Chapitre 19

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A peine mon sac posé devant la porte d'entrée, que raisonne la voix de Léa.

- Hello Darling, comment était ton entrainement ?

- Hello, chérie. Rien de bien particulier, mentis-je.

- Ha vraiment ? dit-elle suspicieuse en allant à ma rencontre. « Et cette marque au coin de la bouche me dit le contraire » ajoute-t-elle en posant la main sur ma joue. « Tu ne m'avais pas dit que c'était juste un entrainement de remise en forme. Et là, je vois que tu t'es battue ».

- Toujours aussi observatrice.

- Il faudrait être aveugle pour ne pas voir cette coupure à la lèvre et les bleus à côté. Tu as fait un match revanche contre Killer-Bob ?

- Ce n'est pas Killer-Bob mais Killer-Boy son som.

- On s'en fout des surnoms qu'ils s'attribuent pour gonfler leurs égos de mâles dominants. C'est-lui alors ? insiste-t-elle.

- Non, de toute façon, il ne doit pas être encore sorti de l'hosto, ricané-je.

Léa ne sourcille pas à ma remarque et garde le silence pour me faire parler. Elle me connait que trop bien et elle sait que je recours souvent la plaisanterie pour cacher certaines choses. Maligne, elle utilise sa technique imparable consistant à me fixer silencieusement de ses magnifiques yeux pour me faire sortir de mon mutisme.

- Ce n'est pas lui, mais une copine de la blonde, résumé-je bien trop rapidement l'échange que j'ai eu avec Nina et Ingrid à la salle.

- Quelle copine ? Quelle blonde ?

- Tu te souviens du magasin de fringues et de ses deux sous-sols ?

- Oui. Comment oublier que tu m'avais presque arraché mes cheveux en me défonçant sauvagement la chatte ?

- Question sauvagerie, tu n'étais pas en reste avec ta cravache, rétorqué-je avec un sourire. « Et si tu te rappelles, nous avons croisé une grande blonde avec un vieux à ses pieds ».

- Ha, c'est elle ! Fuck ! s'exclame-t-elle. « Et qu'est-ce qu'elle faisait à la salle de boxe, ce n'est pourtant pas un EPHAD » ajoute-elle d'un ton amusé et curieux. 

- Je ne sais pas trop. Je l'ai vue discuter un moment avec Tony et ensuite elle est venue me voir.

- Elle voulait se battre avec toi ? C'est elle qui t'a fait ça ?

- Si tu veux bien attendre un peu. Installe-toi sur le canapé et je te raconte tout. J'ai un peu faim et on sera mieux pour parler que dans l'entrée.

- OK, ok. Tu as raison, vas manger un morceau. Désolée, mais je suis trop curieuse d'avoir toute l'histoire.

Ouf, cela me laisse un peu de temps pour prendre un truc, mon ventre réclame sa ration protéinée et glucidique. Et, autre avantage, cela m'offre aussi quelques minutes pour revoir un peu la version de l'histoire que je vais lui raconter. Je ne voudrais pas qu'elle soit jalouse sans raison, sinon je suis sûre de vivre une semaine infernale.

Après m'être servie une large ration de fromage blanc et avoir pris deux bananes et un soda énergétique dans le réfrigérateur, je rejoins Léa assise devant la télé feignant un semblant intérêt pour une série dont la seule intrigue repose sur la plastique des acteurs.

- Donc qui est cette mystérieuse blonde ? commence-t-elle.

- Ingrid. Et elle connait Jim Shelby.

Léa sursaute en entendant ce nom et se retourne vers moi, les yeux écarquillés et interrogatifs.

- Jim Shelby, le Jim Shelby?

- Je suppose que oui, dis-je en essayant de rester calme. Et Jim Shelby connait aussi très bien Tony. Du moins d'après ce qu'elle m'a dit.

- Fuck ! C'est fou. Tu as toujours été dans sa salle et il t'a entrainée et toi tu n'en savais rien.

- C'est sûr, que j'aurais changé de salle si je l'avais su.

- Mais c'est qui qui t'a fait ça ? insiste-t-elle en pointant ses doigts sur la coupure de ma lèvre.

Sa main se pose sur ma joue et son pouce affleure délicatement la blessure.

Ce contact rappelle celui d'Ingrid, et je ressens de nouveau la même chaleur qui m'avait habitée sur le ring. Léa perçoit mon trouble et continue les frôlements de son doigt sur ma lèvre tuméfiée. Elle m'excite.

Elle s'installe sur mes cuisses et son visage se colle au mien.

- Nina, soufflé-je.

- Et qui est cette fille qui t'a frappée ? interroge-t-elle en me pinçant soudainement la commissure, fragilisant la cicatrisation.

- L'amie d'Ingrid, qui s'entrainait dans la salle. Et je ne suis pas laissée frapper.

- Une amie très très proche, je suppose. Et qui, comme par hasard, se trouvait aussi dans la salle. Et tu as laissé tes habituels sparring-partners pour elle ?

Ses yeux reflètent une sourde colère et le pincement se fait plus fort.

- Tony a su pour mon match samedi et il m'a consignée au fond de la salle à m'entrainer seule. Et c'est là-bas qu'elle se trouvait aussi. Et elle m'a proposée de boxer ensemble, réponds-je en omettant que la proposition de combattre venait de nous deux.

- C'était la première fois que tu la voyais ? dit-elle en accentuant la pression de ses doigts sur la blessure. Je sens une goutte d'un liquide chaud couler sur ma lèvre.

- Oui, affirmé-je en la regardant droit dans les yeux.

La pression se relâche.

- Et elle t'a fait mal ? s'enquiers-t-elle soudainement plus douce.

- Non, pas vraiment. C'est plutôt moi qui lui aie mal.

- Bien mal ? souffle-t-elle, les yeux brillants.

Son bassin ondule sur mes cuisses, son excitation est contagieuse et elle s'infiltre à travers mes pores. Je rejette la tête en arrière, mon torse se cambre, et mes mamelons pointent à travers mon tee-shirt.

- Très mal. Jusqu'au sang. Dis-je, haletante.

Ses mains agrippent brusquement ma tête et la ramène vers elle. Son regard plonge dans le mien pour y chercher les éclats de mon désir. Avec sa langue, Léa lèche les gouttes de sang qui perlent le long de mon menton. A mon tour, j'attire son visage, pour que nos lèvres fusionnent. Ma langue joue avec la sienne et je sens le goût ferrique de mon sang. Une sensation qui exacerbe mes sens.  

Quand la main de Léa glisse sous mon leggings et atteint ma culotte, je sais que la suite de mon récit avec Ingrid et Nina attendra. 

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant