Chapitre 14

1.5K 28 0
                                    

Les lourdes portes de l'ascenseur se referment, derrière nous, emportant avec lui le sympathique et bodybuildé jumeau de Warren.

Autre étage, autre monde ; c'est comme si nous étions descendus dans les oubliettes d'un château fort, mais en moins sinistre et en plus propre.

Serait-ce la reproduction américaine du château du marquis de Sade ? m'interrogé-je. En tout cas, ce n'est pas celui de Disney.

Le long corridor en voute est plongé dans une pénombre seulement contrariée par l'éclairage diffus jaune et rouge d'imitations de torches encastrées dans les murs. Ces derniers sont en pierres grises rugueuses et ils renforcent l'impression de mystère dans lequel nous sommes plongés.

Tout du long, comme pour des geôles, des portes imposantes en bois sombres se font face, elles sont pourvues de larges serrures en ferronnerie noire. Seuls, des voyants lumineux nous rappellent l'époque où nous sommes.

Chacune d'entre-elles donnait l'accès à une large chambre, ou plutôt à un « Donjon » avait indiqué Harry.

« Rouge » pour Occupé et « Vert » pour Libre, nous avait-il précisé.

Comme pour les toilettes avait répondu Léa, sarcastique, en s'esclaffant.

Mais Harry n'avait pas bronché. Sa fascination pour le SM était trop sérieuse pour lui pour s'en moquer.

Il ne s'en cachait pas et en parlait ouvertement comme d'une orientation naturelle. Ce qui ne nous avait nullement gêné, bien au contraire.

Sous ses airs de motard de Village People, Harry avait le don et la psychologie d'un vendeur hors pair, en nous transmettant sa passion.

La carte de Shelby avait « chauffé » comme l'avait prédit mon amie, et nous nous sommes retrouvées avec plusieurs sacs chargés de divers articles, pour essayer dans un premier temps.

Et quoi de mieux que de les essayer qu'en condition réelle avait proposé Harry, nous invitant à le suivre au fameux deuxième sous-sol, seulement accessible aux « amis » de Jim.

Nos talons résonnent sur le sol en ciment ciré, en revanche aucun bruit ne sort de derrière les portes avec le voyant « rouge ». Léa colle même son oreille sur un des battants, et secoue négativement la tête avec la grimace d'une enfant déçue.

En réponse à sa curiosité insatisfaite, je lui souris et poursuis un peu plus loin dans la coursive.

Je m'arrête devant une des pièce « libre ». Avec ses gonds imposants, la porte n'offre aucune résistance quand je la pousse.

Juste derrière moi, mon amie, décidément trop curieuse, me double pour être la première à découvrir l'intérieur.

- Fucking ! s'écrie-t-elle.

L'air est soudainement plus chaud dans le Donjon. Peut-être due à cette cheminée noire factice sur notre droite reproduisant un brasier aux flammes vives ou peut-être à cause de dizaines de bougies ceinturant cette pièce circulaire.

Des tableaux et des estampes japonaises sur les murs rouges offrent aux visiteurs un avant-goût de ce qui les attend dans le Donjon ; peintures érotiques aux variantes BDSM du Kamasutra.

Un large lit à baldaquin, fait en bois noir, y trône au centre. De longues barres d'écartements pour les bras et les jambes sont fixées aux colonnes de l'alcôve.

Des larges miroirs surplombent la couette et offrent à la victime attachée son reflet et celui du dos de son tourmenteur ou de sa tourmenteuse.

Je m'y sens bien, une douce chaleur gagne mon bas ventre.

Je me tourne vers Léa en train de caresser l'embout d'un pilori destiné aux parties génitales ou l'orifice anale de la victime. Sa structure métallique horizontale, munie d'un collier et de menottes contraigne la soumise à une position en levrette.

- Qu'est-ce que tu en dit de cet appareil Nayda ?

- Je pense que tu seras plus active avec ça, lui réponds-je en lui indiquant, à droite du lit, une grande croix en forme de X, légèrement inclinée contre le mur.

- Une croix de saint André

- Te voilà bien experte SM. Est-ce au contact d'Harry que tu as libéré tes chakras ?

- Peut-être ou aussi pour mon intérêt pour l'histoire religieuse.

- C'est nouveau ton intérêt dans la culture. Tu te spécialiserais dans les supplices des chrétiens par hasard ?

Léa abandonne son pilori de contrainte et s'avance vers moi. Tout comme moi, l'ambiance érotique du lieu envahit nos sens.

- La théorie m'ennuie. Ne voudrais-tu pas passer à la pratique et être ma martyre ?

Ses yeux brillent d'un éclat particulier, et une moue si significative se dessine sur ses lèvres.

- Il est bien difficile de te refuser quoi que ce soit. Surtout quand tu me promets de si délicieuses tortures.

- Dans ce cas, allons-nous changer, dit-elle en indiquant deux portes derrière le lit.

- Que vas-tu mettre ? demandé-je en montrant nos paquets

- Cela sera la surprise. Et surprends-moi toi aussi, me souffle-t-elle.

Pour toute réponse, nos lèvres et nos corps entiers s'étreignent avec force.

Sans bruit, la porte capitonnée du Donjon se referme automatiquement.

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant