Chapitre 12

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- Le mieux est de savoir à combien nous...je veux dire toi...peux faire d'achats, annonça Léa avec un léger sourire.

- En effet, cela serait mieux, car sinon tout ce que j'ai gagné lors de mon combat va se trouver englouti ici et dans la clim.

Léa part dans un fou rire. Il faut dire que les prix affichés étaient inversement proportionnels à la température du magasin. Cette dernière contrastait fortement avec celle extérieure de ce mois de mai. Et tous les commerces semblaient s'être donnés le mot pour répandre cette froidure dans l'enceinte du centre commercial d'EastChase, situé à la sortie de Montgomery sur l'highway 85.

Le chemin menant jusqu'aux caisses se fait sans précipitation, la multitude de modèles, l'un toujours plus beau que l'autre, ne cessent de nous ralentir.

Nos bras commencent à se charger de vêtements, en nous promettant que c'est juste pour les essayer ; mais je pense qu'il sera difficile de s'en tenir au strict minimum prévu pour la soirée du week-end prochain.

Nous serions encore dans nos recherches et contemplations si une voix n'avait interrompu nos soifs d'achats compulsifs.

- Bonjour Mesdemoiselles, puis je vous aider ?

En nous retournant comme deux enfants pris la main dans le sac, nous tombons sur un homme, dans la vingtaine et habillé comme pour un mariage. Ses longs cheveux bruns étaient immobilisés par une moitié d'un tube de gel.

- Bonjour, répondit Léa, oui en effet. Mon amie a reçu cette carte comme cadeau pour faire des achats dans votre magasin. Mais nous ne savons pas jusqu'à combien elle a droit.

- Si vous permettez, dit-il en tendant la main pour prendre la carte.

Léa, suspicieuse, eut un léger recul de son bras. Le sourire bienveillant de l'employé de magasin finit de la convaincre de lui remettre la carte.

- Suivez-moi, s'il vous plait, nous allons voir ceci.

Nous lui emboitons le pas direction le comptoir de réception, sans pouvoir nous arrêter sur les autres vêtements qui s'offrent à nos regards.

Il introduit la carte dans la fente de la caisse et après un instant de réflexion, il lève son regard vers nous.

- Mademoiselle Naciri ? demande-t-il d'un air sérieux

- Oui, c'est moi. Nayda Naciri, réponds-je en sentant une vague d'anxiété gagner mon estomac.

Tel un scanner, son regard me balaye de haut en bas pour remonter sur mon visage, cherchant à percer le verre noir de mes larges lunettes de soleil, tentant de dissimuler les hématomes de mon visage, que le fond de teint n'arrivait pas à camoufler complètement.

Il retrouva son sourire.

- Et bien, Mademoiselle Naciri, cette carte vous autorise à un montant d'achats de dix mille dollars

- Dix-mille ?! soufflé-je interloquée.

Avec Lé a, nous nous regardons, incrédules et avec des sourires niais. Cela représente le tiers de ma prime pour le combat d'hier. Un sacré bonus que je, ou plutôt nous deux, pouvons profiter.

- En effet, c'est bien dis-mille, répète-t-il sans que je me lasse de l'entendre. « Et cette carte vous donne droit aux achats de nos deux magasins ici présents ».

- Deux magasins ici ? Je n'en ai vu qu'un dans le centre commercial. Et c'est celui-ci, réagit Léa.

La physionomie de l'homme changea.

- Je vois que vous n'êtes pas des habituées. Nous avons, comment dire...deux autres étages réservés pour une certaine clientèle en possession de cette carte.

- Et comment fait-on pour y aller, demandé-je curieuse.

- Je vous accompagne pour vous montrer. Tenez, vous en auriez besoin pour vous y rendre, dit-il en tendant la carte. « Et si vous permettez, laissez vos articles dans ce panier, vous les prendrez au retour »

Cette fois-ci, je suis la première pour saisir la carte, devançant mon amie qui parait encore bloquée par la nouvelle des dix mille dollars.

- Nous ne pouvons pas nous rendre avec et payer le tout ? demandé-je.

- Disons...heu...que les articles sont payables par étage. Cela aurait fait trop supermarché, ce qui n'est pas le style de notre enseigne, rétorque-t-il avec un air narquois.

Une brusque envie me prit d'envoyer mon poing dans cette face de pédant. Je ne sais pas si les éclairs de colères traversèrent mes lunettes teintées mais il détourne le regard et se dirige vers le fond du magasin.

Une nouvelle fois, nous le suivons dans ce dédale de comptoirs et de porte-manteaux, trop vite à notre goût.

Après avoir rejoint les cabines d'essayage, nous bifurquons sur notre droite pour emprunter un étroit couloir aux murs rouges et noir au plafond. Tout au bout, nous arrivons devant un unique ascenseur.

- Maintenant, vous n'avez plus qu'à mettre votre carte sur ce lecteur de badge, dit-il en le désignant du doigt.

Je glisse la carte sur le boitier noir placé à gauche ; les portes métalliques s'ouvrent lentement.

Je rentre suivi par Léa, dont la tête pivote de gauche à droite, comme un oiseau devant le seuil de sa cage.

- Le premier ou le deuxième sous-sol, demandé-je en observant les boutons d'appel.

- Je vous conseille le premier pour commencer.

- Et pourquoi pas le second ? demande Léa

De nouveau, il prit cet air narquois et énervant.

- Si seulement le plaisir vous en dit, rétorque-t-il, au moment où les portes de l'élévateur se referment lourdement.

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant