Chapitre 6

3.6K 40 1
                                        

- Je ne peux pas faire grand-chose, Nayda. Il faut mieux aller à l'hôpital.

- Tu as juste à recoudre Léa.

- Et te retrouver avec une cicatrice horrible, je suis juste infirmière pas chirurgienne.

- Ce n'est pas la première fois que tu t'occupes de moi et tu sais si bien le faire, dis-je avec un sourire en coin

- Oui, et j'aime bien m'occuper de toi et aussi le faire en profondeur, réplique-t-elle en me retournant un regard complice. Mais ici, c'est trop crade et tu risquerais une septicémie en te soignant ici.

C'est vrai que les vestiaires situés en dessous de la salle de ring ressemblaient plus à une cave qu'à un spa luxueux. Les murs et sols en béton d'un gris fatigué étaient couverts de graffitis et de traces noires, sans que l'on puisse savoir si c'étaient de la crasse ou du sang séché, ou encore d'excréments de rats. En tout cas, cela sentait fort la moisissure et l'urine.

- Quelques points de tes doigts habiles et on rentre ? l'interrogé-je en prenant sa main gauche dans la mienne.

Les doigts de sa main libre glissèrent le long de ma joue, pour effleurer mes lèvres tuméfiées et la coupure pour descendre le long de mon cou jusqu'au haut de ma poitrine.

Cette délicate caresse me procure une douce chaleur dans le bas du ventre et des frissons parcourent ma peau.

Sa main descend plus bas et Léa tente de la glisser dans ma brassière. Son geste est arrêté par la poche de glace placée sur mon sein gauche, meurtri par les coups de « Killer-Boy », pour en calmer les élancements.

- Je pensai que tu étais plutôt chaude, dit-elle en souriant

- Et pourtant ta caresse les avait durcis. Durs comme de la glace.

- Comme des icebergs. Bien pointus et bien gros. Peut-être que je vais goûter à la glace

- Tu es une vraie gourmande

Notre conservation, si passionnante, s'arrête lorsqu'un bruit inhabituel se fait entendre derrière nous

- Humm, hummm...

Je tourne la tête en direction du toussotement, la main de Léa abandonne son exploration glaciaire de ma brassière.

Trois hommes étaient alignés devant l'entrée du vestiaire, habillés uniformément avec leurs costumes-cravates qui contrastaient avec la salle vétuste et d'une propreté douteuse.

- Désolé de vous déranger, mesdemoiselles, dans l'intimité de ce vestiaire, dit l'homme du milieu. Je me présente ; Jack Morisson.

Des yeux noirs et perçants me fixent derrières des verres fins d'une paire de lunettes surmontant son nez aquilin. Il me fait penser à un rapace ou à un charognard lorgnant sur sa proie ou son déjeuner. Mais je ne suis pas d'humeur à me lancer bouffer.

- Léa ; ma coach et amie. Moi, c'est Nayda.

Lui, il est tellement imbu de sa personne, qu'il ne daigne même pas ces deux acolytes, silencieux et dociles.

- Doublement enchanté. Je travaille directement avec monsieur Jim Shelby, répond-il en marquant une brève pause.

Un frisson me parcourt le dos.

- Monsieur Shelby a fortement apprécié votre combat et votre victoire bien méritée. Et il souhaite faire votre connaissance.

- Il pouvait très bien venir ici, il y a de la place. Plus on est de fous, plus on rit, rétorqué-je par provocation.

Lui aussi, semblait être de glace. Il poursuivit d'une voix égale ;

- Il serait, lui-même, venu vous féliciter personnellement si ses affaires ne l'avaient pas accaparé. C'est un businessman très estimé dans la région et qui dispose malheureusement peu de temps pour lui-même.

Mais assez de temps pour aller voir des combats de boxe clandestins, pensé-je.

- Pour s'en excuser, il tenait à vous offrir les meilleurs soins. Votre victoire a été durement acquise à ce que je vois et il a fait venir son médecin personnel pour vous. Monsieur Edward Parkson. Dit-il en le montrant l'homme sur sa droite.

Le docteur, à la calvitie prometteuse qu'une barbe tentait de compenser sur son visage rond, s'avança d'un pas, une mallette à la main.

- Je n'ai pas besoin d'un médecin, mon amie prend soin de moi et elle est....

- Infirmière. Je ne doute pas qu'elle a toutes les qualités pour prendre bien soin de vous, rétorque-t-il d'un sourire en coin. Mais Monsieur Parkson est docteur et il est spécialisé en traumatologie.

Ils me connaissent et connaissent mon amie. Ils se sont renseignés.

Une sensation désagréable me noue le ventre, chaque muscle de mon corps se contracte instinctivement.

Léa, qui a perçu mon trouble, me pose la main sur l'épaule pour me rassurer et fait un pas de côté pour inviter le médecin-rondouillard-avec-une-sacoche de s'approcher de moi.

- Dans ce cas, monsieur Parkson, je suis à vous, consenté-je

En effet, il connait son travail. Et bien que son haleine soit chargée d'effluves alcoolisées, ces gestes sont précis et minutieux. Je perçois à peine le picotement de l'aiguille entrant dans ma peau pour recoudre l'arcade.

- Je vous laisse dans de bonnes mains, mademoiselle Nayda. Inutile que nous restions plus longtemps, nous ne ferions que gêner. Je vous souhaite une très bonne soirée. Ah, j'oubliais une chose importante ; Monsieur Shelby vous invite à une soirée qu'il organise samedi soir.

Et sans attendre la moindre réponse, il fait demi-tour. Un hochement de tête à l'homme-non-présenté, et ils disparaissent dans le couloir sombre menant vers la sortie.

Et je me dis que le troisième homme méritait bien d'être présenté. Mâchoire carrée, coupe militaire, de larges épaules et le léger renflement de sa veste me faisaient penser que sa profession n'était pas dans le médical mais plutôt dans la protection rapprochée. Mais ce sont yeux bleus, qui n'avait pas cessaient de fixer sur moi, que je souhaitais aussi me rapprocher.

Je ne contrôle plus l'excitation qui me gagne après ces combats, à croire que j'aime ça.

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant