8 : 00 a.m

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Une fois leur repas englouti aussi rapidement que peut l'être un pilote automobile pendant une course, Katsuki et Shoto se sont repliés dans la chambre du garçon aux cheveux blonds. Ce dernier, profitant du fait qu'il n'a rien à faire, sort de son armoire un futon roulé en boule.

Il l'installe sous les yeux tombant de sommeil de Shoto. Se retient de sourire face à ce visage. Par ailleurs, lorsque son lit est prêt, Shoto ne prend même pas la peine de chipoter qu'il s'y glisse. Là, Katsuki a beau faire au mieux, retenir ses joues est plus difficile que prévu.

— Laisse-moi au moins te prêter un pyjama, lui dit-il. Sinon demain, tu sentiras aussi bon qu'un rat mort.

Et, joignant le geste à ses paroles, il part chercher de nouveau dans son armoire un haut de pyjama. C'est un simple tee-shirt noir composé d'un crâne blanc sur le devant. Il ne le mets presque jamais, autant que ce fossile serve à quelque chose ! Il le tend à Shoto qui retire alors son uniforme et enfile ce-dit haut noir. Sans pudeur, Katsuki fait de même. Ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'ils se retrouvent à demi-nus face à face. Les minutes passées dans les vestiaires pour les cours de sport le prouvent très efficacement.

Néanmoins, comme à chaque fois, sans que cela ne se remarque, Katsuki ne s'attarde pas. Si sur lui, ni sur Shoto. Surtout pas sur Shoto.

Aujourd'hui ne fait pas exception.

Et lorsqu'ils se retrouvent tous deux dans le silence de la pièce plongée dans la pénombre, dont la lumière ne paraît que par les carreaux de la fenêtre, Katsuki aimerait trouver quelque chose à dire.

Il a l'habitude des silences à répétition. Shoto est loin d'être un adepte de la conversation, taciturne comme une statue de marbre. Pourtant ce soir, il trouve dans ce silence un petit air de gêne. Comme une sensation troublante au creux de l'estomac.

— Hum... le coupa la voix de son ami dans sa réflexion.

Ce dernier se frotte les orteils sous la couette, ne le montre pas mais se tortille les doigts, le cœur battant à vive allure de cette prise de parole échappée de sa gorge. Il s'éclaire la voix, tente de reprendre :

— T-Tu ne ressemble pas beaucoup à ta famille.

Surpris, Katsuki se redresse légèrement, ses coudes s'enfoncent dans le matelas tant il prend appui dessus. Il ne s'attendait pas à ce genre de sujet lorsqu'il a entendu les échos des vibrations vocales de Shoto. Au moins pas à cet instant précis. Mais aussitôt la remarque faite que son ami s'assoit à son tour sur son futon.

— Je suis désolé, s'excuse-t-il causant un froncement de sourcils sur le front de Katsuki. Cela ne me regarde sûrement pas, je n'avais pas à en parler.

Gêné, il mord alors l'intérieur des joues, rendant son visage un peu plus creux que ce qu'il est déjà. En face de lui, en plein dans sa ligne de mire, Katsuki garde ses yeux rivés dans ceux de son ami.

— Ne t'excuse-pas, chuchote-t-il. C'était plutôt certain que tu fasses cette remarque. Après tout, il n'y a rien de faux dedans.

Le regard de Shoto se voile soudainement de curiosité. Des clignotants bien voyant pour Katsuki, lui signalant qu'il attendrait la suite.

— Inko m'a adopté lorsque j'étais petit. Elle était ma marraine avant de devenir ma mère. Alors quand les associations ont su qu'on se connaissait déjà, les démarches ont été moins longues. Je vis avec elle depuis plus longtemps qu'Izuku.

— Et ton frère ?

— Izuku est né prématuré, à six mois au lieu de neuf. Raison pour laquelle il chope souvent toutes ces merdes ; c'était pire encore lorsqu'il était bébé. Plus tard a été diagnostiqué autiste et là, dans le plus hasardeux des hasards, son père, cet enfoiré, a eu une promotion doublée d'une mutation aux Etats-Unis. On ne l'a plus jamais revu depuis son départ.

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