? Après tout, pourquoi un bureau resterai-t-il vide au mieux de tous les autres ? Morose, là, à regarder par la fenêtre à attendre un occupant, un signe, quel qu'il soit ?

Il soupire, s'assied sur sa dure chaise qui supporte son poids le temps d'une matinée, puis d'un début d'après-midi. Après lui, ses camarades de classe le suivent. Il n'a pas vraiment de lien avec eux, si ce n'est pas du tout. Il n'a jamais été doué pour ce genre d'interaction. A sa vue, les sourires se crispent et les yeux se voilent de peine. Non pas qu'il est effrayant à regarder mais la cicatrice qui borde son visage, couvrant son œil gauche et une majeure partie de sa joue n'est pas des plus attirantes. De plus, il ne dit rien, reste dans son coin et se contente d'écouter et suivre les cours sans participer ou chercher à se démarquer. Cela lui convient et les autres se sont adaptés. Le laissant de son côté, dans son petit terrier.

S'il avait pu choisir sa place dans la salle, il aurait demandé à s'asseoir proche de la fenêtre, sur le premier ou le deuxième rang. Là où les points morts des humains se font difficiles d'accès. Ne dit-on pas que les choses deviennent difficiles à voir lorsqu'elles sont sous notre nez ? La fenêtre lui aurait permis au moins de profiter de la lumière, du soleil dans son dos et des quelques esprits de vie se baladant dans les rues ou les airs. Mais rien. Au milieu de tout, entre deux couloirs, il est la cible parfaite des yeux asséchés des professeurs et la distraction se fait bien lointaine. Trop dans sa tête.

Lorsque la sonnerie marque le début du cours, que l'enseignant entre dans la salle enfin, il lui saute précipitamment que le bureau vide aujourd'hui, est occupé.

Par un garçon aux cheveux blonds. De dos depuis sa table. Il garde son menton dans sa paume, profitant de la fenêtre qui lui était offerte. Un nouveau nom est ajouté à la liste, des murmures grimpent.

Dans la salle, l'air se fait plus compact. Le garçon aux cheveux blonds sourit, tourne la tête pour découvrir ses camarades de classe. Il s'arrête un temps sur chacun d'entre eux, étire davantage ses lèvres lorsqu'il pose ses yeux sur le rang du milieu, entre deux couloirs.

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Bonjour ! Passez un très bon mercredi ! 

Premier chapitre ! C'est assez introducteur pour le coup. Je me tente à la narration au présent, j'aime bien pour l'instant ! Vous en pensez quoi ? J'avais déjà essayé pour "Un été à Yamagata" qui est au présent aussi et vu que j'aime énormément l'ambiance de cette fic, je me suis dit pourquoi pas tester sur un plus long projet, et sur le même état d'esprit ? Et pouf ! Babidi bobidi : cette fic naquit !

Une amie à moi a commencé MHA et viens de finir la saison 3. Et elle m'a dit que son perso préféré pour l'instant, c'est Twice. J'ai rigolé xD

Le premier chapitre vous a plu ? Je l'espère !

Des bisous, Koala.

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