Chapitre 11

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Allongées sur le dos, nous reprenions notre souffle, une douleur sourde me lancine sur le côté gauche. Léa n'avait pas été de main morte mais je ne lui en tenais nullement rigueur, car si je devais le reprocher à quelqu'un, cela serait à moi. Dirigeait ses coups ; le plaisir en avait plus intense.

Elle se penche sur le bord du lire pour récupérer, au sol, le paquet reçu ce matin et objet de notre lutte sensuelle.

Avec le sourire d'une enfant devant le sapin de Noel, habilement et délicatement, elle l'ouvre sans déchirer le carton de l'emballage comme je l'aurais fait. Elle en extrait une large carte finement décorée de liserés dorés, comme sortie d'un autre temps, bien loin des échanges par mails ou textos d'aujourd'hui.

Avec une voix empruntée aux présentatrices de météo, Léa lit :

« Chère Mademoiselle Nayda Naciri,

Nous serions honorés de votre présence à notre rendez-vous annuel des couleurs rouge et noire qui se tiendra dans notre propriété située sur les bords du Lac Cameron à partir de 21h00.

Le cuir et les masques seront à l'honneur et en cette occasion, nous serions très flattés que vous portiez les simples présents accompagnant cette invitation et plus suivant votre bon vouloir.

Au plaisir de vous voir,

Votre humble serviteur.

Jim Shelby. »

Son regard se porte vers moi, cherchant à deviner, sous mes froncements de sourcils, mes pensées multiples se télescopant dans mon cerveau.

Elle retourne la carte, pour lire au dos le nom de Jack Morisson et son numéro de téléphone ; pour confirmer de ma venue.

N'obtenant pas de réponse de ma part, Léa sort ensuite du paquet un collier de cuir noir bordé de rouge sur lequel est incrusté une pierre brillante.

- Putain, c'est un diamant. C'est un vrai ou un faux ? s'interroge mon amie.

- Surement un vrai, cela serait étonnant qu'un mec aussi riche que lui fasse le radin. Fais voir.

- Je te le donne, car avec ça j'aurais l'impression d'être dans une exposition canine, plaisante-t-elle.

Je pouffe de rire. Et je mets le collier autour du cou.

- Tiens, ça, cela doit être le masque pour la soirée. Pas mal du tout, dit-elle, en l'essayant sur son visage. Il me va bien, non ? demande-t-elle en portant au visage le loup de dentelle noir en forme de tête de chat. Le cercle des yeux et les ses extrémités sont recouverts d'or.

Je fixe ses yeux bleus, contrastant délicieusement avec le noir et le doré du masque. Ma tête se colle à la sienne.

- Il te va super bien et je te trouve très sexy avec. Je sais maintenant pourquoi tu griffes aussi bien, lui souffle-je.

- Et toi, de lécher aussi bien, ma petite chienne en chaleur, rétorque-t-elle en écrasant ses lèvres contre les miennes ; nos bouches s'ouvrent pour laisser nos langues se mêler dans une danse frénétique.

- Attends encore un peu, il reste encore un cadeau.

- Des menottes ? un fouet ? interrogé-je.

- Quelque chose de bien excitant ; une carte de crédit pour un magasin de luxe de fringues.

- Hahaha...toujours aussi matérialiste.

- Et c'est pour toi seule qu'elle est destinée, que le monde est injuste, s'écrit-elle malicieusement

- Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?

- Et bien, cela te permettra de t'habiller correctement pour cette soirée de chicos, répond-elle sarcastique.

- J'ai pas dit encore que j'y allais.

- Mais tu n'as dit non plus le contraire, rétorque-t-elle du tac-o-tac. « Tu as n'aurais pas fait tous ces efforts et pris autant de risques pour abandonner maintenant, si près du but. »

Comme toujours, Léa avait vu juste. Toutes ces années d'entrainement, ces combats clandestins, tous ces coups reçus pour laisser tomber au moment où j'ai la chance de m'approcher de cet homme coupable du meurtre de mes parents.

- Tu as raison, donner-moi le numéro de téléphone de ce monsieur Morisson.

- Pas tout de suite, laisse-le mariner un peu. Même avec ce genre de collier, tu n'es pas sa chienne.

- Non, je suis la tienne.

Léa me sourit ;

- Et moi, la tienne. Et toutes deux en chaleur, dit-elle en riant. « Plus sérieux, une fois que tu es là-bas, qu'est ce que tu vas faire ? Le tuer ».

Le ton de sa voix s'est fait plus grave et je percevais son inquiétude.

- Je ne sais pas trop, mon plan s'arrêtait à l'approcher. Je n'ai pas encore réfléchi à la suite.

- Raison de plus, pour ne pas se précipiter pour dire oui à l'invitation. Surtout que je ne te vois pas sortir un couteau ou un révolver et le tuer devant tous les invités. Le meilleur moyen de moisir le restant de ta vie en prison ou pire encore. Et avec ça, il doit avoir aussi des gardes du corps. Hier, on a eu droit à une version de ses gorilles.

- De toute façon, avant d'en finir avec lui, je veux savoir pourquoi il les a tués.

- Ton père était un de ses comptables, il a dû trouver quelque chose de pas clair dans ses affaires.

- C'est sûr, dis-je pensivement.

C'était la seule explication qui m'était venue à l'esprit et que j'avais partagée avec Léa. Mais j'avais envie d'en connaitre plus. De connaitre le fin mot, ce que la justice appelle le mobile.

- T'inquiète pas, je ne le tuerai pas ce samedi. J'ai encore trop de questions en suspens, et, avant, je veux lui faire mal autant qu'il m'a fait, le faire payer.

- Dans ce cas, commençons aujourd'hui, dit-elle en me tendant la carte de crédit.

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant