Chapitre 13

1.6K 26 0
                                        


Quel contraste avec l'étage supérieur ; les jeans, chemisiers et robes avaient laissé leur place à des jupes et bodys de cuir et autres combinaisons en latex. Au lieu des chaussures de modes sagement exposés, c'étaient des escarpins et bottes aux talons vertigineux.

Dans le rayon des accessoires de « torture » où s'exposent des dizaines de cravaches, le coup de coude de Léa interrompt ma contemplation de cet univers érotico-sadomasochiste. D'un mouvement de tête, elle me signale un couple à quelques mètres sur notre droite.

L'homme d'un âge certain suit, tel un toutou, une sculpturale blonde qui le domine d'au moins une vingtaine de centimètres. Le chignon parfaitement tiré vers l'arrière donne à la jeune femme une sévérité accrue. Quand son visage se tourne vers nous, je croise son regard bleu acier, mes lunettes de soleil me protègent de son intensité ou, elle, du mien.

Rencontre fortuite de deux panthères.

Bref et intrigant contact avant qu'elle ne fasse demi-tour, et qu'elle reprenne sa démarche ondulée mettant en valeur des fesses fermes moulées dans un jean serré surmonté par de longues bottes de cuir. Dans sillage, son troisième âge suit l'air ravi.

- C'est Axel Liburn me souffle

- Qui ? La femme ?

- Mais non, l'homme. Tu ne le reconnais pas ?

- Pas vraiment, c'est un vieil ami à toi ? pouffé-je

- Toujours aussi sérieuse, toi. C'est un des conseillers municipal de Montgomery.

J'affiche une moue dubitative. Je n'ai jamais été branchée par la politique et encore moins celle locale. Ce qui n'était pas le cas de Léa, depuis qu'une de ses « ex », Emily Shores, travaillait comme journaliste dans un quotidien de la ville.

De leur vie commune, Léa en avait su beaucoup sur les affaires politico-judiciaires en Alabama.

On apprend beaucoup au contact des autres, ce qu'elle n'arrêtait pas de me dire pour justifier ses rencontres « amicales » post-rupture avec elle.

Bien que revendiquant chacune notre liberté ; la jalousie ne cessait pas de gronder au creux de l'estomac, comme une pizza mal digérée, à chacun de ses rendez-vous.

Mais je dois finalement reconnaitre que les informations fournies par Miss Shores ont été bien précieuses pour mes recherches sur le passé de mon père et sur la vie de Jim Shelby. En plus du développement dans le business des transports routiers, de l'import-export avec les pays sud-américains, je pris connaissance de ses penchants particuliers pour les combats clandestins et le sado-masochisme.

- Il est chargé des dossiers sur l'éducation de la ville et des programmes scolaires, renchérit-elle en parlant de l'homme plus que mûr.

- Dans ce cas, l'inestimable Alex Liburn prend à cœur son travail. Je crois qu'il vient de rencontrer une nouvelle maitresse, rétorqué-je en me retenant de nouveau de rire.

« Aie » m'écrié-je en sentant une brulure sur les fesses.

- En effet, et cela me donne des idées pour parfaire ton éducation, impertinente !, rétorque-t-elle en menaçant de me frapper une nouvelle fois avec la cravache.

- Je suis une mauvaise élève, maitresse, punissez-moi.

La cravache effleure mon genou, et lentement, Léa remonte son embout de cuir le long de ma cuisse. Au travers de mon jean, ma peau s'hérisse et des picotements la parcourent, remontant rapidement le long de mon dos.

- Excusez-moi, Mesdemoiselles, souhaiteriez-vous essayer nos articles ?

Notre bulle de désir intime éclate brutalement. Et en nous retournant, nous découvrons avec surprise le clone du précédent employé de magasin mais dans une version body-buildé. Sa tunique de cuir ouverte et sans manche ne cache rien de ses larges pectoraux et ses biceps tout aussi volumineux.

Décontenancées et rouges comme des pivoines, nous restons muettes, ne sachant que répondre.

- Désolé, de vous importunez, mais mon frère Warren, qui travaille à l'étage des vêtements de mode, m'a averti que deux charmantes jeunes femmes venaient découvrir nos produits. Il m'a informé que vous étiez quelque peu novices et que vous auriez, peut-être besoin d'aide.

"Mais finalement je ne crois pas vraiment que vous soyez vraiment novices", dit-il en souriant, le regard porté sur la cravache tenue par Léa.

Sentant l'allusion, cette dernière vire au cramoisi.

- Votre ressemblance est surprenante avec votre frère. Je veux dire au niveau du visage, réponds-je, tentant de reprendre un minimum contenance.

- Oui, en effet, nous sommes jumeaux. Mais nos goûts permettent de nous différencier, rétorque-t-il avec un sourire.

- Et bien, votre frère nous a conseillé de passer par cet étage avant de nous rendre au deuxième sous-sol. Et nous sommes curieuses de connaitre le deuxième. Car si cet étage est plutôt surprenant, je m'imagine pas l'autre.

- Les amis de Monsieur Shelby y sont toujours le bienvenu.

En entendant son nom et cette soi-disante amitié, chacun de mes muscles se contracte.

Mais sans remarquer mon état de crispation, il poursuit :

« Pour se faire, je vous conseillerai, avant, de sélectionner certains de nos produits qui rendront plus intéressant sa visite. Et je me ferai un plaisir de vous y aider. Au fait, je me prénomme Harry. «

- Et bien en route, Harry, répond Léa, en me serrant discrètement la main, calmant ma tension.

Elle a raison, je dois pouvoir me contrôler, sinon je risque de péter un câble bien trop tôt et anéantir mon plan de vengeance.

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant